Arrivé dans l’après-midi d’avant-hier dans la daïra des Ouadhias, de retour de Boghni, le wali de Tizi-Ouzou, M. Brahim Merad, accompagné d’une forte délégation composée des directeurs de plusieurs secteurs, de deux parlementaires à savoir Tayeb Mokadem et Said Lakhdari, des deux chefs de daïras et des maires, a effectué une visite d’inspection dans la région pour s’enquérir de l’état des lieux de ces collectivités et l’avancement des travaux de plusieurs projets structurants accordés à la daïra.
Une virée a été effectuée dans plusieurs villages ainsi qu’à l’hôpital de 60 lits extensibles dont les travaux sont en cours. Là le wali a exprimé sa satisfaction quant à l’avancement du projet qui pourra sûrement faire face à la demande exprimée par un bassin de la population qui dépasse largement les 80 000 âmes. «C’est un chef d’œuvre qui va sûrement permettre de désengorger le CHU Nedir Mohamed et qui va assurer une couverture sanitaire optimale pour toute une région», a affirmé M. Merad, avant de s’adresser aux propriétaires du terrain qui accueille le projet : «Je remercie la famille Ouerdane», a-t-il simplement lancé. Le village historique d’Ath El Kaid, classé patrimoine national, a été également la destination de M. Merad. Des orientations ainsi que des consignes ont été données au premier responsable du secteur de la culture, en vue d’effectuer les travaux de restauration de ce site dont les maisons sont dans leur majorité en ruine. «Il faut lancer les travaux de réhabilitation dans le but de sauvegarder ce joli site», a-t-il demandé. A Ath Bouaddou, le wali s’est rendu à l’école des trisomiques 21 et au stade communal. Au village Ighil Imoula, relevant de la commune de Tizi N’Tleta, la délégation a visité le musée et y a rendu hommage aux Novembristes.
Un état des lieux chaotique
Lors d’une rencontre avec la société civile qu’a abritée la salle de cinéma au chef-lieu des Ouadhias, des membres de comités et d’associations de plusieurs villages ont brossé un tableau noir concernant le taux de développement des localités. Le manque d’eau potable, l’absence de gaz de ville, l’état lamentable du réseau routier, le manque de pistes, l’absence de bureaux de poste, des unités de soins et des écoles primaires en piètre état sont les problèmes qui ont été soulevés par les représentants des villages. «Il y a un retard énorme dans les travaux de réalisation des projets. Certains n’ont malheureusement même pas vu le jour et le citoyen est seul à payer les conséquences», ont dénoncé certains intervenants. Pour d’autres, les responsables locaux doivent faire leur travail en vue de booster le développement local et permettre une vie décente aux habitants. A Ouadhias, un intervenant a qualifié la commune mère « d’orpheline » puisqu’elle est dépourvue d’un siège digne de ce nom et n’a ni service de domaine ni celui du contrôle médical… Dans la commune de Tizi N’Tleta, les intervenants ont évoqué le manque de subventions pour les associations : «Depuis 2012, le club de judo est asphyxié financièrement. Les autorités locales doivent subventionner le club et l’encourager, notamment après les succès enregistrés aux niveaux national et international». Le représentant de l’association JST a demandé l’inscription d’une salle omnisports. Au village d’Aït Abdelmoumene, un membre du comité de village a soulevé une myriade de lacunes et d’insuffisances. Il citera, entre autres, le problème des décharges sauvages : «Notre village est très sale, envahi qu’il est de décharges sauvages». D’autres insuffisances ont été signalées comme le manque d’eau potable notamment durant la période des grandes chaleurs, la fermeture du bureau de poste, les lenteurs administratives en ce qui concerne les aides à l’auto construction, la salle de soins qui se trouve dans un état de dégradation avancé. A Ath Bouaddou, les revendications ont été axées sur la jeunesse, l’électrification de certains quartiers et le raccordement des écoles primaires au réseau de gaz de ville… Ce furent pratiquement les mêmes réclamations dans tous les villages de cette région des Ouadhias.
En réponse aux questions des représentants de la société civile, le wali de Tizi-Ouzou a mis en avant la priorité de la sécurité des personnes et de leurs biens : «Il n’y aura pas de développement si la sécurité ne revient pas», a-t-il martelé. «La sécurité est l’affaire de tous. Nous avons des groupes de l’ANP, de la Gendarmerie et de la Police auxquels je rends un vibrant hommage pour tout le travail qu’ils accomplissent jour et nuit pour neutraliser les résidus terroristes qui font leur apparition ici et là dans la wilaya de Tizi-Ouzou», a-t-il souligné. L’hôte des Ouadhias rappellera que plusieurs casemates, certaines contenant des stocks de médicaments de vivres et de literie, ont été détruites par les services de sécurité. Il ajoutera : «Il faut que tout le monde mette la main dans la pâte pour éradiquer les terroristes». Pour ce faire, le wali se dira pour le retour de la Gendarmerie qui a disparu de plusieurs endroits de la wilaya de Tizi-Ouzou : «Pas moins de 67 % de la superficie de la wilaya de Tizi-Ouzou ne sont pas couverts en terme de sécurité. La police a tenté en l’absence de la gendarmerie de combler le vide mais cela s’avère insuffisant». Pour cela, M. Merad Brahim, en sa qualité de représentant de l’Etat, propose «l’installation d’unités de la gendarmerie là où il y a possibilité même avant l’achèvement des brigades, pour parer au problème d’insécurité», a-t-il suggéré. Pour l’heure, ajoutera le wali, «des efforts non négligeables ont été consentis et l’Etat ne ménage aucun effort pour éradiquer définitivement le terrorisme». Par ailleurs, M. Merad a fait un long exposé de sa stratégie pour la mise à niveau des structures et des établissements publics : «Nous allons œuvrer, ensemble, société civile, élus et administration pour le bien-être de nos concitoyens. Vos doléances ont été entendues et nous allons agir pour résoudre vos problèmes», a enfin promis le wali.
A.G