L’Aarch Imelahen, situé au Sud-est du chef-lieu de wilaya de Bouira à la limite avec celle de Msila, est composé de sept villages.
Le plus ancien bourg est dénommé «Taderth oumarigh» (le village du sel) dont le nom d’origine est «amerghan» avant d’être rebaptisé thamelaht (el melh, sel en arabe), les six autres villages sont Ighzer Oumeziav, Ighil Nait Rayou, Ighil Nait Aameur, Tikesrai, lvur lmal et enfin Tameziavt. Imalahen compte une population actuelle de 7 000 âmes, son territoire s’étend sur le versant Nord de la chaine montagneuse du Chréa à partir des gorges des Bibans à l’Est jusqu’aux deux hauts monticules de M’laoua à l’Ouest dénommés «Thachwin nemlaoua» et ce, à cause de leur topographie sous forme de cornes. Un territoire extrêmement escarpé composé de cavernes, grottes et autres tunnels souterrains, d’où son choix par les maquisards qui l’ont transformé en refuge et lieu de repos et même d’hôpital pour les blessés, et qui l’ont occupé dès les premières heures du déclenchement de la guerre de libération. Des lieux où ce sont déroulés de violents accrochages avec les militaires Français dont les célèbres batailles de Tameziavt, où un avion de chasse à réaction de la 8ème armée a été abattu par les maquisards en 1957, à proximité de Taferkut. Durant la même année, une autre bataille des plus célèbres, est celle qui s’est déroulée à Ighzer Oumeziav où les forces coloniales ont subi d’énormes pertes mais aussi du côté des fidayes, l’ont a décompté pas moins de 60 martyrs tombés au champ d’honneur. L’aarch Imelahen a donné ses meilleurs fils qui se sont sacrifiés pour se débarrasser du joug colonial. Il en compte pas moins de 107 martyrs dont la célèbre Ainouche H’djila, tombée au champ d’honneur, du côté d’Oued El Berdi, les armes à la main. Toutes les tentatives des forces coloniales à les déloger échouèrent et quand l’armée de terre entame un mouvement de ratissage, elle subit d’énormes pertes que lui infligent les maquisards qui la repoussent facilement grâce au terrain accidenté et les lieux stratégiques inaccessibles qui offrent des positions imprenables. Les bombardements aériens aussi ont été tenus en échec grâce aux cavernes et grottes qui s’enfoncent dans les entrailles de cette chaine de montagne rocheuse. D’où le recours à l’isolement des combattants de l’ALN par la destruction des villages et l’évacuation des habitants qui ont été regroupés dans des camps de concentration tel que les quatre premiers villages, Tadert rasé en 1956, Ighil Nath Rayou Tameziav et Ighil Nait Ameur en 1958. Les habitants ont été orientés sur celui d’Ath ekser en 1957, et Tiksrai détruit en 1959 et ses villageois parqués dans le centre de regroupement d’El Adjiba. En 1959, la plupart des citoyens de l’Aarch Imelahen ont été de nouveau, évacués vers le sinistre camp de concentration dénommé «la gare» et celui d’El Adjiba où ils furent entourés de barbelé et soumis à un contrôle quotidien rigoureux. Après l’indépendance, ils commencèrent à regagner leurs anciens villages et reprendre le travail de la terre semi-aride.
Mais la présence des gisements de sel dans ces bourgs a rendu toute activité agricole impossible, -l’eau des sources hydriques étant salée-. Par conséquent, les habitants se sont retournés vers l’élevage notamment de caprin, et à un moindre degré l’exploitation de ce gisement du sel.
Une activité qui a connu son déclin à partir des années 1970 pour disparaître totalement au jour d’aujourd’hui, ce qui explique le départ massif des jeunes de ces villages vers les villes et aussi vers l’Europe à la recherche de travail. Bien qu’occupés depuis les premières années de l’indépendance, ces villages martyrs ont bénéficié de peu de moyens de développement ajouté à l’insécurité depuis l’avènement du terrorisme et les hordes de sanguinaires qui ont écumé cette région dès les débuts des années 1990, qui est aussi à l’origine d’un départ massif des villageois vers des zones sécurisées qui sont les anciens camps de concentration et ce, malgré l’installation de postes avancés de militaires et de détachements de la garde communale. La région de Tamelaht est à présent l’une des plus précaires de la daïra de M’Chedallah.
Oulaid Soualah