Lors de son périple à travers les daïras de Maâtkas et d’Ath Douala, le wali de Tizi-Ouzou, M. Merad Brahim, et l’importante délégation qui l’a accompagné auront sûrement remarqué l’état des lieux catastrophique prévalant dans ces deux daïras du sud de la wilaya.
Le wali a visité les six communes composant ces deux daïras. Tôt dans la matinée de mercredi dernier, il a visité le double chef-lieu de daïra et de commune de Maâtkas, où il a justement inspecté le chantier portant extension du siège de l’APC. Un chantier qui vient juste d’être lancé. Poursuivant son périple à Souk El Tenine, M. Merad inspecte le chantier de la bibliothèque communale. Un projet inscrit depuis 2007 et dont les travaux n’ont été lancés qu’il y a deux années de cela. Pour rappel, ce projet prévu au parc communal, tout prêt du siège de l’APC, a été délocalisé vers la cité Garage, à la périphérie du chef-lieu et tout prêt du village de Tighilt Mahmoud, par l’actuel exécutif à majorité RCD. Toutefois, les travaux sont au stade de gros œuvres. M. Hemmar, membre fondateur du mouvement sportif, saisira l’occasion pour interpeller le wali sur l’absence d’infrastructures sportives au niveau de toute la daïra. «Nous comptons trois clubs de football évoluant dans le championnat de wilaya et nous ne disposons d’aucun stade», dira-t-il. Poursuivant son voyage, le wali se rend à la commune d’Ath Zmenzer, relevant de la daïra des Ath Douala, où il inspectera le chantier de la sûreté urbaine. À Ath Aïssi, une autre commune d’Ath Douala, M. Mérad verra le chantier de la transformation du centre de santé en polyclinique. À quelques kilomètres de là c’est-à-dire à Ath Mahmoud, une municipalité faisant partie de la même circonscription administrative, l’hôte visitera le chantier du stade communal et enfin de retour au chef-lieu de commune et de daïra, le premier magistrat de la wilaya achèvera sa visite par le chantier du nouveau siège de l’APC qui est toujours au stade de gros œuvres. En somme, tous les chantiers ont été visités à l’exception de l’extension du siège de l’APC de Maâtkas qui accuse un retard criant. Le wali a, bien entendu, donné des instructions et des conseils pour accélérer la cadence des travaux et récupérer le temps perdu. Après la pause-déjeuner, le wali et son exécutif ont organisé dans l’enceinte de la salle des fêtes sise au chef-lieu d’Ath Douala, une rencontre avec la société civile des Ath Douala et de Maâtkas. Avant d’entrer dans la salle, le wali et sa délégation ont été surpris par un groupe d’élus des APC d’Ath Zmenzer et des Ath Douala.
«Halte au mépris des élus !»
Un groupe d’élus des deux APC d’Ath Douala et d’Ath Zmenzer ont tenté de retenir l’attention du wali sur le cas de leurs deux APC bloquées depuis plusieurs mois. Une déclaration a été d’ailleurs, distribuée à la presse présente en force pour couvrir l’événement. Dans leur déclaration, les élus de l’opposition de l’APC d’Ath Douala écrivent : «Nous dénonçons énergiquement et crions haut et fort notre indignation quant aux pratiques irresponsables du maire et de son cartel. Le maire s’entête à mener le bateau vers le naufrage. Notre commune est devenue une propriété privée, puisqu’elle est au service du maire et de ses ténors qui font dans la gestion opaque, le favoritisme, le clientélisme». Plus loin dans la déclaration, les rédacteurs notent : «Nous avons à maintes reprises attiré l’attention de la tutelle et une demande d’audience a été déposée, mais nous n’avons eu droit qu’à la sourde oreille, ce qui est une volonté déguisée pour mettre à genou notre commune». Les élus protestataires demandent en fin aux citoyens et aux acteurs de la société civile de s’impliquer activement «pour barrer la route à l’aventurisme». Les élus de l’opposition des Ath Zmenzer ont également participé à cette action, pour attirer l’attention du wali afin qu’il agisse pour mettre un terme au blocage que connait leur commune depuis des mois. Après plusieurs minutes de chahut, le wali et son exécutif ainsi que les représentants des villageois ont pu rejoindre la salle. L’hymne national diffusé à grandes décibels, le premier magistrat de la wilaya pouvait prendre enfin la parole : «Notre plan consiste à visiter les 67 communes et les 21 daïras que compte notre wilaya. 15 daïras ont été déjà visitées. Notre souci est de connaître l’état des lieux et établir un constat fiable, pour pouvoir agir en conséquence, dans le cadre des moyens et mécanismes disponibles et ce dans le but d’améliorer le cadre de vie du citoyen au niveau de tout le territoire de notre wilaya». M. Brahim Mérad se lancera dans un discours fleuve, ressemblant à un cours d’histoire. Il soulignera d’un trait gras l’importance de la stabilité et la sécurité pour assurer le développement. Il a été ensuite décidé de donner la parole aux représentants de la société civile (3 intervenants par commune).
Les six intervenants de la daïra de Maâtkas (Souk El Khemis et Souk El Tenine) n’ont pas manqué de tirer la sonnette d’alarme. Leurs doléances sont nombreuses et concernent tous les secteurs, dont voici une synthèse. En plus de la demande pressante de la réalisation d’une unité de la BMPJ et d’une unité de la Protection civile, dont les assiettes sont disponibles, les intervenants ont axé leurs intervention sur l’alimentation en eau potable, l’assainissement, la mise en service du réseau du gaz naturel à la traine depuis 5 ans, la dotation de la daïra en structures de base, la réhabilitation des chemins de wilaya et communaux, la généralisation de la fibre optique, la construction de logements sociaux, la multiplication des aides à l’habitat rural, la réalisation d’un stade communal, d’une salle omnisport, l’ouverture d’une voie express via la forêt d’Amejoudh vers Souk El Tenine pour désengorger six communes, l’ouverture de l’autre voie Souk El Tenine vers Oued Falli et la réhabilitation du chemin de fer de Draâ Ben Khedda vers Boghni en passant par Maâtkas. L’accent a été mis également sur le projet de l’hôpital qui est à présent gelé. Le collectif des associations de la commune de Maâtkas ont aussi soulevé une plateforme de revendications, où ils réclament des foyers de jeunes et une maison de jeunes, un complexe sportif, un musée de la poterie et de l’artisanat, la réhabilitation des écoles primaires et du CEM Fekrane, le renforcement du ramassage scolaire. Rappelons que lors de son intervention, le représentant de la coordination de la daïra de Maâtkas déplorera : «Notre daïra, qui a donné hier à la patrie plus de 650 chouhada, mérite un retour d’ascenseur. Le seul record que nous détenons est malheureusement celui relatif au taux de raccordement au gaz naturel qui est de… 0%». Signalons qu’au niveau de la commune de Souk El Tenine, un groupe de citoyens de l’arch de Sidi Ali Moussa, le plus important de la commune, et le président du comité de village de Fekrane, nous ont joint par téléphone pour dénoncer le fait qu’ils soient privés de participer à la rencontre avec le wali.
«Non à l’exclusion et à la marginalisation !»
M. Ousmail Boualem, président du comité de village de Fekrane, râlera au téléphone : «Nous dénonçons de vive voix les manœuvres politiciennes de l’exécutif communal de Souk El Tenine à majorité RCD, qui a tout fait pour nous exclure de prendre la parole devant le premier magistrat de la wilaya. Ces basses manœuvres d’un autre âge, nous ont privés de transmettre les vraies préoccupations des citoyens de Souk El Tenine. Ceux qui ont été choisis pour prendre la parole ne représentent pas la société civile de Souk El Tenine. Leur atout est simplement d’être proche du RCD, ce qui fait l’affaire de l’exécutif communal issu du même parti. Toutefois, le wali doit savoir que dans notre daïra, nous n’avons rien du tout (gaz naturel, banque, assurance, recette des impôts, hôpital, stade, BMPJ, protection civile…). L’APC sortante a pourtant mis en route un plan de sortie du sous développement, mais l’actuelle équipe n’en fait rien. Notre daïra forte de 56 km2 et de plus de 50 000 habitants a droit de recevoir exclusivement le wali». Le porte parole du groupe des villageois de Sidi Ali Moussa regrettera : «L’information relative à la visite du wali n’a pas été diffusée à temps, les vrais représentants de la société civile ont été écartés. L’association religieuse de Souk El Tenine et de Sidi Ali Moussa n’ont pas été invitées. Les associations Thighri N Ilmezyen de Aït Amar et Tadwirt également. Notre groupe entend déposer une demande d’audience au wali pour lui faire part de nos revendications, car la coordination concoctée par l’exécutif communal ne représente pas grand monde hormis ceux proches du RCD».
Les Ath Douala soulèvent une panoplie de doléances
Les représentants des villageois des quatre communes de Béni Douala ont, eux également, soulevé plusieurs doléances à l’instar de ceux de la daïra de Maâtkas. M. Hamidi d’Aït Mesbah réclamera l’achèvement de la 2e tranche des travaux de raccordement au gaz naturel et ceux de l’assainissement et le revêtement des axes routiers. Les deux autres intervenants demanderont la construction d’une salle omnisport et la concrétisation des PPDRI. Les représentants des villageois d’Aït Mahmoud mettront l’accent sur la réalisation d’un CET, le remplacement des câbles électriques dénudés par le torsadé la fibre optique, la réhabilitation des monuments de chouhada, la réalisation de bassin de décantation et la réalisation d’un stade à Tagmount Azzouz. À Taourirt Moussa, le village des 70 martyres, le représentant signalera que tout a été fait par les villageois à commencer par l’ouverture des routes, la construction de l’école, l’aménagement du cimetière et le réseau de l’AEP. Le représentant des Ath Khelfoun regrettera : «Notre village se trouve à 100 mètres du barrage de Taksebt, mais la pénurie d’eau nous malmène depuis toujours». Le secrétaire général de l’association Assirem de la commune d’Ath Zmenzer fera remarquer que les problèmes de sa commune sont les mêmes que ceux des autres communes, mais il insistera surtout sur l’insécurité qui prévaut au chef-lieu du fait de l’absence d’un corps de sécurité. Les représentants d’Aït Aissi demanderont la réalisation d’une polyclinique, d’un centre de formation et surtout la réalisation de station d’épuration pour éviter la pollution du barrage de Taksebt. «Nous n’avons pas un barrage d’eau mais une véritable fosse perdue. Il faut également sécuriser le barrage qui devient une zone dangereuse qui enregistre plusieurs accidents», diront-ils. Face à toutes ces doléances, le wali répondra longuement. Pour terminer, il demandera aux P/APC et aux directeurs de son exécutif de retrousser les manches et d’inclure les doléances soulevées dans leurs programmes. «Nous allons parer au plus urgents avec les moyens disponibles et les mécanismes existants. L’amélioration du cadre de vie de la population est notre première préoccupation, c’est même un impératif. Nous allons agir en vue de redresser la pente progressivement pour améliorer le niveau de vie de la population», conclura-t-il.
Hocine Taib.