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Ces chanteurs étrangers qui ont adopté la chanson kabyle

Par S. Ait Hamouda

Stina, Uli Rohd, Cadry et bien d’autres. Des chanteurs originaires de Finlande, d’Allemagne et de Guinée qui ont opté pour la chanson kabyle. Depuis quelques temps, en effet, des chanteurs du monde entier se sont mis à reprendre des succès de Lounès Matoub, de Lounis Aït Menguellet ou encore de Idir. On peut se poser la question de l’attraction qu’a exercée la chanson kabyle sur ces chanteurs. Parmi celles qui ont réellement impressionné le public kabyle, en particulier et algérien en général, c’est incontestablement la chanteuse finlandaise Stina. La jeune fille de 24 ans reprend merveilleusement les chansons des grands noms de la chanson kabyle. Elle a effectué une tournée en Kabylie et est passée dans plusieurs émissions de la télévision algérienne. Interrogée sur sa passion pour la chanson kabyle, elle raconte avoir découvert cela dans un café d’Helsinki, où elle a entendu de jeunes algériens chanter Idir. Alors, elle est tombée sous le charme. Depuis, elle reprend des chansons, y compris des plus difficiles, et se met à apprendre le kabyle pour composer ses propres chansons. Mais le premier chanteur qui s’est fait connaître avec la chanson kabyle et le Guinéen Cadry. Ce dernier a repris des chansons de Lounès Matoub. Ses vidéos ont constitué une véritable attraction pour les fans du chantre de la musique kabyle. Des célébrités internationales ont également chanté en kabyle. C’est le cas de Maxime le Forestier qui a interprété un titre “Tizi-Ouzou se lève” avec le défunt Brahim Izri et Idir. De grands chanteurs, à l’image de Charles Aznavour, s’apprêtent à le faire en compagnie de Idir. Qui est Stina ? Laissons-la se présenter. «Je ne parle pas kabyle même si j’ai appris beaucoup de mots. J’adore la musique de cette région et je travaille en ce moment pour créer ma première chanson kabyle. Je me suis inspirée des mélodies d’Idir, Taos Amrouche, Groupe Djurdjura et d’autres chanteurs Kabyles que je salue», dira-t-elle. Stina, née à Helsinki en 1986, est une pianiste et chanteuse finlandaise. Elle chante en kabyle et finnois, en mêlant les styles nordiques et la musique kabyle. Elle est connue grâce à ses interprétations des meilleurs chefs d’œuvres de la chanson kabyle. Issue d’une famille de musiciens, Stina a eu la chance de côtoyer la musique depuis sa naissance. Elle est l’arrière petite fille de la chanteuse de l’opéra finlandaise, Ellen Malmberg, et nièce du grand compositeur de la musique classique finlandais, Olavi Pesonen. Stina a été inscrite à l’opéra dès l’âge de six ans. Elle raconte sur son site web que sa maman lui avait offert un violoncelle qu’elle avait jeté au mur, car elle voulait faire du piano. Elle entre au conservatoire de la musique de Riihimäki, avec ses deux frères. Elle y fait ses études jusqu’à ses quinze ans. Elle étudie surtout la flûte, le piano, la clarinette et le chant choral. Elle continue ses études à l’Académie Sibelius de Helsinki. Stina jouait au piano et s’occupait de la musique classique, avant de débuter avec la chanson kabyle. Elle raconte dans sa biographie, qu’elle avait beaucoup joué à la musique classique et chanté en allemand, italien et en français. Elle dit que son style préféré est l’opéra, mais elle écoutait et chantait parfois des différents styles, comme par exemple la musique contemporaine populaire finlandaise ou le rock. En parlant des musiques du monde, elle dit que la musique kabyle est celle qui l’a attirée et marquée le plus. Son début dans la chanson kabyle était dû au hasard. Dans une interview sur Canal Algérie, elle raconte qu’elle avait entendu à Helsinki des Kabyles chanter dans un café et elle s’est approchée d’eux pour s’informer un peu plus sur la musique et la culture kabyles. Elle avait écouté au début quelques chansons de Taos Amrouche, du groupe Djurdjura et de Idir. Elle ajoute qu’elle était tombée sous le charme de leurs mélodies simples et très belles. En 2015, elle entame une série de concerts qui a débuté à Helsinki, en passant par Paris où elle était l’invitée d’Ali Amran à l’Alhambra avant d’atterrir à Alger et Béjaïa pour participer au Festival culturel européen. Elle a représenté son pays natal la Finlande. Ensuite, elle poursuit sur scène à Tigzirt, dans la wilaya de Tizi-Ouzou, le 23 mai 2015. Invitée par la radio locale, elle chante aux portes de la ville devant des milliers de spectateurs qui ont repris ses chants tout au long du spectacle. Stina a interprété les chansons de Slimane Azem «Ad zzi Ssaa», reprise par le groupe Djurdjura et Sidi Bemol, les chansons d’Aït Menguellet comme «Telt yem», «Tella» de Djamel Allam, «Izriw» d’El Anka reprise par Matoub Lounes, «Yemma tedda hafi» du groupe Tagrawla, «Lemhibba-k» de Brahim Tayeb, «Al xir inu» et «Amedyaz» de Idir. En janvier dernier, elle avait interprété quelques chansons dont un duo avec Ali Amran «A bu lehmum» sur le plateau de l’émission Studio Live, réalisée par Farid Benmoussa et diffusée par toutes les chaînes nationales algériennes. Elle a interprété aussi pendant sa tournée, une chanson finlandaise en kabyle. Stina a, par ailleurs, participé le 20 septembre 2015, au Festival international des musiques berbères et au FIMBA 2015 qui s’est déroulé au parc floral de Paris et organisé par BRTV, en partenariat avec la mairie de Paris. Depuis sa découverte par le public algérien, Stina apparait comme une des voix qui rappelle beaucoup celle de la cantatrice kabyle, Taos Amrouche. Lors d’une interview au cours de laquelle une journaliste de la télévision lui demande quels sont ses projets, la chanteuse répond qu’elle prépare ses propres chansons en kabyle, mais aussi souhaite revisiter le répertoire de Taos Amrouche. Le succès de Stina sur les réseaux sociaux lui a valu une couverture médiatique assez large lors du Festival culturel européen en Algérie, qui s’est déroulé dans 5 wilayas du 10 au 25 mai 2015. Elle était attendue depuis plusieurs mois à Alger. Stina a été présentée par plusieurs médias, comme la star du sixième Festival culturel européen. Sa présence a suscité un grand enthousiasme chez les spectateurs algériens. Elle était l’invitée de BRTV à Paris, de Canal Algérie et Dzair TV à Alger et de plusieurs journaux et radios nationales, dont la chaine 3, la chaine 2 la chaine 1 et la radio Tizi-Ouzou.

Qui est Stina ?

«Je suis Finlandaise, étudiante et j’habite à Helsinki. Je suis issue d’une famille de musiciens et moi même j’ai suivi mes études au conservatoire de la musique de Helsinki et à l’Académie Sibélius. J’avais 5 ans quand mes parents m’avaient offert un violoncelle, mais je l’avais jetée contre un mur (rire). J’étais intéressée plus par le piano qui était devenu pour moi un langage que j’avais appris à parler. Je me rendais à l’opéra depuis l’âge de 9 ans, et c’est là que j’avais découvert ma vraie passion. Avant de rejoindre le conservatoire, je chantais en famille à la maison et je chantais plutôt la musique classique. Voilà pour mes débuts dans la musique. Mon style préféré est l’opéra, mais j’écoute et je chante parfois différents styles, comme par exemple la musique contemporaine populaire finlandaise ou le rock. Si on parle des musiques du monde, je citerai absolument la musique kabyle, c’est celle qui m’a attirée et marquée le plus», dira-t-élle. Interrogée sur ses projets, elle répond : «Pour le moment, je me concentre sur les études. De temps en temps, j’écris des textes qu’on me traduit en kabyle même si ce n’est pas facile parfois, mais j’y vais doucement. J’attends moi même le jour où je composerais ma première chanson kabyle et mon vrai projet reste un album bien sûr avec une musique un peu combinée et une prononciation beaucoup mieux améliorée. Je ferai de mon mieux pour apporter quelque chose de plus à la chanson kabyle et j’espère que je parviendrai à m’occuper un peu plus de la musique à l’avenir». La culture kabyle est très riche et dans son répertoire existe de vieilles chansons très belles qu’il faut faire redécouvrir aux nouvelles générations kabyles, et à tous les Algériens et les Imazighen de l’Afrique du nord et ceux qui s’intéressent à la musique kabyle dans le monde. On est, du reste, toujours ébloui par ses artistes qui chantent en kabyle, par delà les difficultés de phonétique et de prononciation qu’ils rencontrent parfois. Cependant, Stena demeure celle qui maîtrise le mieux le kabyle dans les registres vocaux les plus difficiles.

S.A.H

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