La daïra de Maâtkas, sise à 20 kilomètres au sud du chef-lieu de la wilaya de Tizi-Ouzou, compte deux communes, à savoir Mâatkas et Souk El Tenine, totalisant plus de 50 000 habitants répartis sur une soixantaine de villages et hameaux.
Cette région qui a donné à la patrie plus de 650 chahids lors de la glorieuse révolution de novembre, accuse un retard criant dans différents secteurs. Dans cette belle région, chef-d’œuvre de dame nature, car les hommes n’ont pas fait grand-chose, le sous développement malmène toute la population. À commencer par l’insécurité qui martyrise les citoyens. Les actes terroristes et les kidnappings sont légion. D’ailleurs, la localité a été qualifiée comme la capitale du kidnapping. Les vols et les pratiques illicites sont des pratiques qui tendent à se normaliser. À Souk El Tenine, à titre illustratif, les commerçants ne quittent jamais leurs commerces. Ils y passent la nuit pour défendre leurs biens. Les cambriolages de nuit sont courants. Les citoyens des villages ne se rendent même pas aux veillées funèbres, de peur d’être visités par les malfrats. L’anarchie et le désordre au niveau du chef-lieu de Souk El Tenine, notamment, sont devenus un comportement toléré. Dans cette commune, il faut signaler qu’aucun corps de sécurité n’est disponible. La population et les autorités locales, malgré leur cri de détresse, ne sont jamais parvenues à décrocher un projet dans ce sens. D’ailleurs, lors de la visite du wali de Tizi-Ouzou à travers la daïra, la coordination des comités de villages a réitéré sa demande de réalisation d’une brigade de BMPJ au niveau de Souk El Tenine. Ils ont également demandé l’inscription d’un projet d’une unité de la Protection civile. «À chaque accident de la circulation ou un feu de forêt, nous sommes obligés d’attendre les unités de Draâ Ben Khedda ou des Ouadhias. L’éloignement fait que lorsqu’ils arrivent, le mal est déjà fait et ne font souvent que constater les dégâts. Avec l’arrivée prochaine de gaz naturel, il y aura forcément des accidents, nous avons donc besoin d’une unité de la Protection civile au niveau de notre daïra», dira un notable de Maâtkas.
Couverture sanitaire insuffisante
La couverture sanitaire à travers les deux communes est des plus insuffisantes. La polyclinique de Souk El Tenine, sous équipée, n’arrive pas à garantir des soins efficients aux malades. Le centre de santé sis au chef-lieu de Maâtkas, ne fonctionnant que de jour, ne répond pas aux attentes des patients. Les quelques unités de soins que l’on peut compter sur les doigts d’une seule main, ne prodiguent que des soins élémentaires. C’est pourquoi qu’il a été décidé d’inscrire un hôpital de 60 lits à l’indicatif de la daïra depuis 2012. L’assiette étant disponible, l’étude réalisée et l’avis d’appel d’offre a été lancé à deux reprises, mais le marché a été déclaré infructueux par deux fois. Maintenant que les prix du pétrole ont sensiblement chuté et les rentrées en devise diminuées, le projet est gelé. Les citoyens de toute la daïra ont exprimé leur requête au wali, à travers la coordination des comités de village, lui demandant de dégeler ce projet et de le lancer dans les meilleurs délais. «Au niveau de notre daïra, les soins gratuits et de proximité sont un leurre. Pour une fois qu’un projet important nous a été enfin inscrit, voilà que l’on nous apprend qu’il est gelé. Nous demandons aux autorités compétentes de faire un effort envers cette région martyre. Le cancer et d’autres maladies font des ravages dans notre région. Nos patients n’ont d’autres solutions que de se lever très tôt pour se rendre à Tizi-Ouzou et ils ne sont jamais sûrs de consulter. Le privé constitue le point de chute des gens aisés qui les déplume. Les pauvres ne se soignent pas et assistent à la dégradation de leur santé. C’est pourquoi nous voulons cet hôpital», dira un citoyen de Fekrane. Signalons qu’au niveau de la daïra de Maâtkas, plusieurs services et structure ne sont pas présentes. Il s’agit du guichet des impôts, d’une agence de l’emploi ANEM, d’une agence ANSEJ, d’une agence CASNOS et aucune banque n’a daigné ouvrir le moindre bureau à travers la circonscription. Les seules agences présentes sont celles d’Algérie poste et de la CNAS. C’est comprendre que les Maâtkis se rendent toujours ailleurs.
Un triste record… 0% taux de pénétration en gaz naturel
À travers les deux communes de Maâtkas, les chemins sont globalement détériorés. Certains demeurent en l’état de piste depuis leur ouverture. Il est vrai que les APC font des efforts pour améliorer l’état du réseau routier, mais les cagnottes des PCD sont tellement légères que les élus communaux ne savent pas où donner de la tête. Pour en connaître l’état du réseau routier, il suffit juste de prendre la route allant de Souk El Tenine vers Berkouka et vers la gare ou la route de Souk El Tenine vers Agouni Bouffal et Aït Izid. À Maâtkas, l’état des lieux est plus catastrophique, car le réseau est plus important. La commune en compte 45 villages et ce n’est pas avec un montant de 2 milliards de centimes des PCD que l’état du réseau s’améliorera. C’est comprendre qu’il faut un véritable plan avec des financements plus conséquents pour redorer le blason du réseau routier. L’autre mal qui malmène la population été comme hiver est l’adduction en eau potable. À Maâtkas et dans certains villages de Souk El Tenine comme Sidi Ali Moussa, l’eau est rationnée à raison de quelques heures par semaine. En été certains villages ne voient couler l’eau dans leurs robinets qu’une fois par mois. D’ailleurs, les villageois protestent à chaque fois par la fermeture de la route, des sièges de communes et de daïra. À ce sujet, la coordination des villageois réclame le règlement du problème de la pénurie de l’eau définitivement. Sur un autre registre, à savoir l’assainissement, la couverture est toujours faible. Les rejets à ciel ouvert et les fosses septiques sont toujours de mises. L’environnement a, d’ailleurs, pris un mauvais coup. Les stations d’épuration et le traitement des eaux n’existent pas. Pour ce qui est du gaz naturel, la daïra détient le triste record au niveau national, puisque le taux est simplement nul. Le gaz n’est pas encore arrivé à Maâtkas. Pourtant le réseau existe, mais à cause d’une opposition au niveau de Souk El Tenine, la mise en gaz attend depuis plus de 5 ans. Dernièrement, la coordination a fermé le siège de daïra pour réclamer l’accélération des travaux. La Sonelgaz et la DMI ont promis une mise en gaz avant la fin de l’année en cours. «Nous espérons que cette fois, ils teindront leur engagement», dira un membre de la coordination. Concernant le réseau de l’électricité le taux est appréciable mais des centaines d’habitations attendent d’être raccordées.
Le secteur du sport et de la jeunesse dans la tourmente
Le secteur du sport est sans nul doute un parent pauvre et comment puisque la daïra compte trois clubs de football (OS Mâatkas, FC Aït Zaim et l’IRB Souk El Tenine), et ne dispose d’aucun stade communal. Les trois clubs jouent toujours en déplacement. Les maigres subventions qu’ils perçoivent et les fonds qu’ils arrivent à collecter chez les sponsors et les bienfaiteurs servent à payer les frais de transport. Un des responsables de l’IRBSET tonnera : «Les autorités locales et ceux de la DJS doivent nous trouver une solution. Les sportifs ont besoin d’un stade au niveau de leur daïra car à ce rythme, nous serons appelés à mettre les clés sous le paillasson et libérer les joueurs». Le président de la section football à l’IRBSET nous déclarera : «Je vais déposer ma démission dans les jours à venir. Personne ne nous aide, cette situation ne peut plus durer». Concernant les autres disciplines, comme les sport d’équipes (handball, basketball et volleyball), il existe une véritable pépinière à la JSC Mâatkas, mais la salle polyvalente est dans un état de vétusté criant. Les arts martiaux se pratiquent dans des taudis. Il n’y a qu’à voir l’état de la salle de la JSCM, une véritable cave sans la moindre commodité et sans aération. Les lieux, tellement pestilent, devraient être fermés. Le secteur de la culture est lui aussi en souffrance, notamment à Souk El Tenine. Ni maison des jeunes ni foyers ni bibliothèque ni salle de cinéma. Le collectif des associations de Maâtkas a lancé à l’adresse du wali lors de sa visite : «L’absence totale d’infrastructures destinées à la jeunesse la laisse sans aucun refuge, l’exposant aux griffes des fléaux et maux sociaux. Nous vous demandons d’agir en vue de mettre en place des foyers de jeunes, de doter la maison des jeunes de moyens et surtout de nous inscrire un complexe sportif et aménager la salle OMS existante. Nous demandons aussi le lancement du projet du musée de poterie inscrit à l’indicatif de la daïra depuis plus de trois ans». En somme, un désert culturel. Les jeunes sont livrés à la rue avec tous les risques encourus. Sachant que les corps de sécurité brillent par leur absence, des centaines de jeunes passent du mauvais côté. Le chômage est galopant car dans cette région, aucune société n’est implantée. Les rares jeunes qui travaillent sont employés dans le bâtiment ou dans le cadre du filet social. C’est dire qu’au niveau de Maâtkas, les manques sont multiples et le retard criant. Les responsables concernés sont appelés à regarder du côté de cette localité.
Hocine T.