L’université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou a été paralysée, dans la journée d’hier, par la forte mobilisation des enseignants chercheurs affiliés au conseil national du supérieur (CNES). Ils ont répondu à l’appel du syndicat pour une première journée de protestation qui se poursuivra encore aujourd’hui avec un sit-in devant le rectorat de l’UMMTO et un sit-in demain devant le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique à Alger. En effet, les enseignants chercheurs de l’UMMTO ont majoritairement répondu à l’appel du CNES avec le gel des activités pédagogiques (Cours, TD et TP) et un piquet de grève qu’ils ont planté au niveau de chaque faculté de l’université. Le coordinateur local du CNES, M. Samy Hassani Ould Ouali, nous déclarera à ce propos : «Les tentatives de rétablissement du dialogue n’ont pas manqué de notre part, car nous avons tiré plusieurs fois la sonnette d’alarme à travers des déclarations, des sit-in et des demandes d’audiences. Mais la direction actuelle de l’UMMTO s’entête à ne pas reconnaître la section syndicale ni encore moins le protocole d’accord que nous avons signé avec l’ancien recteur de l’université. Et nous réaffirmons que s’il y a des éléments qui permettent au recteur de remettre en cause la légitimité et la légalité de notre section syndicale, nous lui demandons encore une fois de nous sommer d’arrêter d’activer au niveau de l’UMMTO, mais de façon officielle». Car, poursuivra-t-il, «les manœuvres pour casser la structure syndicale du CNES, qui échappe au contrôle et de la tutelle et des réseaux locaux, se sont accentuées ces derniers temps. En effet, l’on s’est attaqué aux coordinateurs des sections comme ceux des wilayas d’Oran, Sétif, Naâma, Béjaïa…». Rappelons que les protestataires demandent : La suprématie du scientifique sur l’administratif. La sauvegarde de l’université. La satisfaction inconditionnelle de la plateforme de revendications. La mise en œuvre inconditionnelle du protocole d’accord signé par le CNESTO et l’administration rectorale. La reconnaissance inconditionnelle du statut de partenaire social à part entière des sections et des instances nationales du CNES. L’arrêt immédiat du harcèlement administratif contre les enseignants en général et les syndicalistes en particulier.
Des étudiants en parlent «Nous sommes les boucs émissaires de ce genre d’actions…»
Sur place, nous avons fait le tour des facultés où le taux de suivi de cette première journée de protestation fut de 80 à 90%. Nous fîmes une halte au département de langue et littérature françaises où nous avons longuement discuté avec des étudiants qui nous déclarèrent d’emblée : «Tout en reconnaissant que la grève des enseignants affiliés au CNES est un droit légitime, nous condamnons fermement les pratiques de certains enseignants…», fustigera un étudiant en master 01 en langue et culture françaises.
«Il y a des enseignants qui ne sont même pas affiliés au CNES et qui signent des PV de carence, alors que c’est eux même qui diffusent des rumeurs auprès des étudiants pour qu’ils ne viennent plus ou qu’ils repartent avant d’arriver en classe parce qu’ils sont, soi-disant, en grève.
C’est franchement immoral !», tonnera un autre étudiant de ce département. Les étudiants ont saisie l’occasion de notre présence et nous ont fait visiter les salles de cours. Celles-ci, à dire vrai, ressemblent plus à des débarras qu’à des salles de classe. «Voyez par vous-même l’état dans lequel se trouve notre département. Les salles sont complètement délabrées, avec des vitres brisées, le chauffage inexistant, des infiltrations d’eaux au niveau de la majorité des salles et des couloirs, quant aux toilettes n’en parlons même pas, je préfère franchement les toilettes publiques à celles du département…», nous diront nos interlocuteurs. Même son de cloche du côté du département de langue et culture amazighes. Tout en reconnaissant que «la grève est un droit, il n’en demeure pas moins que ce sont toujours les étudiants de l’UMMTO qui sont les victimes. Les autres universités à travers le territoire national n’ont pas fait trois mois de grève comme nous.
Nous sommes les boucs émissaires de ce genre d’action aussi légitime soit-elle !», nous dira un étudiant.
Les étudiants iront plus loin : «A vrai dire, nous n’avons pas vraiment de département de langue et culture amazighes à l’UMMTO… Ici, il n’y a que l’administration, parce que les salles de cours sont dispatchées au niveau du nouveau bloc pédagogique et au département de français», s’indignent-ils, avant d’ajouter : «Il faut que vous sachiez que l’hygièneau niveau des campus, et surtout dans les cités universitaires, est quasi inexistante, ajoutez à cela l’insécurité et vous comprendrez dans quelles conditions lamentables nous évoluons !»
Taous C
