L’OPGI épinglé par le wali

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Utilisant un ton offensif, voire martial, le wali de Béjaïa, Ould Salah Zitouni, tance, à tout-va, ses subalternes. Avant-hier, devant des chefs d’entreprises et des techniciens du bâtiment, le chef de l’exécutif de wilaya n’a pas été tendre avec le directeur général par intérim de l’office de promotion et de gestion immobilière (OPGI), en le traitant notamment de « menteur ».

«Monsieur le directeur, enlevez ce ‘’ah’’ (interjection utilisée par le DG de l’OPGI pour répondre au wali, ndlr) ; vous êtes devant un wali respectable, nous ne sommes pas dans un café», a-t-il répliqué sèchement au DG par intérim de l’OPGI qui tentait de lui donner des explications sur les retards qu’accusent les nombreux projets de construction de logements, tous types confondus, aux quatre coins de la wilaya. «La bureaucratie doit cesser ; si un responsable se rendait coupable de ce délit, il serait relevé de ses fonctions dans l’immédiat et ne resterait pas une minute de plus dans son poste», met-il en garde les responsables de son exécutif. Sur les 160 projets ou chantiers de l’OPGI, tous peinent à sortir de terre. Et le coupable, aux yeux du wali, est tout désigné : le maître de l’ouvrage, c’est-à-dire l’OPGI. «Il n’y a pas de projet qui ne rencontre pas de problèmes ; dites-nous on ne peut pas ; nous sommes dans le pourrissement», a-t-il lancé à l’adresse du responsable de l’OPGI de Béjaïa, avant de tacler les chefs d’entreprises et les responsables des bureaux d’études présents dans la salle des congrès de la wilaya. «Dans les wilayas qui se respectent, les entreprises chôment par ce qu’elles n’ont plus de plans de charge étant donné que tous les chantiers ont été achevés et réceptionnés ; ici, il y a des chefs d’entreprises qui ne connaissent même pas leurs chantiers ; celui qui veut travailler ‘’marhaba’’ (bienvenu), les autres…», leur a-t-il signifié en se disant offusqué par le fait qu’aucun logement n’a été livré aux demandeurs depuis son intronisation wali de Béjaïa. Il importe de signaler, au passage, que le wali a réuni, quatre jours durant, les différentes parties intervenant dans le secteur de l’habitat afin, nous précise la cellule de communication, «de cerner les problèmes et comprendre les raisons du grand retard qu’accuse ledit secteur dans la wilaya de Béjaïa». Selon la même source, les deux premiers jours ont été consacrés exclusivement au secteur du logement, vu le nombre important de projets que compte ce secteur, l’entreprise OPGI compte à elle seule 160 chantiers en cours de réalisation, ajoutant que «la majorité des responsables d’entreprises ont soulevé lors de cette rencontre le problème de paiement de leurs factures qui a engendré du retard dans l’achèvement des travaux de réalisation de leurs projets». Pour lever tous les blocages, poursuit-on, le wali a ordonné aux directeurs de l’OPGI, de l’Agence foncière, du logement ainsi que celui de l’équipement d’assainir toutes ces situations en instance avec un délai d’une semaine, en recensant tous les projets qui nécessitent une réévaluation, avant de transmettre un dossier dans ce sens au ministère de l’Habitat pour son règlement. Le wali a demandé aux responsables de ce secteur ainsi qu’à ceux des bureaux d’études de synchroniser leurs actions avec les entreprises, et d’organiser des réunions au niveau des chantiers afin de régler les problèmes sur les lieux au temps opportun. «Concernant la situation des chantiers bloqués pour des raisons liées à la nature des terrains, le wali a instruit les responsables du secteur du logement de ne pas négliger, dorénavant, la commission chargée d’aménagement de la wilaya, présidée par le directeur de l’urbanisme et installée par ses soins récemment dans le but d’une meilleure organisation de l’urbanisme dans la wilaya qui est actuellement dans une situation anarchique ; elle seule est responsable de procéder au choix de terrains pour implanter les projets ; le wali a ordonné au directeur du logement d’annuler tous les projets qui ne sont pas dotés d’une étude de sol, étant donné que la wilaya est connue pour être une zone sismique», écrit la cellule de communication dans un communiqué transmis à notre rédaction. Lors de la rencontre, le premier magistrat de la wilaya a exhorté les responsables des entreprises de renforcer leurs chantiers et d’accélérer les travaux engagés, en les menaçant que «des mesures seront prises à leur encontre pour tout retard accusé dans les délais». Il a également demandé aux responsables des bureaux d’études d’améliorer leurs études qui sont parfois faites à la hâte. Concernant les projets inscrits depuis belle lurette et pas encore lancés, le wali a ordonné au directeur du logement de prendre au sérieux ce secteur et de sanctionner les entreprises boiteuses. Pour ce qui est des aides destinées aux propriétaires des habitations touchées par le séisme de novembre 2012, un dossier, selon la cellule de communication, a été transmis au ministère de l’Habitat sur instruction du wali ; les bénéficiaires des aides de l’Etat seront régularisés incessamment.

Dalil S.

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