La commune de Maâtkas, à 20 kilomètres au Sud du chef-lieu de wilaya de Tizi-Ouzou, compte, selon le dernier RGPH de 2008, plus de 32 000 habitants répartis sur près d’une cinquantaine de villages et hameaux, soit au total une superficie de 46 km2.
Une région montagneuse, un relief très accidenté et sans ressources locales. Cette région ô combien belle ! Mais aussi combien le retard et le sous-développement sont criants ! Cette région autrefois havre de paix et terre d’accueil, a une longue histoire, notamment durant la glorieuse révolution de novembre. Cette commune avait alors donné pour la révolution, 513 valeureux martyrs. Mais, depuis l’indépendance, les yeux de l’état sont braqués dans toutes les directions, sauf vers Maâtkas. La population locale attend sa part de développement et aspire légitimement à un meilleur cadre de vie. Avec M. Khermouche Slimane, l’actuel maire de Maâtkas, un maire issu de la liste du mouvement populaire algérien de M. Amara Benyounès, nous a fait le point sur tout ce qui concerne sa commune. Mr Khermouche dit enfin tout.
«La meilleure solution, un nouveau découpage administratif»
Vu l’importance de la commune qui est classée parmi les plus grandes communes de la wilaya de Tizi-Ouzou et pour permettre à cette municipalité de sortir rapidement la tête de l’eau, Mr Khermouche n’ira pas par trois chemin : «cela fait trois ans que je suis à la tête de l’APC, Dieu sait que nous nous sommes cassés la tête et avons fait beaucoup d’effort, mais ce n’est jamais suffisant, c’est presque un coup d’épée dans l’eau. La commune présente un déficit dans tous les domaines qui est né de la disparité dans la répartition des budgets par l’état, notamment dans le cadre du développement local- Lorsqu’une commune de 32 000 habitants reçoit la même subvention qu’une commune comptant le tiers-. Un autre exemple illustrant, la répartition de la caisse de solidarité et de garantie des collectivités locales s’est faite équitablement pour toutes les communes. 14 milliards par communes ! Ce n’est pas juste. Donc, la meilleure solution pour notre commune c’est le découpage. De cette manière, nous aurons plus de subventions et nous sortirons rapidement du sous-développement, chose que nous avons demandé au wali, lors de sa dernière visite du début de décembre». Signalons que le siège de l’APC de Maâtkas est simplement dépassé un siège exigu, vétuste et inconfortable à la fourniture de bonnes prestations de service et ne permet guère aux employés et aux élus d’assurer correctement leurs tâches. Un siège sans salle de délibération, sans bureau pour les élus, sans bureau pour les commissions et parfois 10 employés partagent le même espace. À signaler que même la cage d’escalier est exploitée comme bureau des légalisations. En somme, un siège dépassé par le temps. Dernièrement son extension a été lancée et le wali, lors de sa visite, s’est arrêté sur ce chantier qui vient d’être entamé. À ce sujet, Mr Khermouche indiquera : «l’actuelle structure ne répond pas plus aux attentes de la population. Toutefois, nous avons arraché 15 millions de dinars pour son extension. Les travaux sont lancés. Mais cela ne suffira pas à le finaliser. Nous demandons une rallonge financière de 10 millions de dinars pour l’achever et le réceptionner dans les délias prévus, soit au mois d’avril 2016. Il faut aussi financer ces équipements bureautiques, informatiques et l’installation de la biométrie et son mobilier». Rappelons que le maire insiste aussi sur la récupération des structures communales offertes à titre provisoire à la sureté de daïra et à la garde communale, pour en affecter d’autres organismes pour lesquels la population se déplace jusqu’à Draâ Ben Khedda et Tizi-Ouzou. Pour ce qui est de l’aménagement urbain en cours, le premier responsable de la commune le qualifie de tout, sauf de l’amélioration urbaine : «dans ce plan, plusieurs anomalies existent et plusieurs articles sont omis (le drainage des eaux, le talutage, les murs de pieds…). Cela sans parler des anomalies dans la réalisation et la lenteur des travaux. Nous avons alerté tous les responsables concernés mais, ils ne nous écoutent pas et préfèrent appliquer la politique de la fuite en avant. Cela finira bien par les rattraper un jour».
«Le réseau de l’AEP est simplement hors usage »
Le réseau d’adduction en eau potable (AEP), existant au niveau des villages et du chef-lieu, est vétuste. Les déperditions sont signalées un peu partout à travers le territoire de la municipalité ce qui est à l’origine d’un manque chronique de cette denrée rare et précieuse. À ce sujet, le P/APC demandera : «le réseau de l’AEP est simplement hors usage. Les fuites d’eau sont nombreuses et récurrentes. Nous demandons la réfection en PEHD de tout le réseau à travers les 45 villages». Sur un autre registre, à savoir celui de l’assainissement, notre vis-à-vis signalera : «notre réseau d’assainissement n’est pas encore généralisé. Nous peinons à atteindre 70%. De nombreux points noirs existent. Des études d’impacts doivent être engagées et des bassins de décantation sont impératifs pour éviter les MTH et préserver l’environnement». Concernant l’insalubrité et la pollution des phénomènes qui prennent des proportions alarmantes à travers la région, M. Khermouche soulignera : «il est tout à fait claire que le civisme reste le seul rempart contre ces phénomènes. Toutes les actions communales (assise sur l’environnement, les volontariats, l’enlèvement des ordures…) n’ont pas donné de résultats durables. Nous comptons organiser un voyage vert pour en faire profiter nos comités et les associations écologiques et les faire bénéficier des expériences des autres. Nous comptons, aussi, déposer deux dossiers de compostage et de transformation des canettes et du verre». Pour ce qui est du secteur de la santé publique, le maire de Maâtkas en parle avec ses tripes : «c’est inconcevable, une aussi importante commune ne jouit même pas d’une polyclinique. Une réalité amère et agaçante. Nos patients sont ballotés d’une commune à une autre, en quête de soins appropriés. L’espoir né du projet d’hôpital, s’amincit du fait des restrictions budgétaires dues à la chute du prix du pétrole. Nous demandons purement et simplement le maintien de ce projet vital».
«Nous revendiquons un quota de logements sociaux»
Maâtkas détient un seul et triste record, c’est celui de 0%, le taux de pénétration en gaz naturel. En effet, la première tranche de 30% est achevée, depuis au moins cinq ans, mais la mise en service attend, car une opposition au niveau de la commune voisine bloque la mise en gaz. Concernant la 2ème tranche, où les villages sont inscrit pour bénéficier de cette importante commodité Le P/APC notera : «une partie minime de notre commune, soit 30%, est branchée au réseau mais la mise en gaz est retardée par l’opposition au niveau de Souk El-Tenine. Pour ce qui est de la 2e tranche qui est la plus importante, nous demandons au secteur des énergies et des mines une prise en charge réelle et rapide». Le réseau de l’électricité existe, mais des ilots entier ne sont pas encore électrifiés : «nous avons remis tout un dossier relatif à l’électrification rurale au secteur concerné que nous remercions, au passage, pour nous avoir accordé un ensemble de postes maçonnés», dira l’édile communal. Sur un autre volet, à savoir celui de l’habitat rural et du logement, notre interlocuteur fera remarquer : «nous revendiquons un quota de logement social pour répondre aux besoins des familles démunies et sans assiettes de terrain. Il est aussi impératif d’augmenter le quota de l’aide à l’habitat rural. À présent, nous avons 1 000 dossiers finalisés que nous déposerons à la DLEP».
«Nous attendons des pouvoirs compétents de braquer leur regards vers ma commune»
La commune de Maâtkas totalise 17 écoles primaires, et la 18ème est en cours de réalisation, 04 collèges et le 5ème est en phase d’être achevé 02 lycées et 01 centre de formation. Un secteur important et immense à prendre en charge, surtout, en matière de ramassage scolaire. Malheureusement, le parc roulant se trouve handicapé par le manque de moyen humain (chauffeurs) et matériel (véhicule). «Un secteur aussi important auquel nous faisons face avec des moyens trop limités. Le transport n’est, malheureusement, assuré qu’aux filles. Il faut, aussi, signaler que les associations sportives ont besoin, à chaque semaine, de transport, c’est une équation à plusieurs inconnues. Nous demandons plus de moyens», déclarera le maire. Pour le secteur de la jeunesse et du sport, c’est le désert. La commune ne dispose que d’une salle OMS, en piteux état et impraticable. La municipalité ne dispose pas d’un stade, et pourtant, elle compte deux clubs de football. «Il urge de réhabiliter la salle OMS et de nous accorder les financements nécessaires à la réalisation d’un stade communal, dont l’assiette est disponible. Le dossier relatif au stade croupit toujours au niveau de la DJS», regrettera le maire. Pour ce qui est du réseau routier qui dépasse un linéaire de 160 kilomètres, il nécessite une prise en charge réelle, ce réseau se dégradera davantage d’ici l’entame des travaux de la 2e tranche du gaz naturel. Concernant l’insécurité la situation s’est améliorée, ces dernières années, mais plusieurs lieux nécessitent d’être couverts pour garantir la quiétude de la population. Le projet d’une unité de Protection civile, accordé à la municipalité attend toujours d’être lancé. «Pour finir, nous attendons des pouvoirs compétents de braquer leur regards vers ma commune qui a toujours donné à la nation et qui attend toujours le renvoi de l’ascenseur», conclura M. Khermouche.
Hocine Taib