Comme chaque année, les habitants du village Aït Ouatas, dans la commune d’Imsouhal, 70 km au Sud-est de la wilaya de Tizi-Ouzou, ont perpétué mercredi dernier, une de nos traditions ancestrales en célébrant le Mawlid Ennabaoui El Charif. La célébration s’est déroulée dans une ambiance festive où se mêlèrent ferveur religieuse et détonations des feux d’artifices et des pétards, avec la lecture de versets coranique diffusés grâce à une sono depuis la nouvelle mosquée inaugurée à cette occasion.
Dès huit heures du matin, les villageois affluèrent à la djemââ, apportant des gâteaux, des beignets et des boissons chaudes et fraîches. Il y avait pour tous les goûts. De temps à autres, la diffusion des versets coraniques cédait la place aux Meddahs, qui inondèrent les lieux de leurs «Ichewiken» et d’une émotion bien palpable qui en étreint plus d’un. «Je viens chaque année assister à cette célébration d’’’Umacvuh n’Envi’’ ici à Aït Ouatas, pour prendre un peu de la Baraka de Sidi Abdelkrim», nous dira une octogénaire venue d’Illoula Umalu.
Néanmoins, le moment le plus émouvant de la journée fut celui où des religieux tous de blanc vêtus dirigés par cheikh Nourdine, un imam d’Adrar maitrisant parfaitement la langue kabyle, et ayant une voix mystique, louèrent et prièrent Dieu en prêchant la bonne parole et priant les présents à se rapprocher de l’assemblée (Agraw). Ceux-ci répondirent à l’appel et donnèrent l’aumône, recevant en contrepartie la bénédiction de Sidi Abd Elkrim Al Ouatassi. Ils espéraient que leurs vœux soient exaucés, qui de guérir de sa maladie, qui d’avoir des enfants et qui de trouver son âme-sœur. Les plus sensibles n’arrivaient pas à retenir leurs larmes à l’écoute de la voix vibrante du Cheikh. A 11h, tout le monde fut convié à un couscous agrémenté de viande. Après la prière du Dohr, les festivités reprirent sur le même rythme et durèrent jusqu’à la clôture de la cérémonie à 15h. Cependant, même au delà de cette heure, les gens continuèrent d’arriver de partout pour recevoir chacun sa part de la baraka. Soulignons toutefois que l’affluence fut moindre que les années précédentes. «Les gens sont préoccupés par la cueillette des olives, ils veulent la terminer avant l’arrivée de la neige», nous expliquera un citoyen du village. A l’occasion de ce Mawlid, les anciens du village nous racontèrent cette histoire : Un jour au coucher du soleil, une lumière inhabituelle illumina toute la surface du lieu dit Tamzguida, une colline dominant tous les villages alentours. On raconte, de génération en génération que c’est le Prophète Mohammed (QSLT) qui est apparu à deux bergères. Depuis ce jour, les villageois ont construit à cet endroit un lieu de culte où ils se rendent le jour de l’achoura pour pèlerinage. Toujours, selon les témoignages des anciens, quand un émigré tarde à rentrer chez-lui, un marabout dénommé Mohand Saïd, un homme pieux, appelait l’émigré d’une des fenêtres de ce lieu de culte. Et en moins d’un mois ce dernier rentrait chez-lui. C’est là l’une des légendes que se transmettent les habitants du villages, d’une génération à une autre.
A.M
