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Effervescence à Aït Yahia

L’enterrement de Dda L’Hocine doit être à la dimension de l’homme qu’il n’a cessé d’être, depuis qu’il a commencé à militer pour l’idéal de liberté et de démocratie.

Les habitants de son village (Aït Ahmed), de la commune d’Aït Yahia et même ceux de toute la daïra de l’ex-Michelet, se disent mobilisés pour que tout se déroule de la meilleure des façons. Il est difficile à ses proches et voisins du village, malgré toute leur volonté de faire face à un événement aussi grandiose, d’envergure nationale. En plus des autorités locales, les habitants de toute la région, sans couleur politique, se présentent individuellement à Ath Hmed pour proposer leurs services. Jamais, depuis son retour d’exil en 1990, la région n’a connu une telle effervescence. On assiste déjà à de nombreux va et vient de curieux, se rendant au village. Plusieurs chemins mènent à Ath Hmed. On peut s’y rendre par Aïn El Hammam, sur une distance d’une dizaine de kilomètres, après avoir traversé le chef-lieu d’Aït Yahia. Venant d’Azazga, à environ trente kilomètre, les visiteurs de la région transiteront obligatoirement par le centre d’Aït Yahia, pour ensuite se rendre à leur destination. Quant aux citoyens qui auront choisi la route de Mekla, ils ne pourront pas rater le village du défunt, situé à environ deux kilomètres, en contrebas de la route. Tous les chemins qui seront empruntés, par les officiels et les anonymes, sont, en ce moment, l’objet de travaux divers. Nous trouvons des engins de travaux publics à chaque détour de virage. Les accotements sont nettoyés et élargis, sur plusieurs kilomètres, sur tout le territoire d’Aït Yahia et au-delà vers Aït Khelili, de façon à permettre aux particuliers de garer leurs véhicules. Deux pelleteuses s’occupent de donner une autre image à la décharge, si encombrante, sise sur l’itinéraire qui sera emprunté par les officiels, à la sortie du chef-lieu communal. Les gravats et les matériaux de construction gênants sont enlevés pour laisser place aux automobiles qu’on attend par milliers, le jour «J».

Tous les chemins mènent vers

Ath Hmed

Arrivés au lieu-dit «Thassirth n’chikh», deux kilomètres avant l’entrée du bourg de naissance du plus vieil opposant d’Algérie, nous avons eu un aperçu de l’ambiance qui y règne, à moins d’une semaine de l’enterrement de l’enfant du village. En plus des villageois que l’on consulte pour toute initiative, nous avons rencontré les autorités locales. Parmi les officiels, nous avons noté la présence du secrétaire général de la wilaya de Tizi-Ouzou, du chef de daïra d’Aïn El Hammam, du directeur des travaux publics, d’un député et du P/APC d’Aït Yahia, venus s’enquérir de l’avancement des travaux. Plusieurs engins activaient à dégager une immense plateforme destinée à accueillir trois chapiteaux qui arriveraient, «dès ce soir», nous dit-on. Un des abris sera destiné à accueillir la dépouille du président du FFS alors que les autres seront utilisés en cas de dégradation des conditions météorologiques, précise le chef de daïra qui ajoute qu’il a fallu négocier avec un propriétaire de terrain qui s’est opposé à l’élargissement de la plate forme vers son champ. Côté nettoyage, plusieurs groupes de «Blanche Algérie» sont à pied d’œuvre sur les routes pour la collecte de bouteilles et autres canettes qui enlaidissent le paysage alors que d’autres s’affairent à débroussailler les accotements. Même les inamovibles dos d’âne de la route de Mekla ont été démantelés. Responsable de l’accueil, désigné par ses responsables, Rabah Aït Kaci, responsable de section FFS d’Aït Yahia, indique que son parti a mis en place plusieurs commissions qui ont déjà commencé à activer. Le transport semble occuper une place importante dans l’organisation des funérailles. Ainsi, nous apprenons que les bus de la wilaya sont réquisitionnés pour transporter les citoyens qui iront accueillir, jeudi prochain, la dépouille du défunt à l’aéroport Houari Boumediène et au siège du parti FFS, où elle sera exposée, durant la soirée. Au village des ancêtres du défunt, son cousin Boussad, nous a reçus avec l’amabilité coutumière des siens malgré les nombreuses sollicitations dont il faisait l’objet. Nous avons pu voir un chapiteau installé face au mausolée de Chikh Mohand Oulhocine, grand père de feu Hocine Aït Ahmed. Des tables et des chaises étaient installées sur la place du village pour permettre aux visiteurs de se reposer. Le cimetière où doit être enterré Aït Ahmed, subit en ce moment un élargissement par des engins de travaux publics pour permettre l’installation d’un autre chapiteau. Contrairement à ce qui avait été annoncé par une chaine de télévision concernant le déplacement par hélicoptère, de la dépouille d’Alger vers Aïn El Hammam, Boussad, le cousin de Da L’Hocine, nous répond que «Le défunt a toujours eu les pieds sur terre», insistant sur la simplicité de l’homme. Profitant de notre présence pour lui présenter nos condoléances, il n’hésita pas à dire que «le défunt» appartient à tous». Il lance, à l’occasion, un appel aux hôtes de la région pour leur demander un peu de «compréhension et ne pas trop s’attarder sur les lieux et éviter d’encombrer le parcours des «pèlerins», le jour du recueillement afin de faciliter la circulation des personnes et permettre à tous de se recueillir. Ceux qui peuvent éloigner leurs véhicules, nous faciliteraient la tâche». Il terminera, en espérant que le temps sera de la partie pour que cet enterrement soit à la dimension de l’homme que fut Hocine Aït Ahmed.

A.O.T.

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