Les agriculteurs dans la tourmente

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La pluie et la neige qui tardent à tomber en plein hiver, mettent dans le désarroi les agriculteurs de la wilaya de Béjaïa.

Ces derniers craignent la sécheresse, car, habituellement et en temps normal, on enregistre d’abondantes chutes de pluie et de neige, en ce mois de Décembre, mais cette année, il s’apparente à un mois d’été avec le soleil qui règne en maître, ponctué par des pics de chaleur.

Pour en savoir plus, nous avons consulté deux personnalités agissant dans le monde agricole, qui ne sont pas des moindres et qui nous ont donné leurs avis sur ces pluies et neiges qui tardent à tomber en plein hiver.

Benméziane Makhlouf, ingénieur agronome et président de l’association des céréaliculteurs de la wilaya de Béjaia, nous dira : «pour nous, les céréaliculteurs de la wilaya de Béjaïa, cette pluie qui tarde à tomber alors qu’on est en Décembre, un mois d’hiver qui s’apparente à celui de l’été est une sécheresse annoncée. Ceux qui ont semé les premiers ont constaté une levée, une sortie de terre qui sera compromise si ce manque de pluviométrie persiste encore».

Pour lui, des solutions existent et il les a déjà proposées aux pouvoirs publics depuis belle lurette. Il s’agit de la mise en place du système d’irrigation avec l’eau provenant du barrage de Tichy Haft.

«Le problème d’irrigation des cultures céréalières se pose avec acuité aujourd’hui. Des moyens d’irrigation artificiels existent, comme l’eau du barrage de Tichy Haft conçu pour alimenter les populations et irriguer certaines cultures aussi. D’ailleurs, un périmètre d’irrigation de 2 800 ha, allant de Tazmalt à Akbou, est prévu et sera mis en service dès l’achèvement des travaux qui sont en cours de réalisation. Il est impératif, aujourd’hui, que son extension touche les terres des communes des daïras de Seddouk et Sidi Aïch, bordant l’oued Soummam. Et c’est une revendication des agriculteurs ! D’ailleurs, on ne peut plus compter sur les puits et forages existants du fait que leurs eaux sont touchées pas une saline très forte, ce qui est une folie de les utiliser pour les cultures», a-t-il dit.

En conclusion, il a mis l’accent sur la sécheresse qui pointe du museau en précisant qu’elle touchera même l’élevage animalier, notamment la filière bovine.

«La filière bovine déjà affectée par des difficultés, risque d’être touchée, elle aussi, par cette sécheresse qui se dessine. Déjà les produits d’alimentation sont chers comme les fourrages, et imaginons ce qui va se passer s’il n’y aura pas de productions d’orge et de fourrage escomptées. Or, si nous mettons en place un système d’irrigation artificiel, beaucoup de superficies enclavées seront mises en valeur pour être utilisées pour les cultures fourragères modernes ou traditionnelles», a ajouté notre interlocuteur.

Pour Hamlaoui Mohand Salah, ingénieur agronome et subdivisionnaire de l’agriculture des daïras de Seddouk et Beni Maouche, la sécheresse n’affecte pas seulement les cultures végétales, mais elle affecte aussi les cultures arboricoles.

«Beaucoup considèrent que la sécheresse affecte seulement les espèces végétaux. Pour ma part, je dirai qu’elle affecte aussi les cultures arboricoles. On constate déjà un déséquilibre qu’on pourra évaluer plus tard lors de nos sorties sur le terrain. Je peux dire, sans risque de me tromper, qu’un décalage de 20 jours du cycle végétatif (floraison) est attendu, c’est-à-dire, il se produira 20 jours à l’avance si cette chaleur persiste», a précisé le subdivisionnaire qui a souligné par ailleurs, que le système d’irrigation artificiel est devenu impératif pour certaines cultures.

«Devant l’insuffisance de la pluviométrie qui est devenue récurrente depuis une décennie, nous n’avons pas un autre choix que celui de penser à mobiliser nos ressources hydriques en mettant en place, dans l’immédiat, un systèmes économiseur, c’est-à-dire le goutte-à-goutte. Les exploitants agricoles sont invités d’ores et déjà à se rapprocher de nos services pour adhérer au programme FNDA pour bénéficier des projets de creusage de puits, de captage de sources ou de l’eau des barrages construits par l’Etat. C’est de cette façon qu’on pourra sauvegarder ce patrimoine de création de richesses», a conclu notre interlocuteur.

Ce retard dans la tombée des pluies en plein hiver inquiète sérieusement les agriculteurs qui appréhendent déjà une éventuelle sécheresse.

L.Beddar

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