Le repos du juste

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C’est à des obsèques grandioses que nous avons assisté, hier, 1er Janvier 2016, dans la vaste plate-forme de Tassirt n’Chikh, village Aït Ahmed, dans la commune d’Aït Yahia, où repose désormais la dépouille du héros national, feu Hocine Aït Ahmed, figure emblématique du mouvement national et défenseur incontesté des droits de l’Homme.

Les gens affluaient en contingents des 04 chemins menant vers le village de Chikh Mohand, aïeul du défunt qui a ainsi choisi d’être enterré dans l’intimité et en toute simplicité dans son village natal, auprès des siens, loin des cérémonies officielles. Cependant, il a eu droit à un des plus grands hommages que l’Algérie ait jamais connus. Et cet hommage, c’est le peuple tout entier qui le lui a rendu en reconnaissance de son combat pour la démocratie et la liberté. Ce furent des funérailles à la dimension de l’homme qu’il était, en témoigne cette foule amassée sur les chemins, les crêtes et sur les toitures des maisons. Il a fallu parcourir au minimum 08 kms à pieds, en aller et retour, pour arriver à Tassirt N’Chikh, car l’espace est trop exigu pour contenir ces nuées de personnes venues faire un dernier adieu à ce père de la démocratie qui était un des premiers patriotes à déclencher la lutte armée, délaissant les bancs du lycée à l’âge de 16 ans. Il y avait des citoyens de tous âges, hommes et femmes, issus de toutes les couches de la société. «Y a-t-il un meilleur hommage que celui du peuple ?», nous dira un quinquagénaire, parlant en arabe. En plus du peuple, nous avons remarqué la présence des officiels, des personnalités politiques, et évidemment toute la famille politique du défunt, anciens et présents. Beaucoup d’hommes de culture, notamment des artistes, étaient présents. Il y avait également le chef du gouvernement et son staff. Signalons néanmoins qu’au passage du cortège gouvernemental, quelques jeunes ont jeté des bouteilles d’eau sur les voitures en scandant «Pouvoir assassin ! Ulac Smah Ulac !». Mais le calme a très vite été rétabli par les organisateurs qui ont appelé au respect de la mémoire de Si L’Hocine. Aux environs de 11heures, à l’arrivée du cortège funèbre, la foule scandait en chœur «Si El Hocine Assa Azeka Yella Yella ! le FFS chouhada !». En marge de la cérémonie, nous avons approché certaines personnes présentes pour recueillir leurs impressions. Tous dirent voir en le défunt «un vrai nationaliste». Nous avons posé la même question à un groupe de jeunes venus de Jijel. Ces derniers nous diront qu’ils ont fini par connaître l’homme qu’était Aït Ahmed, un grand Monsieur qui aimait avant tout son pays. Ils étaient venus en fait de toutes les wilayas du pays pour cet ultime hommage. Il est à noter qu’avant l’enterrement de ce grand homme, qui restera toujours un phare éclairant le chemin des générations futures, une minute de silence avait été observée. La cérémonie s’est déroulée sans incidents. A noter que des bus privés et publics ont été mobilisés pour acheminer les gens jusqu’à Aït Yahia, à moins de 8km du lieu de l’enterrement et qu’un hélicoptère survolait les alentours. Des photos ont été prises par de nombreuses personnes pour immortaliser les funérailles de ce personnage légendaire que tout monde a qualifié de «Repos du juste».

A.M

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