«Le film raconte essentiellement le conflit de générations»

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Le combat du cœur» raconte un drame social. Le réalisateur Mohamed Rahel est un habitué de cette thématique. C’est son troisième long-métrage. Pour sa réussite, il n’a lésiné ni sur les moyens ni sur son temps. Portant beau, l’homme de l’art semblait, hier, un peu fébrile comme le sont tous ceux qui sont à leur premier essai : on ne sait jamais comment le public va accueillir ça. Il s’agit, en effet, d’un produit neuf et en tant que natif de Bouira, le réalisateur a choisi, ce samedi, la Maison de la culture pour le présenter au public. On appelle cela une première. Après un tour sur la scène et quelques indications techniques lancées à son équipe, après un bref entretien avec le directeur de la culture présent à cet événement cinématographe, l’homme a daigné nous accorder un bref entretien autour de son dernier film.

La Dépêche de Kabylie : Vous voilà de retour à Bouira après le casting, il y a un an. Qu’est-ce que vous allez nous montrer ce soir ?

Mohamed Rahel : ‘’Le combat du cœur’’ est mon troisième long-métrage. Je viens d’en terminer le tournage. Cela m’a pris un an. Cet après-midi aura lieu la première. (Nous reviendrons prochainement pour la projection de ce film).

Que raconte le film ?

Essentiellement le conflit de générations. Sarah et Nassim s’aiment. Ils décident de se marier. Mais parce qu’ils n’ont pas l’autorisation de leurs parents, ils voient se dresser devant eux d’immenses obstacles.

Ce n’est pas la première fois que vous traitez dans vos films des problèmes sociaux ?

Ce sont des problèmes que nous voyons tous les jours. Ils sont d’actualité. Il y a d’un côté les traditions et de l’autre la volonté d’une jeunesse désireuse de vivre sa vie, c’est-à-dire autrement et qui cherche à s’affranchir de cette tutelle pesante… Sarah et Nassim incarnent parfaitement cette émancipation.

Comment s’est passé le tournage ? Avez-vous rencontré plus de difficultés avec ce film qu’avec les autres ?

Chaque tournage a ses propres difficultés. ‘’Le combat du cœur’’ a eu les siennes. Mais elles ont été surmontées comme les autres. C’est le métier.

De Bouira où se passe l’essentiel de l’histoire, à Béjaïa, en passant par Alger et Tizi-Ouzou, tous ces déplacements ont dû occasionner beaucoup de frais. Peut-on savoir ce que ce film a coûté ? Et a-t-il été subventionné ou l’avez-vous financé seul ?

La réalisation de ce film m’a coûté 6 millions de dinars et tous les frais ont été à mon entière charge. Faire du cinéma n’est pas facile.

Le cinéma semble amorcer un déclin. L’âge d’or est loin derrière. Comment doit-on s’y prendre, selon vous, pour que le septième art recouvre ses lettres de noblesse ?

Il faut que l’État s’implique par une politique qui vise à introduire la culture du cinéma dans les mœurs. Il faut qu’il travaille à la réhabilitation de cet art en perte de vitesse. Rouvrir les salles ne suffira pas à lui redonner un nouveau souffle. Il faut toute une pédagogie pour montrer que le cinéma est toujours vivant et qu’il s’adresse à un public varié. Enfin, c’est le rôle aussi du réalisateur de contribuer à faire revenir le public dans les salles désertées, en traitant de sujets qui intéressent tout le monde. Si le film est beau, s’il est bien construit autour d’une bonne intrigue et si l’intrigue est au cœur d’un drame social et s’il y a de l’action qui empêche le spectateur de bailler, alors, on est certain d’attirer la foule.

Avec une telle volonté nourririez-vous l’ambition de participer un jour au Festival de Cannes, et, pourquoi pas, de décrocher un jour un prix ?

Tout réalisateur est habité par un tel rêve. Les drames que nous traitons et qui sont dans toutes les sociétés actuelles nous autorisent à nourrir de telles ambitions, le principe en art étant d’intéresser, de plaire. Toute la question est dans le choix des sujets et la maîtrise des techniques de n’importe quel art.

Avez-vous déjà d’autres projets de films ?

Oui. Deux ou trois idées m’occupent déjà l’esprit. Mais pour l’immédiat, je me concentre sur la première projection de ce film. On verra plus tard.

Aziz Bey

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