11e anniversaire du décès de Brahim Izri

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Il s'est éteint un fatidique 3 janvier 2005, à Paris, à l'hôpital de l'Hôtel-Dieu, et ce, après avoir lutté avec courage contre la maladie.

Cela fait 11 ans depuis que l’artiste Brahim Izri nous a quittés, en léguant une œuvre artistique de qualité. Cet auteur-compositeur de talent a vu le jour, le 12 janvier 1954, au village Ath Lahcène, dans la commune d’Ath Yenni. Bercé depuis son enfance par la musique et les chants des Khouane de la zaouïa de son vénérable grand-père, Cheikh Belkacem Izri, à qui Brahim dédiera, d’ailleurs, une chanson dans son premier opus qui s’intitule « Ula yugadeɣ », sorti en 1981. Enfant, il s’évertuera à manier et à toucher à presque tous les instruments de musique dans la zaouïa. En virtuose, Brahim apprendra à jouer avec le violon, la mandole, la guitare, la percussion pour compléter ses connaissances par la suite avec d’autres instruments en devenant artiste professionnel. Au lycée, il avait la tête pleine de projets musicaux, et il finira par créer, avec d’autres membres, le groupe « Igoudar ». Par la suite, Brahim, en partant en France pour s’y installer, deviendra guitariste de Idir, dans une fusion artistique haut de gamme. Sentant le vent tourner en sa faveur, il se décida alors de tenter une carrière solo. C’est ce qu’il entreprit, d’ailleurs, en éditant son premier album en 1981, intitulé « Sacrifice pour un enfant » qui marchera bien. Cependant, il aura fallu, à notre artiste, attendre l’année 1984 pour se voir propulser vers la consécration. Avec son deuxième album « D-acuyi ? » (que suis-je ?), Brahim Izri fait un tabac, et ses clips passent en boucle à l’ex-RTA. Avec sa femme, Nanou (choriste et chorégraphe), le duo « crache » du feu, en animant des galas et des festivals en Algérie et en France. Il faut noter que son style musical, Kabyle moderne, a été pour beaucoup dans son ascension dans le monde artistique de haut niveau. Le style folklorique modernisé n’était pas en reste, puisque Brahim introduisait des instruments bien de chez nous, comme le tambourin, la flûte, le bendir comme pour dire que l’on peut aussi faire du moderne avec le traditionnel ! En 1986, le valeureux fils d’Ath Lahcène, et non moins mmis n tmurt de Idir, « récidive » avec un troisième album « Ala, ala ! » une adaptation de la chanson culte de Bob Marley « Get up, stand up ». Dans cette œuvre magistrale, Brahim Izri a montré tout ce dont il pouvait faire comme mélodie, et tout son art qui a ébloui tant de mélomanes. Il a adapté plusieurs chansons avec harmonie. L’ombre de la zaouïa de son grand-père le « suivait » toujours, avec cette chanson de « Eddker » où l’artiste rendait hommage à la zaouïa kabyle et aux poètes et érudits Cheikh Mohand Oulhocine et cheikh AƐrav Ouyahya. Deux années après, c’est l’opus « D-ifrax i-nella » (nous sommes des oiseaux !) qui sera mis au marché. Dans cette œuvre, Brahim était resté fidèle à ses textes, ses mélodies très bien travaillées avec des arrangements méticuleux qui dénotent un génie musical hors-pair. Les souvenirs d’enfance, avec la chanson « Yemma », la demande de pardon aux proches « Semmahet-iyi ay ihbiben » qui est, en fait, un texte écrit par le dramaturge Mohya, et bien d’autres chansons mélodieuses composaient cet album. Après cette ascension fulgurante, Brahim Izri marque une longue halte que ses fans et son large public, qu’il avait conquis durant les années 1980, n’avaient pas comprise. En fait, Brahim était confronté à quelques problèmes qui ont fait qu’il n’eût produit aucun album durant la période allant de 1988 à 1995. Et ce n’est qu’en 1996, qu’il reprend le chemin du studio pour enregistrer « El Budala ». Dans cet album, Brahim reprend plusieurs chansons de son répertoire, en leur inculquant un nouveau souffle musical. Il avait réussi son pari, puisque l’opus fait un tabac surtout en France parmi l’immigration Kabyle. En 1999, une rencontre avec Idir et Maxime Le Forestier (chanteur français) inspira le trio à chanter « Tizi-Ouzou ». Une adaptation de Brahim Izri de la chanson culte de « San Francisco » de Maxime Le Forestier. La chanson est sortie dans l’album « Identités » de Idir est à eu un succès foudroyant. Vinrent ensuite, en 2001, les événements douloureux qui ont touché la Kabylie, où Brahim Izri, se sentant interpellé avait « mis » sa guitare de côté pour lutter avec ses frères pour la sauvegarde de la Kabylie. Il avait entrepris plusieurs actions en solidarité avec les Arraw n tmurt qui étaient en proie à la répression, en organisant, entre autres, la fameuse marche des taxis en plein Paris en solidarité avec la Kabylie. N’ayant, certes, produit aucun album pendant cette période, Brahim n’a pas pour autant quitté le monde de la chanson, en composant pour des chanteurs, ou en aidant d’autres dans les arrangements. Ce n’est qu’en 2004 que notre fabuleux artiste entreprend de revenir sur la scène artistique en enregistrant quelques chansons pour préparer son retour. Il produit « Kahina », une chanson hommage à la femme de l’Afrique du Nord. Il a même fait un clip à cette chanson qui n’a pas manqué de conforter les femmes, kabyles notamment, car Brahim était un défenseur acharné des droits de la femme. Malheureusement, la maladie ne lui a pas laissé le temps de finir son dernier album qu’il préparait, en étant gravement malade. Il avait tellement envie d’offrir cet album, un dernier baroud d’honneur, à son large public qui l’aimait tant, mais la maladie en a décidé autrement. Il meurt le 3 janvier 2005, en laissant derrière lui un legs inestimable ! Repose en paix l’artiste !

Syphax Y.

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