Hormis le ramassage des olives dont la récolte, jugée faible, ne tardera pas à se terminer, les paysans ont de nombreuses autres préoccupations. Parmi les travaux des champs durant la saison hivernale, une bonne partie des habitants de Aïn El Hammam doivent consacrer leurs week-ends à se préparer à faire face au froid. Ainsi, vendredi et samedi derniers, jours de beau temps coïncidant avec le repos hebdomadaire, ont été mis à profit pour la corvée de bois. Le bruit qu’on entend du matin au soir, ne laisse planer aucun doute sur les activités de leurs auteurs. Ainsi, au son caractéristique de la hache répond en écho le geignement des moteurs des tronçonneuses qui mettent à terre des chênes, parfois centenaires si l’on se fie au volume des rondins transportés par des camions. En hiver, on ne s’embarrasse pas de l’année de l’arbre. Ce sont les plus âgés qui sont ciblés à cause de la quantité et de la qualité de leur bois. «Le bois mort est rare maintenant. De toutes façons, dans le poêle, il brule bien et lentement alors que les bûches sèches sont vite réduites en cendre par les flammes», nous confie un fonctionnaire qui continuera à se transformer en bucheron jusqu’à l’été. Les forêts, déjà mises à mal par les incendies et diverses maladies, continuent de subir un autre déboisement par la volonté des hommes. Même si la neige ne tombe pas encore, les températures ne cessent de baisser, descendant au dessous de dix degrés, durant la nuit. Pour y faire face, les appareils de chauffage doivent être allumés, sans arrêt. La plupart des habitants, dans cette région pauvre, ne peuvent se permettre de se chauffer au mazout, jugé trop cher. Inutile de leur parler de la protection de l’environnement ou de la préservation des forêts, en cette période. Le gaz naturel qu’ils ont attendu, depuis près d’une décennie, ne veut pas arriver. Les habitants pointent du doigt ceux qui sont chargés de l’acheminer vers leurs foyers. «Les entreprises du gaz semblent se plaire dans notre région qu’ils quittent quand il fait froid, reviennent quelques jours, au printemps, pour s’en aller pour longtemps, au moment des grandes chaleurs», se plaignent les villageois qui ne croient plus qu’un jour «cette énergie propre et bon marché», comme on le leur a tant fait miroiter, brulera dans leurs fourneaux. En attendant, ce sont les petites bourses qui n’ont ni chauffage central, ni mazout qui font les frais de ce laisser aller.
A.O.T.
