Différemment célébrée à Béjaïa…

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Le nouvel an amazigh est célébré en ce 1er Yennayer 2966, correspondant au 12 janvier 2016, à travers tout le territoire de Tamazgha.

Et chaque région a ses traditions. Ici on organise louziaa (timechret) ou sacrifice d’une bête avec partage de viande entre les habitants d’un village ou d’un quartier, là c’est une dégustation collective d’un couscous, ailleurs on se contente peut-être de la simple préparation de gâteaux. En Algérie, selon les reportages réalisés pour illustrer cette fête plusieurs fois millénaires, les célébrations diffèrent d’une wilaya à une autre. Concernant la wilaya de Béjaïa, les célébrations changent également d’une contrée à une autre et d’un village à un autre, suivant les traditions, les coutumes et surtout les superstitions. Si El-Bachir, doyen d’un village situé sur la côte ouest de Béjaïa, en s’appuyant sur sa canne, explique que cette tendance qui consiste à préparer un couscous au poulet pour célébrer Yennayer ou suivant les dénominations imensi oussegas (le diner de l’année) ou taourt oussegas (la porte de l’année), n’a pas toujours été le cas. Pour une raison très simple, jusqu’aux années 1970, des poulaillers d’élevage de poulets n’existaient pas, il n’avait que des coqs, pesant chacun sept à huit kilos chacun, que des familles élevaient dans les villages pour leurs propres besoins. Les coqs ne se vendaient pas dans les boucheries, les citadins en trouvaient quelquefois à l’entrée des marchés hebdomadaires. Et il n’y en avait sûrement pas pour tout le monde, d’où l’impossibilité pour toutes les familles de célébrer la fête de Yennayer avec un couscous au poulet. Même cette tradition remonte à l’an 950 avant JC, lors de l’établissement de 22ème dynastie par le roi berbère Chachnaq. Quelqu’un ajoute que les soldats berbères étaient tellement contents de leur victoire sur les Egyptiens qu’ils s’étaient régalés par un bon couscous au coq. Et c’est delà que serait venue cette tradition. Si El-Bachir émet un large sourire puis dit : «Non. Avant les années 1970, on ne célébrait pas Yennayer par un couscous au poulet ou à la viande. Le jour de Yennayer, dans notre village et dans les villages voisins, on évitait même, par une vague superstition, de préparer le couscous ce jour-là. On évitait aussi les crêpes. Parce que, précise l’octogénaire, le nombre incalculable de grains de couscous ou celui des trous des crêpes provoquerait une prolifération inconsidérée du nombre de fourmis qui, l’été venu, prendraient une part importante dans les récoltes de céréales dans les aires de battage. Alors, pour éviter qu’une grande quantité de blé prenne le chemin des fourmilières, les familles accommodaient plutôt des beignets à l’huile, des galettes humectées dans l’huile d’olive ou des ragouts de pommes de terre avec de la viande séchée.

B. Mouhoub

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