Le commerce informel, le salut des ménages

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«À quelque chose malheur est bon», dit le proverbe. Certes, le commerce informel est illégal, mais à y voir de près, les citoyens, notamment ceux qui sont issus des couches sociales moyennes et défavorisées, ne voient pas la chose d'un mauvais œil.

En effet, nonobstant le caractère nocif et préjudiciable du commerce informel sur l’économie nationale, et surtout sur le commerce légal, il n’en demeure pas moins qu’il est perçu comme une « bouée » de sauvetage pour les familles issues des classes moyenne et pauvre, en ce sens que les prix pratiqués sur les étals défient toute concurrence. En tout cas, c’est ce que nous avons conclu d’après nos innombrables constats et les entretiens que nous avons eus avec plusieurs chefs de familles. «Franchement, même si les étals essaimés ici et là sur les abords des routes et sont contraires à la loi, moi, personnellement, j’y trouve mon compte avec à la clé des prix des légumes et fruits très bas par rapport aux marchés et aux commerces légaux. Cela m’a permis d’économiser de bonnes sommes d’argent!», nous dit, sans ambages, un père de famille. Comme notre interlocuteur, ils sont des centaines de citoyens à penser- à raisonner- de la sorte. Et comment ? Lorsque l’on sait que le pouvoir d’achat continue à s’éroder de manière inquiétante, surtout avec les différentes augmentations intervenues depuis le début de l’année en cours.

Les vendeurs informels écument les RN 26, 15 et 5

Cela ne pourrait qu’encourager l’informel, car les ménages se rabattent sur ce « paradis » fiscal. Si l’on prend l’exemple de la daïra de M’Chedallah constituée de 6 communes, le commerce informel y a pris, ces dernières années, une courbe ascendante. Pour s’en convaincre, il suffit d’emprunter les différentes routes nationales qui parcourent cette circonscription. Ainsi, du village de Toghza, dans la commune de Chorfa, jusqu’à Tansaout dans la commune d’Ath Mansour, en passant par les chefs-lieux communaux de M’Chedallah et d’Ahnif, le décor planté sur les accotements des routes nationales est presque le même: des étals de fortune des fruits et légumes se font et se défont au gré du temps. Cependant, leur nombre semble se multiplier, ces derniers temps, au point où des petits marchés quotidiens sont aménagés sur les abords des routes à l’instar des RN 26, 15 et 5. Ces points de vente ne désemplissent pas de clients au quotidien, et les innombrables marchands, écumant ces tronçons, ne chôment pas. Ainsi, des dizaines de camions et de camionnettes sont parqués de part et d’autre des routes, où les vendeurs vendent des fruits et légumes avec des prix cassant tout monopole. Comme la pomme de terre cédée entre 25 et 28 da/kg, la tomate entre 30 et 40 da/kg pour ne citer que ces 2 légumes. Ces prix ne sont pas pratiqués, bien entendu, pour les beaux yeux des clients, mais parce que les marchands ne payent ni les impôts ni le loyer ni l’électricité mais uniquement le carburant. Ce qui se répercute « positivement » sur les prix qui sont bas par rapport à d’autres milieux formels. Mais toujours est-il que l’informel devrait être combattu, car ses conséquences sur l’économie nationale sont néfastes.

Y Samir.

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