Le ciel boude toujours. La «salat nationale de el istisqa» ne l’a pas ramené à de meilleurs sentiments. Même la constitutionnalisation de tamazight en demi-pensionnat ne lui a pas soutiré une goutte de… joie. Pourtant, le ciel est polyglotte et aime toutes les langues, y compris le langage des abeilles. Le cheikh Abu Djabrebbi n’est pas de cet avis. Pour lui, le ciel n’asperge qu’en arabe, en plus la fousha, la seule qu’il comprend. D’ailleurs, il tient pour responsable la nouvelle mouture du projet de loi de la constitution. «C’est à cause du doustour que Dieu nous punit. Il faut vous attendre au pire si tamazight venait à être officialisée autrement qu’en arabe. Nous connaîtrons un mandat de sécheresse suivi d’interminables tremblements de terre», avertit-il la umma. At Rgad aussi est inquiète pour ses oliveraies et figueraies. Yennayer n’a pas vraiment été une grande joie, même si Chabha le Chignon et l’association «zwi-tt, rwi-tt» y avaient mis tout leur cœur. Seul Lbacir La Besace était excité par la commémoration de l’intronisation du soldat Chachenaq en terre pharaonique, il y a 2966 années. Alors, il se lasse pas de répéter : «vous savez, il y a 2966 ans, un délégué du ârch amazigh a battu un des Ramses…» C’est ce qu’il essayait d’expliquer à Sadiya n l’Euro, avant qu’elle ne lui intime : «silence, tugmest !» Le vieux Dezdeg qui avait vu la scène, sourit en catimini
– Que te racontait-il notre Lbacir ?
– Aman ulac, la terre a terriblement soif, lui me parle de Chachenaq. Tu ne trouves pas que ça devient inquiétant ?
– Oui, je sais. Mais que pouvons-nous faire. On a prié Dieu, mais il semble toujours contrarié.
– Cela n’a rien à voir avec Dieu. En fait, c’est le réchauffement de la planète causé par la surconsommation et la surexploitation de la terre qui&hellip,; s’invite Kaci l’Angoisse dans la discussion.
– Je pense qu’on peut faire quelque chose, affirme Da Militant
– Quoi donc ?
– Prions Anzar ! Nos aînés l’ont toujours fait, non !
– Oui, c’est vrai, confirme Sadiya n l’Euro
– D’ailleurs, toi, na Sadiya tu dois connaître la formule d’imploration
– Et comment ! En plus Yennayer est tout indiqué.
T.O.A
t.ouldamar@yahoo.fr
«Ô Anzar au cœur généreux, le fleuve n’est plus que sable desséché. La clef, c’est toi qui la possèdes, de grâce, libère la source. La terre agonise injecte son sang jusqu’en ses racines. Ô Roi, ô Anzar, notre Mère la terre est sans force, Elle patiente, elle compte sur toi, comme elle a accepté de toi le manque de nourriture. Remplis la rivière de ta sueur et la vie triomphera de la mort. Ô Anzar, ô puissant, Toi qui donnes la vie aux hommes, délivre-les de leurs liens, Toi le remède des blessures. La terre attend, livrée comme une jument, toute à la joie de ta venue. Ô Anzar, Toi qui vis parmi les étoiles. Notre gratitude te sera acquise évidemment si tu nous donnes de l’eau…» Wikipédia