Oued Ghir sur le qui-vive

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Des habitants de plusieurs villages de la commune d’Oued Ghir et l’exécutif municipal de cette APC réclament la fermeture immédiate du Centre d’enfouissement technique intercommunal, installé dans les hauteurs du plateau Sidi Boudrahem, surplombant certaines localités de cette municipalité.

Le motif évoqué par les élus de cette commune et ses habitants, représentés par le mouvement associatif local, est lié à la non-conformité de ce CET avec les normes requises en matière d’hygiène et de préservation de la santé publique. Au début, ce sont les odeurs nauséabondes et insupportables s’y dégageant qui ont agacé la population locale, notamment celle des villages Hellil, Aït Ahmed Oumansour et Mellala, somnolant au pied de ce CET. «Quelques temps après la mise en service de ce CET, des odeurs écœurantes s’y dégagent empestant nos villages. C’est insupportable de vivre dans ces conditions», nous a déclaré K. Hammouche, vice-président de l’APC d’Oued Ghir. C’est la visite d’inspection effectuée par les services de cette municipalité au niveau de ce CET, qui révélera le danger qu’il représente. «Nous avons constaté l’existence d’un écoulement de lixiviat, un produit toxique, tout le long du ravin qui prend sa source du CET, traversant le village Hellil et les terres agricoles limitrophes, avant de se jeter vers l’Oued Soummam», a-t-on lu dans un PV ayant sanctionné la réunion de travail, à laquelle ont pris part, récemment, au siège de la mairie d’Oued Ghir, l’exécutif communal et le mouvement associatif local, ainsi que le directeur de l’Environnement. Selon un spécialiste, les lixiviats «résultent du passage des eaux de pluie à travers les déchets. Leur drainage provoque la formation de différents composés toxiques. Il s’agit d’un cocktail noirâtre constitué de bactéries en tous genres, d’hydrocarbures, de substances chimiques corrosives et de métaux lourds, tel que le plomb et le mercure». Ce professionnel avertit que «la pollution par les lixiviats est irréversible et irréparable». Pire, «l’utilisation d’une eau contaminée par ce produit toxique peut favoriser des pathologies cancérigènes, les malformations congénitales et les mutations génétiques», a-t-il affirmé. Si les élus de l’APC d’Oued Ghir et les présidents des associations locales ont exigé la fermeture immédiate dudit CET, jusqu’à sa mise en conformité le directeur régional de l’Environnement a souligné pour sa part, qu’il n’existe «aucun danger immédiat» nécessitant de fermer le CET. Toutefois, il a rassuré les présents à cette réunion «qu’un bureau d’étude a été engagé pour l’établissement d’une étude qui consiste à dégager la solution adéquate» à ce problème d’écoulement de ce produit toxique, menaçant la santé publique. En outre, il a informé qu’une station d’épuration sera mise en place prochainement au niveau de ce CET. Pour rappel, ce CET a été mis en service en mi-août dernier, par le wali de Béjaïa, M. Ouled Salah Zitouni, pour mettre fin à la décharge communale de Boulimat, sise en amont de la côte Ouest de la commune de Béjaïa. Mais, en l’absence d’un centre de tri, d’une station d’épuration et d’autres normes requises, l’ouverture du CET de Sidi Boudrahem s’apparente «à une délocalisation pure et simple de la décharge de Boulimat et n’a rien d’un CET», a déploré un citoyen de la ville de Béjaïa.

Boualem Slimani

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