«L’artiste est marginalisé»

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Issue d’une famille d’artistes, de père en fils, modeste malgré la beauté et la magnificence de ses œuvres, l’artiste peintre Zizette Bensoula émerveille de par ses œuvres. Mère de quatre enfants et fonctionnaire de l’éducation nationale, Zizette que nous avons rencontrée lors de son passage à la bibliothèque municipale d’Ikedjane, où elle a accompagné la conférence de l’écrivain Brahim Tazaghart par une exposition d’une trentaine de tableaux de sa collection, a bien voulu répondre à nos questions.

La Dépêche de Kabylie : Traditionnelle question, qui est Zizette Bensoula ?

Zizette Bensoula : je m’appelle Zizette épouse Beroua. J’ai 43 ans, mère de 4 enfants et fonctionnaire dans l’éducation nationale. Je suis venue au monde dans une famille artistique de père en fils.

Peut-on connaître vos premiers pas dans le monde de la peinture ?

Il faut dire que je ne suis pas venue dans le domaine de l’art, puisque j’y suis née. Comme je l’ai souligné au début, je suis née dans une famille d’artistes ; donc l’art était tout simplement un don du ciel, une partie de moi, depuis ma tendre enfance. Je me souviens qu’à l’âge de 08 ans, alors que j’étais au primaire, une amie de classe qui avait un père immigré en France, m’a offert une trousse, contenant crayons, pinceaux et tubes de peinture, avec quoi j’ai commencé mon voyage dans le monde des couleurs, de rêves et de lumières. Depuis ce jour, je ne cesse d’aller de l’avant et d’améliorer mon art et mes techniques, à la recherche de l’excellence.

Tout artiste a une muse qui l’inspire, et vous, qu’est ce qui vous inspire?

Bizarrement, c’est la tristesse qui m’inspire. Il y a aussi pour chaque artiste des sentiments enfouis aux fins fonds de lui, qu’il exprime à travers son crayon ou son pinceau.

Quel est votre style ?

Je dessine tout ce qui est visage, exprimant beaucoup de sentiments et délivrant de signifiants messages. Je peux aussi dessiner la nature, mais les visages reflètent beaucoup de choses.

Un artiste-type qui vous fait rêver ?

Mon seul exemple, c’est mon père qui était photographe de guerre et artisan tapissier. Sans oublier mes frères dont l’un est sculpteur et l’autre fabricant de guitares. Donc, pas besoin de chercher loin, je tire tout et je me ressource profondément de ma famille.

Des expositions ?

Oui je suis à mes débuts. Il faut dire qu’il y a trois ans, j’ai fait une expérience non concluante avec quelques expositions ; pour cela, j’ai tout simplement décidé d’arrêter pour repartir du bon pied. Donc, actuellement, j’ai fait une exposition à Sidi Aïch, celle d’aujourd’hui ici à Ikedjane et une autre à Alger. Cette fois, j’espère que c’est parti pour une longue série d’exposition, à travers les quatre coins du pays et même ailleurs.

Comment trouvez-vous la situation de l’art en général et la peinture en particulier dans notre pays ?

Il faut dire que non seulement les gens ne donnent aucune importance à l’art chez-nous, notamment la peinture, mais il y a un vrai travail de l’artiste. Les centres d’intérêts de notre société sont ailleurs. L’artiste est marginalisé même l’Etat ne fait rien pour l’aider. Et pourtant, derrière chaque création, chaque œuvre, se cachent d’énormes souffrances. En ce qui me concerne, heureusement que mes parents sont là. À 22 ans, j’ai reçu de mon père une grande mallette avec toutes les couleurs et 82 pinceaux. Mon mari Danny est aussi là omniprésent à mes côtés, m’apportant aide et réconfort et me poussant toujours à aller de l’avant. Mes enfants, mes amis et mes collègues de travail m’encouragent beaucoup.

Des projets d’avenir?

Oui ! Ouvrir des galeries d’art et des espaces culturels comme cela se fait ailleurs. Ajouter à cela une grande tournée d’expositions à travers le territoire national et à l’étranger. Je sais bien que je vais le faire car je suis confiante.

Un mot pour conclure…

Je suis si contente d’exposer mes œuvres ici à Ikedjane dans ce cadre enchanteur et cette région très accueillante, dont les gens sont très aimables. Je demande à l’Etat de nous aider, car nous avons beaucoup de jeunes talents qui ne demandent qu’un minimum de considération pour faire exploser leur créativité artistique et donner libre cours à leur génie. Je remercie le journal La Dépêche de Kabylie qui m’a offert cette occasion et cet espace pour m’exprimer. Comme je voudrai remercier et donner rendez-vous à ses lecteurs et au public en général, pour d’autres expositions et d’autres aventures dans ce monde des couleurs, d’enchantement et de rêves ; à bientôt.

Interview réalisée par Arezki Toufouti

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