Une option  »sérieuse » en substitut d’un pétrole cher

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La flambée des cours du pétrole fait désormais porter l’intérêt des pays consommateurs en l’occurrence européens sur l’énergie nucléaire en dépit de l’accident de Tchernobyl survenu en 1986.Lors d’une conférence organisée à Paris par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), des ministres et délégués d’une soixantaine de pays dont l’Algérie se sont réunis lundi et mardi pour débattre de l’avenir de cette énergie qui pourrait participer à la lutte contre le réchauffement climatique. Il est vrai que cette source énergétique serait un meilleur substitut du pétrole, qui se fait de plus en plus rare et cher pour les acheteurs telle l’Europe. L’on considère aujourd’hui que le nucléaire « n’a pratiquement d’émissions du CO2 », mais le risque de son utilisation par des groupes terroristes n’est pas à exclure. La crainte des émissions de gaz à effet de serre dépasse selon le président de l’AIEA, Mohamed El-Baradeï, les accidents nucléaires ce qui fait qu’aujourd’hui « l’énergie nucléaire est en train » de « retrouver du crédit » en tant qu’option sérieuse, une source clé d’énergie ». Reconnaissant, toutefois, le coup sévère porté à ce type l’énergie par l’incident de Tchernobyl, le premier responsable de l’agence regrette cependant que les dirigeants n’aient aujourd’hui pas fait suffisamment de publicité à toutes les dispositions devant être prises depuis pour éviter qu’un autre danger nucléaire ne puisse se produire. En revanche, il indiquera que depuis l’entrée en vigueur du Protocole de Kyoto, les nouvelles perspectives de cette énergie exclusivement sur le long terme se sont améliorées. Mais il reste encore beaucoup à faire selon le conférencier. Il faut dire ainsi que les mesures à prendre pour empêcher le vol ou la disparition des matières fissiles utilisées dans les centrales, ainsi que les garde-fous visant à empêcher la prolifération nucléaire, sont ainsi à l’ordre du jour de la conférence. L’autre préoccupation de l’heure serait le nucléaire iranien, une question qui a été débattue par les participants. Les activités d’enrichissement d’uranium étant suspendues depuis l’an dernier, l’Iran poursuit le dialogue avec la Troïka (France, Allemagne, Grande-Bretagne). « J’espère que le dialogue va se poursuivre entre l’Iran et les Européens, avec le soutien des Etats-Unis. C’est la meilleure approche, un dialogue qui se fonde sur la diplomatie », a déclaré devant la presse El-Baradeï. Pour la France, son ministre délégué à l’Industrie, Patrick Devedjian, dont le ministère accueille la rencontre, c’est le prix du baril de pétrole incontrôlable et qui croît de manière inconsidérée, « qui oblige les Etats qui n’en ont pas ou qui en sont dépendants à trouver des solutions alternatives ». Lundi matin en Asie, le baril pour livraison en avril était à 56,75 dollars, soit 3 cents de plus que les 56,72 dollars atteints vendredi en clôture à New York. « C’est l’envolée des cours du pétrole qui fait le succès du nucléaire », a-t-il ajouté en rappelant que la France, grâce au choix fait dès les années 70, a aujourd’hui une indépendance énergétique de 50% contre 26% à l’époque. Les prévisions de l’AIEA estiment une production globale d’énergie nucléaire de 427 gigawatts en 2020, soit 127 centrales supplémentaires de 1.000 mégawatts de plus que des estimations précédentes. La Chine envisage de faire passer sa production d’énergie nucléaire électrique de 6,5 gigawatts aujourd’hui à 36 gigawatts en 2020, alors que la capacité de l’Inde sera « accrue d’ici 2022 ». En Russie, sa production passera de 22 gigawatts actuellement à 40-45 gigawatts en 2020, selon les chiffres de l’Agence.Notons enfin que de nombreux pays s’intéressent aujourd’hui au nucléaire, comme l’Indonésie, le Vietnam, la Turquie ou le Nigeria.

S. Bouras

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