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«J’avoue que tous ont bien accueilli l’initiative»

Ingénieur de formation, Massinissa Sebai et le président de l’association «Agir» et initiateur du projet «Eco-Djurdjura». Il revient dans cet entretien sur les principaux contours de la déclaration pour l’environnement et sur le projet Eco-Djurdjura.

La Dépêche de Kabylie : Votre déclaration sonne comme une alarme pour la protection de l’environnement à Bouira. Pouvez-vous nous parler davantage des motifs de sa rédaction et nous dire quels sont les véritables objectifs de cet appel ?

Massinissa Sebai : Cette déclaration est le fruit d’un travail collectif, notamment celui des participants au projet Eco-Djurdjura durant le dernier atelier animé par Karim Tidjani que je remercie. Avec la mise en place de ce programme de formation, l’objectif est de renforcer les capacités techniques et d’animation des jeunes cadres et animateurs associatifs de la wilaya de Bouira dans la thématique environnementale. Donc, il allait de soi qu’il fallait aboutir à des bases qui seront utilisées comme support de plaidoyer en faveur du respect de l’environnement dans notre wilaya. Dès lors, cette déclaration-qui si je m’abuse est l’une des rares initiatives dans la wilaya de Bouira qui émane d’un réseau d’associations locales-en est un des outils sur lesquels on se reposera dans nos démarches futures. Cette déclaration a une spécificité aussi, car on la voulait simple, claire, courte et surtout personnalisable, pour que toute région d’Algérie puisse l’utiliser et la nommer de son nom, car elle incarne les principaux axes relatifs au respect de l’environnement. Par ailleurs, il faut retenir aussi que cette déclaration annonce et jette les ponts d’une charte environnementale sur laquelle nous continuons à travailler et qui sera prête avant la fin du projet Eco-Djurdjura.

L’appel a été déjà lancé sur internet, sur les réseaux sociaux et sur divers groupes, connaît-il une réaction positive de la part des internautes ?

Tout à fait, à vrai dire les NTI (Nouvelles Technologies d’Information) permettent de diffuser l’information en un temps record. La déclaration a été partagée par plusieurs groupes et réseaux dans l’espoir d’atteindre un large public, car au final, l’objectif est d’attirer l’attention des uns et des autres sur la sensibilité de la question de l’environnement et de ses enjeux et surtout son impact désastreux sur notre vie. On peut déjà voir clairement de nos jours les résultats du non-respect de notre environnement et sa dégradation.

Vous comptez lancer des pétitions… Ça sera pour quand ?

La déclaration peut d’ores et déjà être signée via internet. D’ailleurs, nous invitons l’ensemble de nos concitoyens, toutes classes confondues, qu’ils soient artistes, journalistes, chercheurs, représentants de la société civile, administrateurs, pouvoirs publics, élus locaux, parlementaires et sénateurs, à y adhérer en la signant et en la faisant signer.

Quelle sera la prochaine étape ?

Je dirai plus tôt les prochaines étapes, car la thématique en mérite plus qu’une, donc comme j`ai eu à le mentionner en haut, cette déclaration donne naissance à un groupe de travail sur une charte de l’environnement de la wilaya de Bouira, qui sera enrichi avec la contribution de différents intervenants, pour bénéficier de leur expériences. Sur un autre volet, le projet Eco-Djurdjura continuera ses étapes, y compris l’aspect formation, mais aussi d’autres actions que vous aurez l’occasion de découvrir au fur et à mesure.

Cet appel, sera-t-il généralisé à d’autres régions du pays ?

C’est notre plus grand souhait, à savoir voir d`autres initiatives de ce genre dans d’autres régions d’Algérie, et c`est dans cette optique que nous avons veillé à ce que le texte soit le plus simple possible et accessible avec une forme de flexibilité pour qu’il soit personnalisable.

La déclaration s’inscrit dans le cadre de votre projet Eco-Djurdjura, pouvez-vous nous en dire davantage, notamment de sa désignation projet «Cop-21» ?

Ce projet nous l’avons intitulé «Eco-Djurdjura : Un lieu de formation, Un carrefour d’expression, Un laboratoire d’idées», que nous réalisons avec le soutien du Service de Coopération et d’Action Culturelle (SCAC) de l’ambassade de France à Alger, que nous remercions au passage pour cet accompagnement. Il consiste à éveiller la conscience des jeunes de la wilaya de Bouira à l’écocitoyenneté. Ce processus d’éducation à l’environnement s’appuiera sur des actions de terrain tout en favorisant la mise en réseau des associations locales de cette région afin de renforcer leurs capacités d’actions et de pérenniser le projet localement. Le projet «Eco-Djurdjura» vise à faire connaître, aimer et protéger la nature et l’environnement. S’agissant de la labellisation de notre projet comme «PROJET COP21», il se trouve qu’il y a eu une sélection mondiale des projets qui traitent de la protection de l’environnement par l’ONU durant la COP21 de Paris et il a été décidé de donner ce label aux projets réalisés par des associations, des collectivités locales, des multinationales, des réseaux… pour les encourager à continuer d’agir pour la planète. Et nous sommes très fiers que notre projet ait été sélectionné fiers pour l’Algérie, d’autant plus que notre projet est le seul à avoir été labélisé dans toute l’Afrique du nord.

Justement, en novembre dernier, vous aviez exposé les alentours du projet, devant une centaine de participants du monde à la conférence Cop-21, comment a-t-il été accueilli à l’étranger ?

Durant la présentation, notre projet a attiré l’attention des présents. Il est vrai que l’écologique est l’un des problèmes majeurs de la planète après celui de la sécurité. Il y va en effet de l’avenir des futures générations. Les participants ont voulu comprendre plus l’approche participative que nous avons favorisée dans notre projet, car sans un travail de partenariat entre les représentants de la société civile, des pouvoirs publics et des collectivités locales, le projet ne peut aboutir. Il est donc impératif que tout le monde participe. Notre projet n’est qu’une goutte d’eau dans un océan, mais nous essayons d’agir.

Qu’est-ce qui vous a poussés à adopter un tel projet pour la wilaya Bouira ?

A vrai dire, nous avons réfléchi à un projet de dimension nationale, mais à force d’étudier le contexte local, nous nous sommes aperçus qu’il y avait un besoin très sensible dans notre région, nous nous sommes alors dit : «Win Yevghan lewqama ad Yezwir deg ath wekham». Par ailleurs, il faut aussi savoir que notre région possède un potentiel naturel important qui est en proie à une réelle dégradation, et il faut le préserver et le protéger à tout prix. Le territoire de notre wilaya s’étale sur le versant sud du Djurdjura et renferme le sommet le plus élevé du nord algérien ‘’Lala Khelidja’’ qui constitue le point culminant du Djurdjura et qui atteint une altitude de 2308 m. Il y a également trois cours d’eau principaux, «Assif Assemadh» à l’Ouest et «Assif Iwaquren» à l’Est confluent avec «Assif n Sahel» qui arrose les plaines fertiles du sud. Notre wilaya offre des potentialités touristiques indéniables et intéressantes pour le développement économique, dans un cadre de respect de l’environnement, un tourisme de détente et de plein air vu la diversité et la beauté des paysages : les espaces montagneux et forestiers de Tamgout, les sites climatiques de Tikjda, les sites historiques de Lvarj Aomar et les plans d’eau de Tala Rana et l3inssar Averkane. Ajoutant à cela ces magnifiques sites pittoresques que constituent nos villages, je citerai «Tadart Iwaquren» niché au sommet de majestueuses montagnes aux arbres millénaires, patrimoine séculaire inégalable.

Rencontrez-vous des difficultés dans la concrétisation du projet ?

Sachez qu’il n’y a que celles et ceux qui n’essayent pas qui ne rencontreront pas de difficultés. Des obstacles existent comme partout, toutefois, nous sommes déterminés à aller de l’avant et à continuer à agir et c’est le plus important pour nous. «Win yetruzun assalu, i tedu aken yufa maci aken yevgha», nous avons adopté cette devise comme principe.

Comment les autorités locales et les citoyens ont-ils accueilli votre projet ?

J’avoue que tous ont bien accueilli l’initiative. Et nous continuons à recevoir des encouragements, ce qui nous pousse à faire encore plus.

Y aura-t-il d’autres ateliers pour l’environnement prochainement ?

Absolument. Le programme de formation «Défis d’Avenir» continuera avec encore plus d’intervenants et diverses thématiques liées à la protection de l’environnement et du développement durable. Des ateliers de formation autour du compost, du recyclage d’objets, de la plantation, de l’eau, des énergies renouvelables, etc. Les expériences et les savoir-faire traditionnels serviront d’appui aux ateliers, grâce à l`apport de nos partenaires. Des pratiques collectives, raisonnées et militantes seront introduites. Des rencontres-débats entre citoyens et intervenants, des échanges et analyses d’expérience avec des porteurs de d’autres projets seront également menés. Les expositions itinérantes et les publications qui en découleront seront diffusées.

Quels sont vos objectifs à long terme pour Bouira ?

Notre plus grand objectif pour Tuviret est de pouvoir redynamiser l’action associative et la participation des uns et des autres dans un environnement de vivre ensemble, sans se poser de fausses questions, mais plutôt en participant à l’épanouissement de notre société. Tout ça passera sans doute par un tissu associatif capable de relever ce défi.

Un mot pour conclure…

Mon mot de la fin sera plus un appel à l’ensemble des concitoyennes et concitoyens, tous âges confondus et toutes les classes inclues, pour qu’ils prennent conscience de l’importance de la sauvegarde de notre environnement, la préservation de notre biodiversité et la protection de nos écosystèmes, car sans leur pérennité nous mettons en danger notre futur. Il est donc plus que jamais temps d’AGIR en commençant par adopter les gestes les plus basiques pour développer un éco-comportement et des éco-attitudes et les transmettre dans l’espoir de sauvegarder notre patrimoine naturel et soulager notre planète

Entretien réalisé par Oussama.K.

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