Boumessaoud se souvient

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Il y a de cela quatre ans, le 23-01-2012, qu’a disparu à jamais l’un des grands pionniers de la chanson algérienne et kabyle en particulier, le maestro Da Cherif Kheddam, lequel a su donner un cachet particulier à la chanson algérienne d’expression Kabyle, « puisé dans différentes ondes musicales orientales, dont le Nahawend Egyptien, el Hidjaz du Liban ainsi que le Kurdi irakien qu’il a combiné avec la chanson du terroir Berbère, pour en former son propre style musical », selon Amlayas Boukhoulef, vocaliste chaâbi et oriental du groupe « Asmekthi », qui a rendu un hommage solennel à l’artiste en interprétant plusieurs de ses chansons.

Par ailleurs, un riche programme a été confectionné par l’Association Cherif Kheddam de Boumessaoud, village natal de ce Beethoven Kabyle, avant-hier, à savoir exposition non stop sur l’œuvre et le parcours de l’artiste, visite guidée dans le village et notamment la maison de Dda Cherif, recueillement avec dépôt de gerbes de fleurs sur la tombe de ce monument au talent inégalé où une Fatiha a été lue sur les lieux par le Cheikh du village. Comme il y avait eu aussi plusieurs activités au menu, notamment des sketchs, lecture de poésie par Mohand Maouchi qui a rendu un vibrant hommage dans un grand où il avait résumé l’essentiel du répertoire de ce phare de la chanson universelle dont l’œuvre est adaptable à tous les âges et à tous les temps qui a consacré toute sa vie à chanter , l’exclusion, la guerre, l’amour de la patrie et de la femme dans se différentes facettes , en consacrant à cette dernière de nombreux textes, la citant, en tant qu’épouse ,sœur et mère , à qui d’ailleurs , il a dédié son 1er succès «Ayelis tmourthiw» (la fille de mon pays ),qu’il a enregistrée à compte d’auteur en 1955 en France où il a émigré , d’ailleurs ,c’est, celle-ci qui lui a ouvert les portes de la gloire en décrochant un contrat avecPathé Marconi, une maison d’édition, où figure déjà Slimane Azem, aux côtés des vedettes de la chanson égyptienne de l’époque , notamment, Mohamed Abdelwahab et Farid El Atrache. Ce poète visionnaire, ne s’est pas arrêté en si bon chemin, il a continué dans sa lancée , en écrivant divers sujets ,ayant pour thèmes, la misère, la paix , la lutte identitaires et encore d’autres sujets touchant la société ,comme le démontrent ses chansons, : «Achhal davridh i yasligh Iyemma Thenad Anagh…» (Combien de fois ai-je entendu ma mère dire : «Oh ! fils, je n’ai plus de lait dans ma poitrine à te donner, la famine m’a affaiblie ), comme il a écrit aussi un texte sur la condition de la femme , dont ,il est un fervent défenseur : «Dhachou i dh lahdjav n’T Harith…(Le garde fou d’une femme réside dans la préservation de son honneur et non par la protection du voile).Da Cherif a chanté aussi l’exil en se posant la question : «Anda Lane yergazen anagh…» (Où sont nos hommes ? Quel est ce vent qui les a poussés vers l’exil ? ).Da Cherif , n’est pas uniquement un géant des compositions musicales, mais il est également ,un éclaireur et un veilleur des consciences en conseillant aux futures générations ,dans sa chanson fétiche : «Loukan d’tsoughal thamzi …» (Si la jeunesse reviendrait un jour je referai tout mon parcours afin de pouvoir rattraper tous ceux qui m’ont dépassé», pour se projeter vers l’avenir tout en évitant, les errements de la jeunesse. Aujourd’hui , les compositions de cet illustre artiste sont écoutées au-delà de nos frontières, et sa musique est reproduite dans plusieurs conservatoires du monde, selon les témoignages de plusieurs acteurs du monde artistique et culturel . Par ailleurs ,une conférence débats sur la discographie et le parcours de l’artiste devait être animée par Abdenour Abdeslam , mais ce dernier après ‘s’être recueilli sur la tombe de Da Cherif, a vite quitté le village en nous déclarant «Je conteste le fait que sur la tombe de ce défenseur de notre langue Maternelle l’épigraphe «AMAZIY» n’existe pas malgré mes remarques faites à l’association depuis une année , ainsi , je ne peu cautionner cela . Voilà pourquoi je quitte immédiatement le village»,dira-t-il indigné . Suite à ce revirement , nous avons contacté , Murakh Amar , président de la dite association ,celui-ci nous expliqué «que ce n’était pas une négligence de notre part ,mais comme vous le constatiez , le village est en chantier y compris le cimetière qui sera entouré d’une muraille en pierres taillées, quant aux écriteaux en Tamaziyt , se sont tous les sites du village qui porteront les épigraphes de cette langue millénaire y compris la tombe de Dda chérif à qui nous devons beaucoup ,et ceci se fera sans doute dans les prochains jours», a-t-il souligné . Cependant afin de ne pas chambouler le programme , la conférence a été animée par d’autres acteurs désignés sur place qui ont apporté leurs témoignages sur l’œuvre et la vie de ce grand homme de culture ;à savoir le poète documentariste Ahcène Mariche «Dda Chérif est une école où j’ai appris tant de choses ,c’est lui qui m’a inspiré à aimer l’art, j’ai appris pas mal de ses chansons , comme , j’ai eu l’honneur d’être reçu chez-lui à Sidi Youcef ,Bouzareah ,en 2006 dans le cadre d’un film documentaire sur son parcours que je suis d’ailleurs entrain de finaliser ,comme je lui avait dédicacé mes deux premiers recueils de poésies tout en m’encourageant de persévérer dans cette voie . j’admire sa simplicité et son talent monumental . C’est un géant dont les œuvres restent éternelles» , a-t-il notifié . L’autre orateur c’était Kacioui Mustapha S.G de la daira d’Iferhounène qui a raconté une anecdote «Un jour à paris ,un turc de passage devant un disquaire , attiré par une musique qu’il ne connaissait pas ,mais qui lui a beaucoup plu ,il est rentrée à l’intérieur du magasin ,et a demandé «de qui est cette composition ; le disquaire lui avait répondu que c’est une musique Kabyle de Chérif Kheddam ,et le Turc a acheté tous les disques de Dda Chérif», a-t-il témoigné ceci pour dire comment un musicien de l’envergure de Cherif Kheddam a su propulser la musique Kabyle au-delà de nos frontières ; De son côté , Ait Hammou Sadi élu APW , dira quant à lui que Dda cherif est un spécimen rare et que les hommes de sa trempe ne disparaissent pas» . D’autres parts le maire d’Imsouhal abonde dans la même direction que ces prédécesseur en apportant son témoignage sur Dda chetrif ,lequel a-t-il dit «est un grand chanteur d’envergure nationale et internationale dont notre commune ne ménagera aucun effort pour apporter son aide au village Boumessaoud qui a enfanté ce grand monsieur qui a sorti notre région et la Kabylie toute entière dans l’ombre , merci Dda cherif ! Tu resteras toujours vivant dans nos cœurs» ; Cependant , il faut noter la présence de la nouvelle directrice de la culture de la wilaya de Tizi-Ouzou , en l’occurrence ,Mme Gouméziane Nabila , Tahar Boudjelil et d’autres personnalités du monde artistiques et culturelles. Comme, il est à noter qu’une minute de silence a été observée à l’ouverture et à la clôture de cette cérémonie à la mémoire de ces trois grand Messieurs , qui ont lutté des années durant pour les libertés et la démocratie dans notre pays ,qui par les armes ,qui par la plume ,qui par la chanson ou la politique ,à savoir ,Si El Hafid Yaha , Taleb Rabah et Cherif Kheddam et tant d’autres encore … . Qui de nous n’a pas été bercé par les mélodies de Dda Chérif , dont , l’œuvre restera à jamais une source où pourront s’abreuver les générations à venir.

A.M

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