Malgré la prohibition de la commercialisation du sachet noir, ce dernier n’a pas disparu du décor ni n’a été retiré des rayons.
Le sachet en plastique, notamment de couleur noire, a fait couler beaucoup d’encre quant à son éradication du paysage, mais que dalle ! Mené tambour battant par les pouvoirs publics pour inciter les fabricants à ne plus produire ce fameux sachet, ce dernier continu à se la couler douce, dandinant de main en main. Échoppes, supérettes, épiceries… continuent paisiblement à user du sachet noir, pourtant, interdit de commercialisation. Toutefois, il y va de l’intérêt des consommateurs de refuser ce type de sachet, car cela peut nuire à leur santé sans qu’ils ne se rendent compte. D’ailleurs, les commerçants commercialisent ledit produit sans se poser trop de questions, prétextant que les autorités compétentes sont habilitées à intervenir directement pour retirer définitivement ce produit du marché. «Les fabricants devant être sanctionnés en premier lieu. Les commerçants ne sont qu’un maillon de cette chaine», avance, sans ambages, un épicier de la ville de Sidi-Aïch. Pourtant, des alternatives à l’usage du sachet en plastique s’offrent aux consommateurs sans vraiment nuire à leur santé et à dame nature. L’usage d’un emballage conventionnel et respectueux de l’environnement est du ressort des autorités publiques qui doivent veiller au grain, de surcroit, préserver la santé du consommateur. Il est révolu le temps où le panier de jonc tressé et autres couffins de nattes de roseau, de doum… portant allégrement des denrées alimentaires et autres victuailles. Des produits nobles et écolos, faisant les beaux jours des artisans locaux, notamment ceux des Ath Waghlis. Cette tribu conserve jalousement un artisanat propre à la région, la fabrication d’objets artisanaux en doum. Chapeaux, couffins, tapis… sont confectionnés par des mains de maître, souvent des femmes, et que d’aucun ne s’en passe d’utiliser au quotidien. Le village Ayaten, relevant de la commune de Souk-Oufella, est connu pour être l’un des pionniers dans l’art de la confection en doum (usran) qui lui ont valu une notoriété au-delà des frontières. Ledit produit est réputé non biodégradable, et qui nécessite plus de trois siècles pour se désagréger dans la nature, avec comme effet corolaire, la contamination des sols. Par le gré du vent, ledit sachet volette autour des cités urbaines et suburbaines, des bourgs et maquis. Il s’accroche aux buissons, gît sur le sol… le sac noir résiste dans l’espace et dans le temps à toutes les conditions, c’est dire à tel point qu’il ne se laisse pas faire. Le tableau peint est noir, car la laideur s’invite à tous les niveaux, en sus, la liste noire des déchets ne cesse de s’alourdir. En terre ferme ou en mer, le constat est plus qu’alarmant. Plus de 80 % de la pollution des mers provient des activités humaines sur la terre ferme. Des sacs en plastique aux bouteilles de tout genre, les plupart des déchets produits sur terre finissent à un moment donné dans les mers. Soit parce qu’ils sont déposés volontairement, soit par l’intermédiaire des canalisations et des fleuves. Tout ce fatras occasionne des dégâts irréversibles sur la vie aquatique, notamment le plastique qui met plus de temps à se décomposer et qui se trouve très souvent dans les estomacs des baleines, poissons pélagiques et benthiques, otaries, dauphins… Déjà l’eutrophisation à outrance ne cesse de gagner du terrain, et où l’écosystème est agressé à plus d’un titre. Les pressions anthropiques infligent un lourd tribut à Dame nature, d’autant plus que l’impénitence des pollueurs occasionne des pertes énormes et du point de vue économique et social. Toutes les prévisions tendent à dire que le plastique constitue un réel danger pour l’écosystème, dont les répercussions se ressentent déjà. Au préalable, une étude de la fondation Ellen Mc Arthur indique qu’en 2050, il y aura plus de plastique que de poisson dans les océans. La production mondiale de plastique culminait à 310 millions de tonnes en 2014. Un tiers finit dans la nature dont une grande partie est charriée vers les mers. La même étude rapporte que 150 millions de tonnes de plastique flottent sur les océans. En 2025, il y aura une tonne de plastique pour trois tonnes de poisson puis en 2050, les dépôts de plastique surpasseront les quantités de poisson. L’étude ajoute que de véritables îles se sont formées avec le jeu des courants, même si des mesures étaient prises pour réduire les flux, le volume ne pourrait que se stabiliser. Pratiquement, «l’agent pollueur», qu’est le sachet noir, est présent dans tous les lieux sans difficulté aucune, menant ainsi la vie dure aux écologistes et qui leur fait voir les pires scénarios. De même, des petites fabriques, souvent informelles, continuent d’écouler ce produit indésirable sans être inquiétées par les agents de la répression des fraudes et autres organismes, censés veiller sur la santé du consommateur. Et à dessein de contourner la loi, interdisant la fabrication et la commercialisation des sachets noirs, des fabricants sans scrupules ont trouvé la parade de mettre sur le marché une palette chromatique, proposant des couleurs à volonté. Qu’il soit jaune, blanc, rose, bleu… la couleur ne renseigne guère sur le niveau de toxicité desdits produits, et encore moins sur les ingrédients ayant servi à produire ces différents sachets. Produit à partir de polymères respectueux de l’environnement ou pas, le citoyen lambda ignore ce genre de procédé auquel il n’accorde pas de crédit. Pour le moment, l’impénitent emballage poursuit son petit bonhomme de chemin, tout en ayant pignon sur rue auprès d’une population, peu tatillonne et moins scrupuleuse à l’idée d’utiliser des produits écologiques et moins néfastes. L’habitude invétérée des fabricants de ce type de sachets, écoulant sans vergogne leur produit à travers le territoire national, au grand dam du consommateur algérien, ne fait qu’accentuer le sentiment d’une absence totale des autorités, devant jouer le rôle de gendarme dans ces cas de figure. Les pouvoirs publics sont appelés à réagir vite et à mettre le holà aux multiples violations des droits du consommateur.
Bachir Djaider.

