Les effluves de margines, d’ordinaires si imprégnantes en période d’olivaison, ne titillent presque plus les narines.
Immense parc oléicole s’il en est, la commune de M’cisna s’apprête à boucler une campagne de cueillette aussi chiche qu’éphémère. Les moulins, qui, à vrai dire, n’ont pas tourné à plein régime, achèvent de triturer les derniers tas d’olives. La plupart des oléiculteurs ont déjà engrangé leur fruit oléagineux et rangé leurs attirails de récipients, de gaules et autres filets de récolte, en prévision de la prochaine olivaison. «C’est une campagne à mettre aux oubliettes. Tout le monde vous le confirmera ; la récolte n’a jamais été aussi maigre», atteste un oléiculteur tenant une huilerie à quelques encablures du village Sidi Said.
La seule consolation, relève-t-on, réside dans le rendement. Celui-ci, nous informe-t-on, tourne bon an mal an, autour de 30 litres par quintal. «Le rendement a accusé un léger recul mais en général, il est acceptable. Il y a même des exploitants qui ont enregistré des pics à 33 l/q», témoigne un fellah du village Imoula. C’est qu’Azeradj, la variété d’olive dominant les vergers oléicoles de la région, est réputée pour sa forte teneur en huile. Cela explique largement le niveau appréciable des rendements obtenus, favorisé il est vrai, par la cueillette tardive des baies, lesquelles ont eu tout le temps pour se gorger d’huile. D’aucuns avancent, par ailleurs, que la sécheresse qui a régné sans partage, n’y est pas étrangère. Très peu imbibés d’eau de pluies, les fruits ont accumulé un maximum de matière grasse végétale et, à la trituration, elles ont restitué de grosses quantités d’oléagineux pur. Mais les gens sont de l’avis que le drame vient de ce que le volume des récoltes soit tombé si bas. Des propriétaires de vergers soutiennent avoir perdu, en l’espace de quelques années seulement, plus de la moitié de leurs récoltes. «D’année en année, ma récole subit une véritable cure d’amaigrissement. C’est une constante», dira, effaré un exploitant du village Tighermine. «Le recul est, certes, patent, mais si l’on ose une comparaison avec les années 1970 et 1980, on ne peut qu’être glacé d’épouvante», renchérit, avec des relents d’amertume, un autre paysan du village Ighil Ouantar. Le pire est, sans doute, à venir, pense-t-on. Et l’on commence d’ores et déjà à scruter le ciel, en quête d’une hypothétique perturbation atmosphérique qui viendrait redonner espoir aux paysans. «L’olivier a besoin d’être abreuvé et revigoré dès à présent, pour garantir sa floraison au printemps prochain», dira un fellah de M’cisna.
N. Maouche