Les légendaires forêts de la région de M'Chedallah sur lesquelles s'est produite une fulgurante reprise du tissu végétal après les incendies en série qui les ont totalement ravagées durant la décennie noire, subissent, depuis ces cinq dernières années, une autre forme d’agression qui consiste en l'ouverture de pistes qui les labourent dans tous les sens.
En effet, après la réalisation des pistes forestières destinées pour la lutte anti-incendie et la lutte anti-terroriste, s’ensuivent d’autres servant à l’acheminement de matériaux pour divers ouvrages d’utilité publique, dont la majorité sont tracées en parallèle sur des dizaines de kilomètres, dont la moins large fait 12 mètres. Un cas de figure constaté au niveau de la luxuriante forêt d’Assif Assemadh, dans les communes de M’Chedallah et Saharidj, où en plus de la piste tracée en plein cœur de cette forêt qui s’étend sur des milliers d’hectares par l’entreprise chargée de la réalisation de la nouvelle ligne électrique de haute tension, une autre piste est ouverte pour la réalisation d’une conduite de transport d’AEP à partir du captage de la source noire (Lainser Averkane) d’Imesdhurar, commune de Saharidj, au profit des villages Ath Lembarek, Aht Yekhlef et Assif Assamadh, relevant administrativement de la commune de M’Chedallah. Toutes ces pistes réalisées ont été laissées telles qu’elles après réception de ces ouvrages. Mais ce n’est pas tout ! Les travaux d’ouverture d’une quatrième piste sont lancés depuis plus de six mois pour la réalisation de la conduite du transport du gaz naturel à partir d’Ath Hamadh vers les localités Ouest de la commune de M’Chedallah, d’Ath Yekhlef jusqu’à Assif Assemadh, avec une autre conduite de raccordement à partir d’Achaivou, dans la commune de Saharidj ; c’est-à-dire, ce projet du gaz naturel nécessite l’ouverture de deux pistes qui traverseront ces espaces forestiers de part en part. Mise à part la première piste réalisée de manière à servir de voie d’accès permanente, le reste ne servira à plus rien après réception desdits projets, et ce, sans omettre les incalculables dégâts causés sur le tissu forestier. Il est à signaler que les premières pistes ont été réalisées depuis plus de six ans pour la plus récente, et constituent à l’heure actuelle des blessures béantes qui sillonnent de long en large ces forêts de Tizi Ghran, Thifetiwejeth, Tizi net gheten, Vou thiserfine, entre autres vastes espaces forestiers de ce tissu végétal des plus importants après celui de Chréa. La question qui vient à l’esprit après ce constat est pourquoi la dernière clause de « remise en état des lieux » que comporte obligatoirement tout marché et cahier des charges n’est pas appliquée? Dans ce cas de figure, les remises en état sont en toute logique des opérations de reboisement qui n’ont jamais vu le jour en ces lieux. Signalons pour boucler la boucle que depuis ces deux dernières années, une autre forme d’agression qui cause aussi d’importants dégâts sur le tissu végétal est le défrichement débridé par des citoyens sur les terrains forestiers. Ces pratiques prennent de l’ampleur d’année en année. On citera à titre d’exemple des forêts d’Adrar Seguane, dans la commune d’Ath Mansour, où ces défricheurs utilisent de gros moyens, tels que des bulldozers, des chargeurs et autres engins de travaux publics, pour dénuder les surfaces ciblées. Au moment où toute la planète met en place des mécanismes de protection des surfaces végétales, de l’environnement, les légendaires forêts de M’Chedallah se réduisent comme une peau de chagrin, et ce, à cause de toutes ces agressions à répétition.
Oulaid Soualah

