Décidément, les villageois de Kabylie sont en passe de reprendre toutes les habitudes et traditions ancestrales, à l’image de cette « nouvelle-ancienne » culture de solidarité en toute chose dont celle des veillées funèbres qui ne passent pas inaperçues dans la région de M’Chedallah. En effet, dans cette dernière, le douloureux événement d’un décès d’une femme ou d’un homme est annoncé par voix d’affichage au niveau des place publiques, sur les devantures des cafés et dans d’autres endroits où se regroupent les citoyens (nos ancêtres le faisaient jadis à la criée par le biais d’un averah). Une annonce qui fait rappliquer de nombreux citoyens de la totalité des communes et des Aarchs de la daïra de M’Chedallah vers la maison mortuaire, soit pour présenter les condoléances aux proches et parents du mort soit pour y veiller jusqu’au matin en plus d’accompagner la dépouille jusqu’au cimetière pour assister à la cérémonie funèbre. L’affluence des citoyens, notamment des jeunes, vers les maisons mortuaires a commencé à prendre de l’ampleur depuis l’avènement du terrorisme qui a vu de véritables marées humaines rappliquer au domicile de chaque victime de la bête immonde dans un élan de solidarité. Cela signifiait également une forme de résistance et de soutien mutuel, une soudure de la société civile face aux hordes de ces sanguinaires. Un nouveau comportement qui a fini par s’installer définitivement et qui a pris les formes d’une nouvelle culture qui fait renaitre de ses cendres l’esprit de fraternité qui a cédé du terrain à l’individualisme et au chacun pour soi. Il ne serait nullement exagéré de dire que la traditionnelle vie communautaire faite de solidarité et d’entraide de jadis est en train de reprendre ses droits.
Oulaid Soualah