Le phénomène mériterait bien d’être soulevé! Cette année et contrairement aux ans précédents, les cigognes, ces échassiers aux pattes longues et effilées, ont rappliqué dans le nord du pays très précocement, chose qui a laissé interloqués les gens les plus avertis. En effet, comme il est connu, ces oiseaux migrateurs affectionnent le climat doux et printanier, d’où leurs pérégrinations en masse des pays européens du nord jusqu’au pays du nord Afrique. Cette année, une fois n’est pas coutume, les cigognes ont « pris » tout le monde de court, en rappliquant en pleine saison hivernale! Nous avons constaté ahuris, le retour précoce de ces oiseaux vers la mi-janvier dernier. Et c’est au village de Toghza, dans des mares de l’oued Sahel qui traverse cette localité que nous avons remarqué la présence de dizaines de cigognes en train de se « barboter » dans les eaux de cette rivière. Ce retour n’a rien de normal, du moment que d’habitude, ces échassiers font leur apparition dans la région à partir du mois de mars; période de nidification et de copulation chez cette espèce d’oiseaux migrateurs. Les comportements anormaux des animaux révèlent qu’il y a des choses qui ne tournent pas rond dans l’écosystème, dont on ne saisit pas l’importance. Sous d’autres cieux, ce retour très précoce des cigognes, faut-il le souligner, aurait « fait » la une des journaux, car cela révèle qu’il se passe quelque chose de bizarre dans l’environnement et la nature en tout. Les animaux demeurent toujours ce « baromètre » qui nous renseigne sur les faces cachées de la nature et ses changements « secrets et inexpliqués ». Le retour de ces échassiers ne renseigne-t-il pas sur le dérèglement climatique ? Ce dernier est en train de nous jouer des tours, avec des étés « indiens », de longues périodes de sécheresse entrecoupées de pluies diluviennes de très courte durée, des taux anormalement élevés d’humidité…Bref, la nature a perdu le nord! Sur un autre registre, les cigognes qui ont rappliqué depuis quelques semaines déjà ont trouvé refuge dans les localités que compte la commune de Chorfa, pour ne citer que celle-ci. On dirait qu’elles affectionnent cette région, où elles vivent en paix, sans être dérangées. Au chef-lieu communal de Chorfa, à l’extrême Est de la wilaya de Bouira, nous avons constaté dernièrement ce « déferlement » des cigognes, lesquelles ont construit des nids. Il y aurait une cinquantaine au total. Ces gigantesques nids sont érigés sur les faîtes des immeubles, sur les pylônes et sur les dômes et les minarets des mosquées. L’arrivée de ces visiteurs inattendus, venant de lointaines régions humides et chaudes, ont vraiment égayé les lieux, avec leurs becs orange, leurs beaux plumages, leur imposante silhouette et leurs ailes déployés qui subjuguent surtout les petits enfants, qui les observent en criant: »Ibellirej ! ibellirej ! » (Cigogne ! cigogne !).
Y. Samir