La charrue avant les bœufs

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Le bruit du marteau piqueur était infernal ! L’homme, qui n’est ni un activiste politique ni un homme de culture mais juste un citoyen (fellah de son état), regardait, d’un air désabusé ces semblants de travaux. Son regard reflétait la désolation et l’incompréhension. Il y avait de quoi, car devant lui l’absurde étalait tout «son savoir faire», sans aucune honte ni retenue. La scène que nous décrivons aurait pu se passer dans n’importe quelle commune de ce vaste territoire appelé Algérie. Mais ici, cela se passe au niveau de la commune de Timizart, relevant de la daïra d’Ouaguenoun. En effet, à peine les travaux de revêtements en carrelages des trottoirs achevés (opération qui à pris plus d’une année), voilà que les services de l’APC procèdent à l’arrache des carreaux à intervalle régulier, pour une plantation d’arbustes. Et c’est justement cette opération qui déroute, au plus haut point, notre observateur ! Pour lui, et selon la logique des choses, ces arbres auraient dû être plantés avant l’opération de revêtements, car cela aurait économisé et de l’argent (celui du contribuable) et du temps (ne pas construire pour ensuite démolir), et aurait épargné à la population ce bruit infernal du marteau piqueur… «Image qui dit, plus que tout autre, qu’en matière de gestion de la chose publique, on continue à naviguer à vue», déclare notre observateur. «Dans le fond, tout le monde aurait applaudi l’initiative de boisement. Qui ne rêve pas de voir plus de verdure dans nos cités ? Qui refuserait un peu d’ombre lors des journées longues et torrides des étés africains si chauds ? À mon avis personne. Pourtant force des choses nous oblige à mettre une sourdine à notre joie tant la démarche révèle plus de la fuite en avant que d’une gestion orthodoxe des affaires publiques !», nous dira-t-il. Lui emboitant le pas, certains jeunes de la cité déclarent que les autorités locales auraient dû penser à la plantation d’arbres tout au long de l’artère qui traverse Souk EL-hed, chef-lieu de la commune, avant la procédure de recouvrement en carrelages des trottoirs. «On aurait pu organiser un volontariat et planter, nous-mêmes, ces arbustes, si les plants ont été mis à notre disposition à temps», nous dira l’un d’eux. C’est ce qui fera dire à notre observateur qu’: «on n’est pas sorti de l’auberge, l’ère du bricolage à de bons jours devant elle !». Et justement, il semble que beaucoup reste à faire. Le carrelage pose, lui-même, problème tant il semble être de mauvaise qualité. Toujours sale (surtout la matinée du lundi à cause du marché hebdomadaire de la vielle), il reflète la mauvais cadre de vie dans lequel pataugent les citoyens à longueur d’année. «Embellir une ville suppose savoir faire, vision et goût de l’esthétique. Chose que ne possèdent pas, apparemment, nos élus. Le résultat est étalé là devant nos yeux, hideux et lugubre», nous dit notre personnage avec un soupir résigné !

A.S Amazigh

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