La commune d'Aït R'zine, située au Sud-ouest du chef-lieu de wilaya de Béjaïa, compte 14 villages, dont celui de Guenzet.
Situé à une dizaine de kms du chef-lieu communal, ce village, perché sur une colline, connaît une expansion urbaine appréciable, avec surtout le logement rural qui réussit plutôt bien dans cette contrée. Maintenant que le centre du village est saturé ce sont les flancs et les contrebas du village qui sont pris d’assaut par les auto-constructeurs afin d’ériger leurs habitations. Guenzet change peu à peu de visage, passant d’une localité à prédominance de maisons traditionnelles qui rajoutaient la beauté au site, à une localité où s’étend le tissu urbain constitué de maisons modernes, mais hélas sans aucun attrait ni architecture homogène! L’on peut trouver, en déambulant dans les ruelles étroites de ce beau village, des maisons traditionnelles construites à la pierre taillée lesquelles sont contiguës aux nouvelles habitations. Ce qui « écorche » la vue et fait « remonter » cette nostalgie des maisons anciennes. Ainsi, le parpaing et les briques ont remplacé la pierre sèche et la tuile rouge, matériaux naturels, isolants et beaux à voir. À chaque fois qu’une maison traditionnelle est démolie pour les besoins de la reconstruction- ici à Guenzet, on peut trouver des maisons qui ont plus de 2 siècles d’âge!- c’est tout un pan de mémoire qui s’en va à jamais. D’aucuns se disent que ces maisons, plusieurs fois séculaires, sont devenues un patrimoine matériel qu’il faudra préserver coûte que coûte, car cela représente l’histoire du village. C’est en quelque sorte un musée à ciel ouvert que l’on démolit peu à peu. Il y a aussi l’autre point crucial lié au bétonnage des ruelles. Cet aménagement sauvage, décrié par beaucoup de personnes amoureuses du patrimoine matériel, n’est pas du tout assorti avec le décor de ce village, et des autres patelins d’ailleurs. Le béton a investi le sol des ruelles, ce qui leur a ôté toute leur originalité. Il aurait été souhaitable que les ruelles soient pavées avec des dalles de schiste pour épouser le décor des maisons traditionnelles et être en harmonie avec les murs en pierre taillée. Sur un autre registre, les villageois de Guenzet, en dépit d’une modernisation au galop, tiennent encore aux traditions et aux coutumes des ancêtres. L’on y confectionne encore les burnous et les fameuses couvertures traditionnelles que l’on appelle en kabyle Ihembel. Dernièrement, les habitants ont cotisé pour organiser le rituel plusieurs fois millénaires de Timechret, lequel a été célébré avec faste à l’école primaire du village. C’est dire que malgré les changements qui interviennent dans la vie, les habitants de ce beau village gardent encore les coutumes et us des aïeuls. Presque toutes les scènes de la vie d’antan sont « revisitées » à travers la cueillette des olives, les travaux champêtres, les fêtes de mariage avec les tambourinaires, Tiwizi (l’entraide) et bien d’autres traditions qui cimentent les liens entre les villageois!
Syphax Y.

