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Le patrimoine immatériel s’en va !

Le patrimoine sous toutes ses formes est assurément un legs précieux qu’il faut préserver. Le patrimoine immatériel en est un. Il s’agit de toute cette tradition orale contenant de la poésie, des proverbes, des adages et autres contes et fables trouvant leurs origines dans la vie lointaine de nos ancêtres. Dans les régions d’Ath Rached et d’Ath Leqsar, au Sud-est de la wilaya de Bouira, la notion de la préservation de cet héritage culturel est malheureusement synonyme de l’oubli. Jusqu’à un temps récent, beaucoup d’hommes et de femmes étaient connus dans cette région et au-delà par leurs «mémoires» qui relayent des temps passés, des temps lointains à travers notamment une poésie populaire riche en enseignements. Il ne s’agit pas de vestiges qui peuvent toutefois défier les aléas du temps, mais plutôt d’êtres humains condamnés à vieillir et disparaitre à jamais. Certains ayant frôlé le centenaire, avaient tout de même gardé cette incroyable aptitude à remonter très loin dans l’histoire ancestrale en récitant des poèmes et relatant des contes de «chez nous». Une prise en charge digne de cette tradition orale consiste en sa collecte et sa transcription, son archivage et son classement comme héritage culturel. Pour l’exemple, plusieurs pays africains, pourtant des plus pauvres, louent des budgets considérables et des moyens conséquents pour entretenir leur «mémoire collective» et en disposent de fichiers nationaux en la matière. Malheureusement, chez nous, alors qu’aucun travail académique des autorités concernées ne prend en charge ce travail, ces sources et passerelles de notre propre culture sont de plus en plus «coupées» à force que des poètes populaires, vieux, s’éteignent ! Si aujourd’hui même certains jeunes de la région s’intéressent à l’histoire de la région, leur bonne foi et leur volonté ne suffisent malheureusement pas à accomplir une tâche qui nécessite un travail structuré et réfléchi.

L. M.

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