Pleurs et poésie d’Abdelkader Zenine

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C’est un bouquet de poèmes édité chez Union des Ecrivains Algériens «dédié à toutes les personnes handicapées, tous les gens qui souffrent, enfin à toute personne sensible et compatissante à la douleur de l’autre». L’auteur Abdelkader Zenine, lui-même personne handicapée, livre chaque jour une bataille d’esprit acharnée pour ne pas céder à son handicap et dont il sort toujours vainqueur. Fonctionnaire à la direction de l’action sociale de la wilaya de Tizi-Ouzou, Zenine partage tous ses espoirs avec d’autres personnes handicapées en leur venant en aide par la compréhension, la disponibilité et le dévouement. Le recueil de poèmes qu’il nous propose commence par une réalisation titrée : «Au Nom De Tous Les Handicapés». Il étale le mal, les gémissements et les pleurs partagés non sous la forme d’une complainte mais plutôt pour avertir que nul n’est à l’abri d’un handicap. C’est une invitation à la prudence et à la précaution. Il ne manque pas cependant de braquer toute sa colère à la face de ceux qui conditionnent leurs rapports avec les handicapés. Il en garde et ne retient que des regrets noyés dans la révolte. Il ne souhaite à personne que sa destinée soit celle des autres ni que personne ne vienne à mourir à vingt ans ni même à aucun autre âge de jouvence. Mais pourquoi donc ces «regards éperdus, indifférents et insensibles face à un handicapé plaqué sur ses béquilles, ou gémissant dans son lit, ou encore plongé dans d’éternelles nuits ?», écrit-il. Abdelkader Zenine ne se fixe point de point à l’espoir ni pour lui ni pour les autres comme lui. En cela, il n’oubli pas de composer un joli poème pour Salima dont la couleur des cheveux lui donne «l’allure d’une reine» cette beauté qui «ressuscite Néfertiti de l’antique» ou encore pour Leila à qui il demande qu’elle soit belle et de rester comme ça et laisser faire «le vagabond, le fou des rues». Il compose successivement des poèmes pour la femme qu’il déclare être «Notre Impaire», «Le vieux prolétaire», «L’autre enfance», «L’incompris», «L’amour évasif». Il fait s’opposer la «Résignation» aux «Interrogations» chaque nuit tombée et chaque clair de lune quand «Soudain, un léger vent lui passa sous l’oreille, il fut frissonné et sentait un mélange d’espoir et de désespoir qui bousculèrent sa tête». Comme pour clore son recueil de poèmes, Zenine termine par une formulation courante mais sans salutations : «à bon entendeur». Il l’adresse aux «Geôliers de la pensée, Aux propos trempeurs du haut de leurs tours, telles des sentinelles qui veillent au grain, Aux remparts qui nous entourent et de leurs mensonges se font des refrains…». Mais ce poème est contrarié par l’avant-dernier, «L’anniversaire», qui lui donne le plaisir d’offrir ses pensées qu’il fait écrire pour un horizon prospère et joyeux.

Abdennour Abdesselam

([email protected])

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