Aïnouche H’djila, première fidaye de la wilaya III historique

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H’djila de l’Aarch Imelahen était sans conteste l’une des toutes premières maquisardes de la wilaya III historique à s’être engagée dans les rangs de l’ALN, zone II qui regroupe les régions de Tamelaht, Haïzer, El Hachimia et Bordj Khris. C’est ce qu’affirme M. Bouachrine Mohamed, ancien moudjahid de son état, qui nous relatera brièvement l’histoire de cette héroïne qui n’a pas hésité à rejoindre ses frères de combat en 1955. H’djila a commencé à militer au FLN par la collecte des cotisations au niveau d’une petite épicerie qu’elle tenait dans son village Ighil Naït Rayou, dès les premiers mois du déclenchement de la révolution en 1954. Immédiatement repérée par les responsables locaux du FLN pour son intelligence et son courage, ceux-ci commencèrent par lui confier des missions, telles que cette collecte de cotisations, ramener des renseignements mais aussi mener une campagne de sensibilisation et de mobilisation parmi la population de la région. Une activité et un engagement qui lui permirent, d’ailleurs, la prouesse de réussir à enrôler pas moins de 6 jeunes filles dans les rangs de l’ALN. Pour passer inaperçue, elle mena en parallèle l’activité de commerçante ambulante de bijoux en argent, très en vogue à l’époque. Cette activité lui facilitait aussi le contact avec les citoyens, en faisant du porte à porte. Recherchée par l’armée coloniale qui s’était rendue compte de ses activités par le biais de ses collaborateurs, elle rejoignit aussitôt l’ALN en 1955 et ne tarda pas à se faire distinguer par les officiers par sa bravoure et son engagement dans la lutte armée. Pendant que les filles qu’elle avait enrôlées se sont vues confier des tâches d’infermières après une brève formation, H’djila a choisi le combat et commença aussitôt des exercices de maniement d’armes, étant déterminée à participer à des opérations de combat contre l’ennemi, par des embuscades et le harcèlement des postes avancés implantés dans la zone II. Des moudjahidines de la région racontent que cette héroïne était toujours aux premiers rangs durant les accrochages et lançait des stridents youyous pour galvaniser ses compagnons et impressionner aussi les soldats français qui paniquaient en entendant ce véritable cri de guerre perçant et couvrant les explosions des obus des mortiers 105. Elle s’était aussi spécialisée dans la récupération des armes et munitions sur les cadavres des soldats français abattus. Nos interlocuteurs soulignent, par ailleurs, que ses propres frères Saïd, Essaid et Mohamed, qui avaient rejoint les rangs de l’ALN, sont tombés au champ d’honneur. Les mêmes moudjahidines affirment aussi qu’il n’y a pas un seul endroit de la zone II où cette martyre n’a pas participé à des embuscades et à des accrochages contre les soldats français. C’est, d’ailleurs, lors d’une embuscade tendue à un convoi de militaires, le 17 Avril 1957, dans la région de Bordj Khris, au lieu-dit Bougherzane, que H’djila est tombée au champ d’honneur atteinte par des balles assassines alors qu’elle tentait de démonter et récupérer un FMPK. Elle a été enterrée sur les lieux mêmes par ses compagnons d’arme. Notons, pour terminer, que l’ex cité évolutive de Bouira a été baptisée au nom d’Aïnouche H’djila, au même titre que le lycée d’Ahnif mis en service en 2013.

Oulaid Soualah

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