«Honneur à vous femmes qui libérez l’homme»

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La femme algérienne, épouse, mère, sœur, fille, elle a été de tous les combats pour l’émancipation, la liberté l’égalité pas seulement pour elle-même mais pour l’homme aussi. Elle a combattu avec les armes, la plume, la voix, le pinceau, le métier à tisser à porter de giron, de vue et de mains sans pour cela être reconnue l’égale de l’homme. Certes ses droits sont reconnus sur le papier mais pas par les actes. De Hassiba Benbouali à Assia Djebbar, de Fadhma N’Soumer à Taous Amrouche, de Baya à Yamina Mechakra, ce sont des régiments d’héroïnes qui n’avaient rien ciré des gloires, des reconnaissances et de la postérité elles voulaient la liberté de leur patrie, qui ne pouvait se déclinait, s’imaginer, se concevoir, sans la leur, rien d’autre. Et pourtant ! Nonobstant, les droits conquis de haute lutte ne sont que palabres dans le désert, puisque des forces d’inertie l’ont voulu. Cette journée du 8 mars, ce rendez-vous calendaire, cette halte que nous observons, pour la forme, chaque année que Dieu fait pour rendre hommage du bout des lèvres à la femme, sachant que demain sera, forcément, un autre jour, où tout le tintamarre de la veille laissera place à une autre réalité implacable : celle d’un statut en carton pâte. Il est vrai que Louis Aragon proclamait «La femme est l’avenir de l’homme» mais la plupart des machistes impénitents de notre pays et d’ailleurs pensent le contraire. Voyons un peu l’histoire, les tenants et les aboutissants de cette journée, comment elle a été consacrée universellement : La Journée internationale de la femme est l’histoire de femmes ordinaires qui ont fait l’histoire. Elle puise ses racines dans la lutte menée par les femmes depuis des siècles pour participer à la société sur un pied d’égalité avec les hommes. Dans l’antiquité grecque, Lysistrata avait lancé une « grève sexuelle » contre les hommes pour mettre fin à la guerre. Pendant la révolution française, des Parisiennes demandant « liberté égalité fraternité » ont marché sur Versailles pour exiger le droit de vote des femmes. L’idée d’une Journée internationale de la femme s’est fait jour au tournant des XIXe et XXe siècles, période caractérisée dans le monde industrialisé par l’expansion et l’effervescence, une croissance démographique explosive et l’émergence des idéologies radicales. 1909 – Conformément à une déclaration du parti socialiste américain, la première Journée nationale de la femme a été célébrée sur l’ensemble du territoire des États-Unis, le 28 février. Les femmes ont continué à célébrer cette journée le dernier dimanche de février jusqu’en 1913. 1910 – L’Internationale socialiste réunie à Copenhague a instauré une Journée de la femme, de caractère international, pour rendre hommage au mouvement en faveur des droits des femmes et pour aider à obtenir le suffrage universel des femmes. La proposition a été approuvée à l’unanimité par la conférence qui comprenait plus de 100 femmes venant de 17 pays, dont les trois premières femmes élues au parlement finlandais. Aucune date précise n’a été fixée pour cette célébration. 1911 – À la suite de la décision prise à Copenhague l’année précédente, la Journée internationale de la femme a été célébrée pour la première fois, le 19 mars, en Allemagne, en Autriche, au Danemark et en Suisse, où plus d’un million de femmes et d’hommes ont assisté à des rassemblements. Outre le droit de voter et d’exercer une fonction publique, elles exigeaient le droit au travail, à la formation professionnelle et la cessation de la discrimination sur le lieu de travail. Moins d’une semaine après, le 25 mars, le tragique incendie de l’atelier Triangle à New York a coûté la vie à plus de 140 ouvrières, pour la plupart des immigrantes italiennes et juives. Cet événement a eu une forte influence sur la législation du travail aux États-Unis, et l’on a évoqué les conditions de travail qui avaient amené cette catastrophe au cours des célébrations subséquentes de la Journée internationale de la femme. 1913-1914 – Dans le cadre du mouvement pacifiste qui fermentait à la veille de la première guerre mondiale, les femmes russes ont célébré leur première Journée internationale de la femme le dernier dimanche de février 1913. Dans les autres pays d’Europe, le 8 mars ou à un ou deux jours de cette date, les femmes ont tenu des rassemblements soit pour protester contre la guerre, soit pour exprimer leur solidarité avec leurs sœurs. 1917 – Deux millions de soldats russes ayant été tués pendant la guerre, les femmes russes ont de nouveau choisi le dernier dimanche de février pour faire la grève pour obtenir  » du pain et la paix « . Les dirigeants politiques se sont élevés contre la date choisie pour cette grève, mais les femmes ont passé outre. Le reste se trouve dans les livres d’histoire : quatre jours plus tard, le tsar a été obligé d’abdiquer et le gouvernement provisoire a accordé le droit de vote aux femmes. Ce dimanche historique tombait le 23 février dans le calendrier julien qui était alors en usage en Russie, mais le 8 mars dans le calendrier géorgien utilisé ailleurs. Depuis ces années, la Journée internationale de la femme a pris une nouvelle dimension mondiale dans les pays développés comme dans les pays en développement. Le mouvement féministe en plein essor qui avait été renforcé par quatre conférences mondiales sur les femmes organisées sous l’égide de l’ONU, a aidé à faire de la célébration de cette Journée le point de ralliement des efforts coordonnés déployés pour exiger la réalisation des droits des femmes et leur participation au processus politique et économique. De plus en plus, la Journée internationale de la femme est le moment idéal pour réfléchir sur les progrès réalisés, demander des changements et célébrer les actes de courage et de détermination de femmes ordinaires qui ont joué un rôle extraordinaire dans l’histoire des droits des femmes. En résumé c’est le 16 décembre 1977 que l’ONU «invite tous les États à proclamer, comme il conviendra en fonction de leurs traditions et coutumes historiques et nationales, un jour de l’année Journée des Nations Unies pour les droits de la femme et la paix internationale». Certes ni les droits de la femme, ni la paix internationale n’ont pu être instaurés. Mieux, il y a même certains pays qui s’interrogent, encore aujourd’hui au XXIe siècle, «si la femme est un être humain ?». Nous ne sommes pas sortis de l’auberge, loin s’en faut. Cela écrit, rappelons-nous, tout le brouhaha, les réticences et les valses hésitations qui avaient suivi le projet de loi criminalisant les violences faites aux femmes. Une société phallocratique ne pourra postuler à l’avenir que par l’oppression et le déni de droit à une partie essentielle d’elle-même. Mais cela ne pourra durer ; ne pourra subsister puisque l’histoire de notre pays ne peut l’accepter. Ceci dit, bonne fête mesdames !

Sadek A. H.

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