24 000 handicapés recensés à Tizi-Ouzou

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La Journée nationale des personnes en situation de handicap, qui coïncide avec le 14 mars de chaque année, est une occasion de nous rappeler la détresse de cette frange de la société et de faire la lumière sur les difficultés dont souffre cette catégorie des sans voix.

En effet, ces laissés pour compte à mobilité réduite tentent tant bien que mal d’évoluer dans une société inadaptée aux personnes en situation de handicap. Les structures adéquates sont quasi inexistantes au niveau du chef-lieu de la wilaya de Tizi-Ouzou où les pouvoirs publics ont pourtant effectué quelques rares aménagements. Alors, que dire des différentes localités ! Le président de la commission affaires sociales, culture, culte, wakfs, sport et jeunesse de l’assemblée populaire de la wilaya de Tizi-Ouzou, M. Smail Benhamna, qui est également président de l’association sportive des jeunes handicapés de la wilaya de Tizi-Ouzou, nous fera part de son analyse de la situation de cette frange de la société : «Il n’y a pas de prise en charge effective en vue de favoriser l’insertion des personnes en situation de handicap dans notre wilaya. Les principaux problèmes dont souffre cette catégorie de la société résident dans l’inaccessibilité le revenu, le travail et l’appareillage», nous affirmera M. Benhamna. Selon notre interlocuteur, l’inaccessibilité aux différentes structures administratives ou autres est un handicap supplémentaire qui vient s’ajouter aux handicaps de cette frange de la société : «Vous rendez-vous compte, la direction de l’action sociale (DAS) de Tizi-Ouzou n’a pas d’ascenseur ! Une structures censée être au service des personnes en situation de handicap n’est pas équipée pour les recevoir… c’est inacceptable !», s’indigne M. Benhamna. La pension de 4 000 DA allouée par les pouvoirs publics est, selon lui, plus qu’insuffisante compte tenu des augmentations récentes. «Cette pension n’a connu aucune évolution depuis 2005. La wilaya de Tizi-Ouzou compte actuellement plus de 24 000 handicapés et ils sont seulement 3 000 à la percevoir ! Et elle est destinée aux handicapés à 100% seulement ! Il est impératif compte tenu de la cherté de la vie de l’augmenter pour atteindre les 18000 DA, soit le SMIG, et de l’élargir à toute les personnes en situation de handicap», ajoutera le président de l’association. Pour ce qui est du droit au travail, il nous expliquera : «Il y a une loi qui stipule que chaque employeur doit consacrer 01% des postes budgétaires à la catégorie des handicapés, mais malheureusement elle n’est pas appliquée par la fonction publique…». A cela s’ajoute le problème d’appendiculaire, précisera le président de la commission affaires sociales culture, cult, wakfs, sport et jeunesse de l’assemblée populaire de la wilaya de Tizi-Ouzou : «Il y a un manque flagrant dans l’appareillage, et la durée d’usage avant le renouvellement de ce matériel doit être revue. Actuellement, elle est de 03 ans, et vu la qualité des appareils et notre relief accidenté il faut impérativement réduire cette durée».

Le cri de détresse de l’union des aveugles de la wilaya

Le président de l’union des aveugles de la wilaya de Tizi-Ouzou M. Rezki Choukri, qui active sur le territoire de la wilaya depuis 1963, nous fera part des difficultés qu’il rencontre en tant que personne en situation de handicap et président de cette union : «Nous voulons savoir si oui ou non nous sommes des handicapés. Nous ne le savons pas ! Nous demandons au ministère de la Solidarité de nous accorder le statut de handicapés ou de nous expliquer le pourquoi du comment de ce classement des personnes non-voyantes à la catégorie de malades chroniques !», nous dira M. Choukri, ajoutant : «Quand nous postulons à un poste de travail, nous sommes considérés comme des handicapés à 100%, mais pour la prime, on nous donne 3 000 DA car nous sommes classés dans la catégorie malades chroniques ! Il faut que vous sachiez qu’il faut être handicapé à 100% pour prétendre aux 4000 DA. Et cette prime de 3 000 DA n’a pas évolué depuis 2001 et le matériel des non-voyants coûte excessivement cher et les subventions sont insuffisantes…». Par ailleurs, M Choukri considère que l’erreur majeure dans la prise en charge des non-voyants réside en premier lieu dans le déni de la maladie par certains parents qui refusent de l’admettre : «Certains parents de mal- ou non-voyants refusent à leurs enfants d’intégrer des écoles spécialisées et sont dans le déni total de la maladie. C’est ce qui handicape davantage l’enfant qui accusera un retard par la suite dans sa scolarité. Nous lançons un appel aux parents de non-voyants d’envoyer leurs enfants à l’école avant qu’il ne soit trop tard. Ces parents qui refusent la réalité sont à l’origine de retards pédagogiques dont souffrent leurs enfants…». Entre autres problèmes soulevés par M. Choukri, l’accessibilité aux différentes structures : «Les trottoirs, les routes et autres structures sont un véritable parcours du combattant pour le handicapé. Et c’est inacceptable compte tenu des milliards injectés par l’Etat dans le secteur de la solidarité… Il faut une véritable reconnaissance des droits fondamentaux des personnes handicapées, comme l’éducation, l’accès au travail, ainsi qu’à un revenu décent pour la préservation de la dignité de cette frange de la société». A noter que l’assemblée populaire de la wilaya de Tizi-Ouzou procédera à la remise de matériels orthopédiques au profit des personnes en situation de handicap, le 21 mars prochain. Et pour ce faire, une enveloppe de 09 millions de dinars a été dégagée.

Taous. C

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