La Journée nationale de l’enfant handicapé est célébrée comme chaque année le 14 mars, sans pour autant apporter quelque chose de nouveau à ces enfants que le sort a défavorisés. Pour eux, les jours passent et se ressemblent. L’association d’aide aux enfants inadaptés mentaux de la wilaya de Tizi-Ouzou la célèbre, comme de coutume, avec les enfants du centre psychopédagogique de Draâ Ben Khedda. Cette année, les autorités locales sont au rendez-vous et en force : chef de daïra, P/APC, chef de la sûreté de daïra, chef de l’unité de la Protection civile et de nombreux parents proches sont présents. «Cette année, de nombreux invités sont venus partager la joie avec les enfants du centre», nous dira le directeur du centre, M. Mohamed Iltache. Au programme de cette journée, le centre a prévu une exposition des travaux exécutés par les enfants (peinture, dessin, balais, broderie, vannerie…). Une conférence sur l’autisme est animée par Mlle Ourrari Samia, psychologue orthophoniste, Mlle El Koubi Hassina et Mlle Mébrouki Fadila, toutes les deux éducatrices spécialisées. Chacune a traité un côté de cette maladie que les familles affrontent dans la quotidienneté avec les moyens du bord. «Les enfants autistes ne doivent pas être dans un centre de ce genre. Il leur faut un centre spécialisé et avec tous les moyens nécessaires», diront les trois conférencières. La maladie n’est pas facile à détecter mais des diagnostics réguliers pourraient la déterminer en temps opportun. «Elle se manifeste par trois éléments : la relation sociale de l’enfant et de sa famille, la communication et le comportement, un comportement qui tend à être agressif, des gestes répétitifs, des mouvements incessants et l’enfant ne semble pas entendre (…) À partir de trois mois, les diagnostics sont nécessaires et le médecin traitant ou de famille doit être plus précis dans son constat. Le bébé est suivi. Dans le cas contraire, l’enfant trouvera des difficultés si la famille n’est pas à ses côtés et le traitement se fera étape par étape et dans la durée», soulignent-elles. Des mères et pères d’enfants handicapés ont apporté leurs témoignages sur les difficultés qu’ils rencontrent dans le suivi et le traitement de la maladie de leurs enfants. «A deux ans déjà le comportement de mon enfant n’est pas normal. Des visites chez le médecin sont nécessaires. Une fois ici, à l’âge de 6 ans, nous constatons de légères améliorations», dira une mère de famille de quatre enfants. Le témoignage de cette mère de famille est plus poignant. «J’ai dû arrêter mon métier d’enseignante après 28 ans d’ancienneté pour m’occuper de mon enfant autiste, aujourd’hui âgé de six ans. Chaque enfant autiste est un cas, il est en danger», soulignera-t-elle. Et d’ajouter : «Nous sommes désemparés de voir nos enfants dans cette situation et que notre pays riche en hydrocarbures n’a pas mis les moyens nécessaires pour une véritable prise en charge de ces enfants». À son tour, le P/APC, Mohamed Sbahi, remercie l’association initiatrice de l’évènement et rassure le directeur du centre de l’aide et de la disponibilité de l’APC. Le chef de daïra a demandé une minute de silence à la mémoire du champion mondial du handisport, Mohamed Allek. «Je suis profondément touché par la situation de ces enfants. Les autorités feront le nécessaire pour une prise en charge et autres subventions», dira-t-il. Une mère de famille, dont l’enfant est au centre, demande l’aide des autorités pour l’achat d’un appareil de ventilation nocturne en pression positive continue (CPAP) avec masque nasal. «Ce matériel coûte vingt millions de centimes, une somme dont je ne dispose pas», désespéra-t-elle. Pour notre part, nous avons abordé MM. Nesnas Rabah, Mabrouki Mahdi et Afadjen Boualem qui chacun, nous relate avec émotion, les difficultés rencontrées dans l’évolution de la maladie de leurs enfants, des autistes, jeunes et adolescents. «Nous trouvons une certaine prise en charge de nos enfants dans ce centre qui, grâce à son personnel, arrivent tant bien que mal à sortir de leur isolement», soulignent-ils. Pour cette journée, un gala a été également programmé au cours duquel les enfants se sont donnés à cœur joie dans des mouvements de danse à la satisfaction de leurs parents, suivi de la remise de cadeaux aux enfants qui n’ont pas manqué leur joie. Une joie d’une journée ! Que sera le lendemain pour ces enfants du centre de Draâ Ben Khedda qui en compte 67 enfants et de centaines à travers la wilaya ?
Arous Touil
