Passée la demi-journée mondiale de la femme, Chabha le Chignon range ses attraits et reprend son poste de secrétaire «n yiqanan» qu’elle occupe depuis 2013, à la sous direction de l’Algérienne des Eaux dans le cadre du «techghil chabab». Lbachir La Besace, lui, attend toujours sa grosse… coulée. Sadiya n l’Euro, Rezki Dezdeg et Da Militant réfléchissent ensemble à comment concurrencer la future académie de tamazight que Nasser, un brillant amusnaw de la région d’At Mlikec, qualifie de police linguistique. Kaci l’Angoisse, lui, a faussé compagnie à ses amis. Il ne sort que rarement de la maison. Il est tout bouleversé depuis sa rencontre avec «Timlilit di 1962». Aumer Ulamara l’a engagé dans un autre amour, un amour fondamental : l’amour de soi. Il devient boulimique de lecture. Il a fait le tour de toutes les librairies de la région pour s’approvisionner en livres écrits en kabyle. Hier, il a entamé «Ass-nni» d’Amer Mezdad, le Balzac de la littérature kabyle moderne. Sa rencontre avec la belle-mère de Taous, cette femme souffrante l’émeut et surtout l’oblige à poser un autre regard sur sa propre mère. Melha lui ouvre les yeux et l’aide à comprendre les silences et les états d’âme de sa propre mère. En Taous, il redécouvre et comprend sa belle-sœur. La fin de Taher, mort pour une «boite de tomate», l’attriste. En fait, tout son vécu l’attriste. Amer Mezdad lui a fait comprendre que Taher était mort le jour où il a corrélé sa vie à la baraka de son père et au mektoub n Sidi Rebbi. Fatigué Kaci ferme «Ass-nni», le pose de côté et s’allonge quelques instants. Des visages des membres de sa famille et ceux des At Rgad défilent devant ses yeux. À chaque fois, il y voit un personnage de «Ass-nni». Kaci tend sa main vers le poste radio, tourne le bouton. Une voix féminine parle de Mouloud Feraoun. Il tend l’oreille et comprend que l’on commémore le 54ème anniversaire de son assassinat. Kaci a quasiment lu tout ce qu’a écrit Feraoun. Il admet que même s’il a eu les larmes aux yeux à la lecture du «Le fils du pauvre», les effets de ce qu’il a lu en kabyle jusqu’à aujourd’hui sont d’un autre ordre. Il se demande, d’ailleurs, qu’elle effet aurait eu sur lui «La terre et le sang», s’il l’avait lu en kabyle.
T.O.A
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