Parution du cinquième numéro de la revue Bgayet

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La direction de la culture de Béjaia vient de publier son dernier numéro de la revue culturelle de Béjaïa. Il s’agit d’une revue annuelle, qui fait le tour de l’ensemble des événements culturels qui se sont produits dans la wilaya durant l’année dernière. Cette revue présente l’avantage de synthétiser toutes les activités culturelles organisées par cette institution publique, durant l’année écoulée. Il s’agit, pour les amateurs de culture et des arts, d’un véritable outil de travail, puisqu’on y trouve toutes sortes d’informations relatives à la vie culturelle de la wilaya, et dans lesquelles la direction de la culture a été impliquée d’une façon ou d’une autre.

Problématique des financements

Cette revue paraît dans un contexte particulier qui est celui des restrictions budgétaires décidées par les pouvoirs publics. D’ailleurs, dès la première page, Djamel Benahmed apporte un éclairage sur la question. Comment trouver une alternative «aux modèles budgétivores prévalant» ? Il est un fait indéniable, c’est que par le passé beaucoup d’argent a été dépensé pour promouvoir la culture dans notre pays. Beaucoup trop, diront certains, puisque l’abondance des moyens financiers des dernières années a quelque part porté atteinte à la création culturelle et artistique, et a mis les acteurs de la scène culturelle dans une situation d’attente et de dépendance vis-à-vis des financements publics. La créativité en a pris un coup. Depuis la décision du gouvernement de réduire les budgets dans presque tous les domaines, Azzedine Mihoubi, le ministre de la Culture en visite à Béjaïa, ne cesse d’encourager les acteurs de la vie culturelle à réfléchir à une alternative pour financer le secteur de la culture. Ainsi, les partenariats, entre secteur public et privé sont-ils encouragés. L’industrie culturelle est donc appelée à se prendre en charge, en trouvant des formules adéquates lui permettant de se développer et de voler de ses propres ailes. Il faudrait aussi éviter de perdre l’élan qui a été pris, ces dernières années, et le frémissement qui s’en est suivi pour servir de base à la relance culturelle et la production de l’esprit. Dans ce numéro, il est rappelé que pour la première fois, un ministre de la Culture est venu à Béjaïa à deux reprises, en l’espace de quelques semaines. Azzedine Mihoubi a, donc, présidé à l’ouverture de deux festivals de qualité qui font connaître Béjaïa et l’Algérie bien au-delà des frontières. Il s’agit des rencontres cinématographiques de Béjaïa, ainsi que du Festival international du Théâtre de Béjaïa. L’intérêt que porte le ministre de la Culture à la région de Béjaïa s’est aussi manifesté la semaine dernière, par une troisième visite qu’il a rendue à la wilaya, en inspectant et inaugurant plusieurs infrastructures culturelles réalisées ou en cours de réalisation. Espérons que cet intérêt se concrétise par le lancement de programmes ambitieux, basés sur une vision partagée entre les pouvoirs publics et les acteurs artistiques et culturels, sans exclusion.

Patrimoine culturel

La revue Bgayet a consacré dans ce numéro, un long dossier au «Patrimoine Culturel». Plusieurs sujets et activités y sont abordés, de sorte que rien n’a échappé à son rédacteur en chef. Commençant par le «Mois du Patrimoine» qui s’est déroulé entre le 18 avril et le 18 mai derniers, il aborde également l’identification d’un certain nombre de biens de la mémoire nationale. Il s’agit du Camp de la Marine, auparavant appelé «Poudrière», de la sinistre prison de Bourbaâtache, sur les hauteurs d’El Kseur, et qui fut un centre de torture de l’armée coloniale ; du centre de détention et de torture de «Tourneux» à Aokas, du lieu du déroulement de la Bataille d’Amacine près d’Amizour, et de Bordj Moussa. Le dernier bien visité par la revue est la maison du congrès de la Soummam à Ifri Ouzellaguen. Le dossier est ainsi enrichi par un intéressant rappel sur la richesse patrimoniale de Béjaïa avec ses vingt-huit biens culturels protégés. Le lecteur pourra ainsi en découvrir une liste intéressante à connaître. Toujours dans ce même numéro, la revue a donné une importante place au mouvement associatif qui active, effectivement, dans tout le territoire de la wilaya. Des exemples concrets sont ainsi présentés, démontrant le dynamisme culturel de certaines de ces associations. Elles organisent avec courage et persévérance des activités riches et variées, qui les distinguent d’autres associations qui n’ont d’existence que le nom. C’est ce qui fait la différence entre les associations, les unes des autres. Certaines n’attendent pas les subventions de l’Etat, même si elles en ont effectivement besoin, et activent pour trouver des financements, notamment grâce aux partenariats et sponsorings, et organisent, tant bien que mal, des événements poétiques, théâtraux ou cinématographiques. Sans parler des innombrables expositions, hommages, galas artistiques et semaines culturelles.

Hommages

Dans ce numéro figurent aussi plusieurs hommages à des artistes, femmes et hommes de lettres et de cultures qui nous ont quittés. C’est ainsi que Cherif Kheddam, Assia Djebar, Allaoua Zerrouki, Madjid Merabet et Abdelmalek Sayad ont été honorés dans ce cinquième numéro de la revue Bgayet. Le premier a marqué l’histoire récente de la Kabylie en chantant, sans relâche, l’amour de son pays, tandis que la seconde a honoré son pays dans le monde, en enseignant la littérature dans les université américaines et françaises, en produisant des documentaires sur les femmes berbères et en publiant plusieurs romans à succès qui l’on portée à l’académie française. Allaoua Zerrouki avait la voix d’un rossignol et a marqué son époque de manière qualitative. Madjid Merabet était artiste plasticien à part, tandis qu’Abdelmalek Sayad, le sociologue, a fait avancer les connaissances sociologiques avec ses études sur les sociétés Nord-africaines. Sur le registre des écrivains, un rappel a été fait sur Amar Mezdad, «l’un des plus grands écrivains en langue amazighe», mais que le public connaît si peu. Une page entière lui a été consacrée, sous le titre de «Un auteur à lire et à réfléchir». Il y a encore plusieurs articles intéressants dans cette revue. Le numéro cinq de Bgayet se termine par une revue des festivals institutionnalisés, tels le festival international du Théâtre de Béjaïa, le festival culturel local «Lire en fête», celui des arts et cultures populaires et enfin le festival de la chanson et de la musique kabyles. Ce numéro est tellement riche qu’il nécessite du temps pour être entièrement lu. Il apporte des informations et des réflexions sur divers sujets d’actualité culturelle. Béjaïa a bien besoin de ce genre de publications qui gagneraient à être élargies pour inclure l’ensemble des autres activités culturelles, même celles où la direction de la culture ne participe pas directement. Il y a, en effet, une richesse culturelle dans toute la wilaya, qui gagnerait à être connue et partagée. Plusieurs communes, Sidi Aïch, Adekkar, Amizour, Aokas, Souk El-Tenine, Barbacha, Akbou,… et plusieurs centres culturels, maisons de la culture, associations diverses, organisent des événements dignes d’intérêt. Il serait, peut-être, temps de réfléchir à étendre cette publication et la mettre sur le marché peut être aussi en changeant sa périodicité pour devenir trimestrielle dans un premier temps, pour donner la chance à l’ensemble des activités culturelles de la région d’être ainsi mieux connues. Peut-être aussi, et pour rester dans l’air du temps, trouver des sponsors et des partenaires pour la financer, et cesser ainsi de dépendre exclusivement des budgets publics pour son financement.

N. Si Yani

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