Pour dénoncer l'état d’abandon de leur agglomération, plusieurs dizaines d’habitants du village Imesdurar ont, dans la matinée d’avant-hier jeudi, procédé à la fermeture du siège de l'APC.
Cette action est due aux maintes requêtes verbales des villageois restées sans échos pour la prise en charge des ouvrages d’utilité publique qui ont subi de fortes dégradations par manque d’entretien, aggravé par les agressions climatiques exceptionnellement rudes dans ce village de haute montagne. En effet, ce dernier niché sur les flancs Sud-ouest du massif Yemma Khelidja, à quelques deux km de la RN30 à proximité du col de Tizi-N’koulal, culmine à quelques 1200 m d’altitude. D’ailleurs, de violentes perturbations climatiques ont, pour rappel, atteint le village de plein fouet durant ces cinq dernières années. A cela s’ajoute la désertion totale des responsables, depuis des années. Cette défaillance dans la gestion des affaires publiques a non seulement engendré un frein brutal du développement mais a laissé apparaitre une dégradation généralisée de ce qui a été déjà réalisé faute de suivi et d’entretien. Ce village, étant abandonné à son triste sort et livré aux affres climatiques, a entamé une nette régression qui lui fait reprendre son aspect primitif d’avant l’indépendance, avec l’ensemble des ouvrages d’utilité publique délabrés, à l’image de l’unique route d’environ 02 Kms qui le relie à la RN30. Le tronçon en question est défoncé avec la partie supérieure «mangée» par les éboulements, chutes de rochers et coulées de boue qui ont enseveli la chaussée et obstrué les fossés de drainage et évacuation des eaux pluviales. Un état de fait qui accélère sa dégradation. L’ouvrage suivant qui a subi les mêmes dégradations, est celui du réseau de distribution de l’AEP qui, en plus de nombreuses avaries qui l’ont transformé en passoire, offre un liquide de qualité douteuse, selon les villageois que nous avons rencontrés au village. Nos interlocuteurs affirment qu’à l’intérieur des réservoirs et autres répartiteurs qui n’ont jamais été curés depuis leur réalisation, s’est formé un dépôt d’impuretés. Ce qui les a poussés à cesser d’utiliser l’eau du robinet pour se rabattre sur les sources naturelles comme au bon vieux temps. Cela à côté de l’un des plus névralgiques équipements dans ces villages reculés aux terrains fort accidentés et étroitement entourés de forêt vierge, qui est l’éclairage public. Celui-ci n’est plus qu’un vieux souvenir, étant inopérant depuis plusieurs années, selon ces villageois. Ces derniers nous montrent des lampadaires complètement détériorés dont certains arrachés par les violentes tempêtes de vent pendent lamentablement au bout de leurs fils. En ce qui concerne l’assainissement, mis à part un tronçon qui traverse le centre du village qui a bénéficié d’une opération de rénovation bâclée l’année passée, nous avons constaté de visu de nombreuses avaries sur les réseaux de raccordement. Le liquide nauséabond coule à l’air libre et en rajoute à l’insalubrité et la pollution à l’intérieur et autour de ce village entouré aussi de dépôts de fumier provenant des nombreuses étables de bovins, ajouté au dérèglement dans le ramassage d’ordures ménagères pour boucler la boucle. Les ruelles à l’intérieur de ce village, plusieurs fois centenaire, n’ayant bénéficié d’aucune opération d’aménagement sont toujours à leur état primitif en terre battue sous forme de sentier de chèvres, où il n’est pas aisé de circuler. L’unique école du premier cycle n’a pas été non plus épargnée par ces dégradations en série. Cela pour ne citer que l’aspect apparent des plus agressifs de ce pauvre village livré à lui-même. Il serait utile de souligner aussi qu’il vit sous une menace permanente de rochers qui le surplombent, et ce, malgré le fait que le tissu végétal formé d’arbres adultes et de luxuriants buissons forme une impeccable barrière de protection et freine les avalanches de rochers et galets qu’il empêche d’arriver aux habitations. La végétation qui sert aussi à la consolidation du sol, a été ravagée par des incendies en série durant ces cinq dernières années. En somme, un ensemble de facteurs à l’origine d’un exode massif des villageois qui sont partis sous des cieux plus cléments. Ne subsiste encore à Imesdurar qu’une cinquantaine de familles environ, soit celles qui n’ont pas où aller et qui se résignent à leur triste sort, ravagé par le chômage, l’isolement et la mal vie. Cela au moment où l’Etat a mis en place un important programme de fixation des populations rurales. À Imesdurar, n’y sont encore que des rescapés dont la majorité vit de l’élevage qui lui aussi a entamé son déclin avec l’apparition d’épidémies animales qui déciment, chaque année, des troupeaux entiers de bovins et ovins. Le seul animal rustique qui oppose une vaillante résistance à ces maladies endémiques reste le caprin. Ce village a besoin d’un programme d’urgence pour sauver ce qui pourrait l’être encore.
Oulaid Soualah
