La perpétuité pour « le tôlier »

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Renvoyée devant la cour pour être rejugée, l’affaire de la Mégane grise et de son propriétaire assassiné a connu son épilogue, mercredi après-midi, avec la condamnation à perpétuité du troisième complice, en l’occurrence C. R., dit le Tôlier. Cela a éclaté comme un coup de tonnerre, en ce bel après-midi printanier, pour ce dernier et sa mère, surtout personne âgée ayant assisté jusqu’au bout à ce long procès qui a vu les avocats à charge et à décharge plaider avec feu à la barre. La relaxe a bénéficié à trois inculpés. Le quatrième, ayant purgé les trois ans auxquels il a déjà été condamné précédemment, retrouvait également le chemin de la liberté. Au total, la perpète a été prononcé trois fois dans cette affaire : les deux principaux inculpés M. K. et G. T., déjà sous les verrous et à l’encontre du Tôlier. Ainsi que l’avait brièvement rappelé dans la matinée maître Lamri Salima, l’avocate de la victime, l’affaire remontait en 2007. Ce jour-là c’est-à-dire le jour de l’assassinat de Dalla Moussa, natif de Bouira, trois individus- deux de Bouira et un troisième de Barika- mettaient au point un plan diabolique pour voler la Mégane de Dalla. Malheureusement, ce plan ne pouvait aboutir que par l’assassinat de son propriétaire. Un détail pour les assassins qui n’a pas pesé lourd sur leur conscience, mais qui allait avoir pour eux de lourdes conséquences. À cette époque, la Mégane était nouvelle et faisait parler d’elle sur le marché de l’automobile. Ce qui a éveillé la convoitise de ces malfaiteurs. Ces derniers sont allés frapper chez Dalla qui habitait avec sa femme et ses deux enfants à l’ECOTEC. Il était cinq heures du matin. Sous quel prétexte l’avait-il éloigné de chez lui ? Toujours est-il que son corps, frappé de 29 coups de couteau, comme l’avait précisé à l’audience maître Larmi pour souligner la sauvagerie de ce crime odieux, a été abandonné à quelques kilomètres de la sortie sud de la ville, en ce lieu-dit la ferme Marco. La voiture, une fois entre les mains des trois malfaiteurs, a subi un léger maquillage au niveau des pare-chocs grâce au savoir-faire du tôlier. Et l’enquête s’est mise à tourner en rond. Le mystère était complet. Jusqu’au jour où l’un des trois criminels a commis la gaffe de sa vie en se servant du portable de la victime. La piste devenait claire et avait conduit aussitôt à l’identification et à l’arrestation de ce groupe de malfaiteurs, dont les éléments étaient natifs de Bouira, de Barika et de Batna. Accusés d’association de malfaiteurs, de recel d’objets volés et d’hébergement de malfaiteurs, deux d’entre eux ont été condamnés à perpétuité le troisième à trois ans de prison ferme et les trois autres retrouvaient la liberté. Jusqu’à leur comparution mercredi devant la cour, on pensait que le procès n’allait pas changé de forme et de contenu. La condamnation à perpète du tôlier, autre personnage clef de ce drame inouï, a fortement étonné ceux qui ne connaissaient de cette affaire que les apparences. Lors de sa brillante plaidoirie, maître Lamri a rappelé avec force, le traumatisme psychologique subi par la famille de la victime qui a nécessité une prise en charge psychologique pour surmonter cette terrible épreuve, comme elle a évoqué la nécessité pour cette dernière de fuir le souvenir de cet acte barbare en s’installant à Bordj El Kiffan. Le président de la chambre criminelle a soulevé quant à lui, lors de la lecture du verdict, trente-quatre questions où la culpabilité du tôlier était établie, ainsi que celle, à un degré moindre, de ce complice qui a déjà écopé et purgé sa peine de trois ans, et l’innocence donc des trois autres, ceux qui, dès le début de cette affaire, bénéficiaient de la liberté provisoire. Le magistrat, s’adressant aux avocats du condamné à perpète, a fait savoir qu’ils disposaient d’un délai de huit jours pour introduire leur pourvoi en cassation.

Aziz Bey

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