Les mariages sur fond de modernité

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Les fêtes d'antan ne sont plus qu'un vieux souvenir. L’une après l'autre, les traditions et coutumes qui les entouraient jadis disparaissent étant remplacées peu à peu par de nouvelles modes qui nous font perdre les repères ancestraux.

En effet, dans le temps, les fêtes de mariage débutaient par la préparation du couscous à laquelle participent toutes les femmes de la grande famille et celles des proches. En parallèle, les pères des futurs mariés arrêtaient une date coïncidant avec le jour du marché hebdomadaire pour l’achat du trousseau de la mariée. Ce dernier est constitué de qui consiste à choisir les coupons de tissus chez des marchants ambulants ‘’spécialisés’’ en tenant compte de « talaseth nelaarch ». Celle-ci est une loi tracée par les sages de la tribu en assemblée générale, laquelle fixe le contenu du trousseau, l’qedhyan en kabyle, que personne ne doit dépasser, aussi riche soit-il. Ce trousseau et les denrées alimentaires qui doivent l’accompagner -qui sont aussi limitées-, sont ramenés au domicile de la mariée une journée à l’avance, dénommée «Assensi». Le lendemain, soit le jour de la fête, la mariée se dirige vers son nouveau domicile accompagnée d’un cortège d’accompagnateurs, Ikafafen en kabyle. Durant la fête, c’est tout les voisins et proches qui sont invités à déguster un succulent couscous, ceci en plus d’une veillée animée la plupart du temps par une troupe d’idhebalen ou à défaut par les femmes du village «ourar lkhalath». Peu à peu, ces coutumes ont disparu pour céder place à de nouvelles données, commençant par le trousseau de la mariée. Celui-ci est choisi par les futurs mariés, excluant ainsi les parents. Aussi, la plupart des mariages sont organisés dans des salles des fêtes avec une liste des convives limitée ; il arrive même de voir des mentions « invités sans enfants » sur les cartes d’invitation. Un procédé en vogue depuis ces cinq dernières années notamment. Quant à l’animation, ce sont des chaines stéréo ou disques jockeys qui diffusent une musique robotique pour ne pas dire diabolique, lâchée à plein décibels, qui n’est qu’un assourdissant tapage sans aucun charme. Aussi, l’occupation de la salle est limitée, on vous laisse juste le temps de manger rapidement et après on vide les lieux. Cela ressemble beaucoup plus à une pénible corvée qu’à une fête. La dernière mode en vogue est celle du voyage de noce. Une impressionnante avancée qui donne un coup fatal à la légendaire vie communautaire de nos ancêtres qui partageaient tout, joie comme tristesse. Des traditions qui les ont maintenus soudés et solidaires les uns envers les autres. Après la fête, on se gratte la tête, disait l’adage. Il est à signaler que les fêtes qui ont démarré en fanfare en raison de l’approche du Ramadhan, qui interviendrait au début de ce mois de juin, vont redoubler d’intensité durant ces mois d’avril et mai.

O. S.

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