Quand les villageois s’en mêlent

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Les montagnards n’en finiront décidément jamais avec les chantiers du gaz de ville. L’importance de l’alimentation de leurs foyers avec cette énergie «si propre et peu chère», disent ils, est telle qu’ils sont disposés à tous les sacrifices. Si dans certains villages, les citoyens ont procédé eux-mêmes, au montage des niches de compteurs, dans d’autres, les citoyens ont mis la main à la poche «pour que le projet arrive à terme, un jour», nous disent-ils. Après avoir attendu vainement que le chantier de gaz naturel tire à sa fin, les habitants du village Aït Ailem, situé à trois kilomètres à l’ouest d’Aïn El Hammam, semblent prendre le taureau par les cornes, en agissant d’une façon peu commune, en commençant par déléguer des représentants qu’ils chargent de suivre l’opération. Un comité de cinq personnes, appelé «le comité du gaz», prend alors attache avec l’entreprise bénéficiaire du projet pour avoir des explications quant à la lenteur des travaux qui n’arrêtaient pas de s’étirer en longueur. Le diagnostic est vite fait : les finances de l’entreprise ne lui permettent pas de faire face au coût de la main d’œuvre locale, dont le simple manœuvre exige d’être rémunéré entre mille deux cents DA (1 200 DA) et mille cinq cents DA (1 500 DA) la journée. Ne pouvant rémunérer à plus de six cents DA (600 DA) l’ouvrier, l’entreprise se retrouve en déficit en main d’œuvre. Ce qui induit un retard dans l’alimentation du bourg en ce précieux liquide. C’est alors que des bienfaiteurs du village se manifestèrent, proposant de prendre en charge le complément aux six cents dinars offerts par l’entrepreneur. Du coup, nous dit Larbi Ben Kemmoum, un des membres du comité bénévole, «notre comité procède au recrutement des chômeurs du village qui sont, de ce fait, rémunérés en conséquence». Le chantier reprend alors et a atteint rapidement des proportions importantes depuis que le village lui a donné un nouveau souffle. «À ce rythme, on espère que tous les foyers seront prêts pour utiliser le gaz naturel, dès que ‘le jus’ sera lâché», ajoute notre interlocuteur. L’exemple mérite d’être cité pour ce village, dont les bienfaiteurs ont toujours fait parler d’eux.

A.O.T.

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