Site icon La Dépêche de Kabylie

Le lycée Ouddak Arab paralysé

Les professeurs ainsi que l’ensemble des ouvriers du lycée Ouddak Arab de Chemini sont en grève depuis dimanche. En effet, ces enseignants recourent à ce mouvement afin de dénoncer les conditions de travail, très pénibles, dans cet établissement qui a ouvert ses portes depuis trois décennies.

Pour les grévistes, il est inconcevable qu’après des mois du début de la rentrée scolaire, l’établissement n’a pas encore atteint son rythme de croisière, dont une kyrielle carences entache sérieusement cet établissement scolaire. Selon eux, cette situation qui n’a que trop duré affecte sérieusement le bon fonctionnement du lycée, notamment le cursus scolaire des élèves. Il est utile de préciser que cet établissement, inauguré au début des années 90, souffre d’un manque chronique d’encadrement administratif, où deux adjoints d’éducation assurent le suivi de l’ensemble des lycées. «Sur le papier, nous devrions avoir 7 adjoints de l’éducation, mais force est de constater que notre établissement se limite à deux éléments, dont un est en congé de maladie», dixit un enseignant audit lycée. Les anomalies dont souffre ledit lycée sont légion selon les dires des grévistes que nous avons contactés. Pour la troisième année consécutive, les enseignants et élèves dudit lycée sont accueillis dans des conditions peu favorables et moins rassurantes, et ce, en raison du chantier afférent aux travaux de construction d’un nouveau lycée devant remplacer l’ancien, qui ne répond plus aux normes. Un tohu-bohu de matériaux de constructions et d’engins occupe la cour de l’établissement, privant de fait les élèves des moments de détente lors des récréations. Un nouveau bloc administratif est érigé au sein même de la cour, avec tous les désagréments que cela suppose avoir sur le déroulement des cours, devenu un casse-tête pour les élèves et le staff encadreur. Le chantier accuse un retard incommensurable, hypothéquant l’avenir des centaines d’élèves. Les déboires de ce lycée ne s’arrêtent pas uniquement au stade du chantier, car les anciens blocs pédagogiques tombent en ruine. Des murs craquelés à plusieurs endroits, voire des trous géants qui laissent entrevoir des salles d’enseignement presque à nues. L’absence d’une cour laisse perplexe les lycéens contraints de se confinés dans des espaces infinitésimales lors des récréations. Les enseignants et parents d’élèves se plaignent énormément de la décadence qu’affiche leur lycée au fil des années au point de se sentir impuissant devant l’ampleur des dégâts. Cette année encore, la rentrée scolaire s’est illustrée par un démarrage bancal. Un état de fait qui a, maintes fois, fait réagir les parents d’élèves, lesquels avaient procédé à des actions de protestation pour exiger la prise en charge effective des problèmes qui secouent cet établissement scolaire. Cette fois-ci, les enseignants s’estiment être dos au mur, ce qui les a poussés à enclencher cette grève pour dénoncer le malaise dont souffre le personnel et les potaches du lycée Ouddak Arab. «Nous avons soulevé le manque flagrant d’encadrement (adjoints d’éducation),et surtout les anomalies et le travail bâclé de l’entreprise chargée de la réalisation du nouveau lycée dans différents rapports envoyés aux différents organismes concernés comme la direction de l’éducation de Béjaïa, la DLEP et le premier magistrat de la wilaya», nous informe un autre enseignant. «Le nouveau bloc administratif que nous avons réceptionné le mois de janvier est loin d’être conforme, car la peinture part en cloque et l’assainissement laisse à désirer. Quant à l’équipement de la cuisine, ce dernier est vétuste et dépassé par l’usage», enchaine un autre gréviste. «Nous travaillons dans un champ de bataille», martèle un autre collègue de travail. L’autre souci de taille qui inquiète vivement et le personnel encadreur et les potaches, est la présence des déchets d’amiante récupérés suite à la démolition des anciens blocs. Le désamiantage n’a pas eu lieu, car des monticules de cette substance jonchent le sol devant la salle de sport. Il est inadmissible qu’un tel danger ne soit pas pris en considération, d’autant plus qu’il y va de la santé de l’ensemble des personnes y travaillant et étudiant dans ce lycée». Une réunion a eu lieu aujourd’hui en présence des grévistes ainsi que d’une commission dépêchée pour tirer au clair les raisons de la grève entamée le dimanche 3 avril. En effet, cette commission est composée de deux représentants de la wilaya, d’un émissaire de la DLEP et d’un représentant de la SUC de Chemini. Les grévistes ont soulevé les difficultés rencontrées au quotidien exigeant de fait une solution idoine et rapide à leurs desiderata. En tout cas, ce mouvement de grève risque de perdurer dans le temps, parce que cette kyrielle de problèmes soulevée ne peut être résolue avec une baguette magique lorsqu’on connaît les lenteurs administratives avec lesquelles sont traitées de telles situations. Cette grève pourrait avoir une influence sur la scolarité des élèves, sachant que l’examen du Bac aura lieu avant le Ramadhan et par ricochet les programmes devront être «expédiés» avant le quinze mai, pour permettre aux candidats de faire leurs révisions au moins vingt et un jour avant le jour J ou même peut être un mois durant. Aussi bien les grévistes que les parents d’élèves ont tenu à interpeller les premiers responsables de l’éducation au niveau de la wilaya de Bgayet à intervenir dans les plus brefs délais, pour mettre fin à cette situation dont les conséquences ne seront que néfastes pour les élèves.

Bachir Djaider

Quitter la version mobile