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Chabane Ouahioune n’est plus

Vendredi dernier, il a connu l’ultime hommage de son village. Qui pouvait imaginer ne serait-ce qu’une seconde que c’était le dernier.

Chabane Ouahioune, puisque c’est de lui qu’il s’agit, s’est éteint, lundi en fin d’après-midi, à l’âge de 94 ans, chez lui à Tassaft Ouguemoun, ce village qu’il a tant chanté tant peint et tant dépeint. Cette grande figure de la littérature algérienne d’expression française, lecteur de «la colline oubliée», correcteur à la SNED et chroniqueur de talent, s’est introduite en littérature pour ainsi dire par effraction. Il était un avocat, ancien élève de l’école normal de Bouzaréah, instituteur comme son père, mais c’est la littérature qui a pris le dessus. Son écriture est limpide comme l’eau de source, altière comme l’olivier, généreux comme la terre qui l’a vu naître grandir puis donner. Il était effacé humble et simple de la simplicité atavique des hommes de sa région, la Kabylie. De «La maison au bout des champs» à «L’aigle du rocher», son dernier roman, c’est le même style d’inspiration Feraounienne mais aussi de sa montagne qui l’a irrigué jusqu’à la lie, jusqu’à l’ivresse. «Tiferzizouith ou le parfum de la mélisse» est un parfait traité d’écologie dédié au Djurdjura. C’est que Da Chabane était un chasseur émérite et il puisait tant le gibier que les senteurs et autres joyeusetés dont il rempli sa gibecière. Il était amoureux de la nature qui le lui rendait bien. « Toujours dans le sillage originel fureur des épines sous la clarté on a planté des écriteaux à tous les carrefours, Dieu est mis en graffiti ». Mme Goumeziane qui présente ses condoléances à la famille et amis du défunt, a déploré cette « grande perte d’un grand homme de Lettres humble et modeste, qui a marqué de son emprunte la littérature algérienne ». »L’aigle a quitté son rocher et pris son envolée vers son créateur », a-t-elle ajouté non sans émotion. La Maison de la culture Mouloud Mammeri s’apprêtait, hier, à lui rendre un hommage posthume, qu’il aurait aimé voir de ses propres yeux. Mais quoiqu’il en soit, il est parti rejoindre son royaume, celui des aigles royaux. En ce qui nous concerne, nous en gardons, quand même, le souvenir inaltérable du chasseur, de l’écrivain, du chroniqueur et de l’homme qui était, de tout temps, un exemple et voie sans pareil. Adieu Da Chabane. A noter que le défunt sera enterré aujourd’hui, dans son village natal.

Sadek A. H.

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