L’autorégulation de l’exercice du métier de journaliste en lien avec les contextes politique et économique, le journalisme et l’éthique journalistique, le militantisme et l’éthique journalistique, le droit à l’information, les crises de l’exercice médiatique, le rapport militant-presse, tels sont les principaux axes décortiqués au cours d’une rencontre organisée avant-hier vendredi à la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou. Celle-ci a été conjointement animée par Salima Ghezali, journaliste-écrivaine algérienne et membre de l’équipe fondatrice de l’association «Femmes d’Europe et du Maghreb», et M. Boudjemaa Redouane, enseignant à l’école supérieure de journalisme d’Alger. Initiée par la fédération du FFS de Tizi-Ouzou, et placée sous le slogan «Algérie libre ou l’Algérie des libertés de la plume», cette journée se veut un hommage à l’un des opposants démocrates convaincus, Ali Mécili, avocat au barreau de Paris, assassiné de sang froid devant son domicile parisien le 07 avril 1987. Vingt neuf ans après, la vérité n’est toujours pas connue sur ce houleux meurtre. Salima Ghezali a rappelé à l’assistance qu’Ali Mécili «a été assassiné parce qu’il avait tenté de rapprocher les Algériens pour qu’ils puissent travailler ensemble», et construire leur pays après le recouvrement de l’indépendance, tout en soulignant que, de nos jours, on a tendance à dérouter le legs des hommes illustres qu’on stigmatise et auxquels on rend hommage avec des idées toutes autres n’ayant pas de lien avec eux. S’adressant aux militants du FFS, la journaliste rajoute : «Être un fan n’est pas la position de militant». Et pour éviter l’embrigadement de la pensée à l’ère de la concurrence des réseaux multicanaux, elle les conseille de méditer le dernier massage adressé par voie de presse en 2011 par Hocine Aït Ahmed (1926-2016) aux Algériens, les invitant à la reconsidération des liens sociaux en vue d’assoir les mécanismes nécessaires pour relever le défi et sortir le pays de l’impasse, se positionner dignement contre la globalisation massive et enclencher une dynamique de changement pacifique dans le pays, mais aussi échapper à l’embrigadement sous ses multiples formes. Etant consciente de la complexité de ce qui entoure les Algériens, Salima Ghezali conseille de reconstruire à partir de l’individu pour enclencher un processus de changement, tout en laissant entendre, d’autre part, que l’époque des leaders est révolue. M. Boudjemaa Redouane, s’adressant non pas à un public d’étudiants mais à des militants, dira, pour sa part, «que le journaliste a pour mission d’informer. Sa responsabilité doit primer et le respect de la vérité lui, est inhérent». De plus, information, liberté d’expression et critique ne doivent, selon l’orateur, pas être le reflet d’un «monologue qu’exerce le journaliste, mais un monologue entre celui-ci et le lecteur». Par ailleurs, tout en relevant le fossé existant entre l’éthique journalistique et le métier de journaliste, non seulement en Algérie mais à travers le monde, surtout avec la globalisation galopante et la montée en puissance des lobbies de propagande, le conférencier met en garde: «le journaliste doit permettre au public de tout connaître à propos du sujet qui lui est proposé à la lecture». «Il ne doit pas non plus confondre entre information et commentaire», a-t-il rajouté tout en signalant au passage les dérives caractérisant le domaine des médias, la tendance qu’ont certains journalistes à se positionner avec celui-ci ou celui-là pour servir un camp au détriment d’un autre et l’émergence d’un «journalisme à charge» ayant pour mission la désinformation causant la colonisation des têtes.
Dj. Timzouert