C’est tout simplement le chaos à l’EPSP Ouacif. Le conflit qui oppose, depuis des mois, les travailleurs de cet établissement de proximité de la santé publique entre eux, d’une part, et à leur direction, d’une autre part, ne semble pas prendre fin. Bien au contraire, les choses s’entremêlent et se compliquent.
Ni le nouveau directeur désigné ni le directeur de la santé publique de la wilaya de Tizi-Ouzou, ni même le wali ne sont parvenus à résoudre ce problème. Jusqu’ici, la situation catastrophique des huit polycliniques et de la quarantaine d’unités de soins que compte l’EPSP Ouacif a été camouflée grâce à l’abnégation du nouveau personnel non-syndiqué. Les dits travailleurs font tourner les unités en prenant, sur leur dos, le lourd fardeau dont ils ont hérité depuis la grève du personnel affilié à l’UGTA, SAP et SNPSP. Mais cette fois, ils ont en assez et décident d’interpeller le wali, le DSP, le chef de daïra et le maire des Ouadhias avant de passer à la… grève. Si grève il y a, c’est tout bonnement la paralysie de l’EPSP. En effet, dans leur rapport, le personnel non-syndiqué de l’EPSP Ouacif écrit : «Nous avons l’immense regret de porter à votre connaissance la situation critique et intenable qui prévaut au sein de notre EPSP et à la polyclinique des Ouadhias». Les rédacteurs énumèrent plusieurs anomalies, à savoir «l’absence totale de l’administration hiérarchique nous prive d’obtenir des congés, de percevoir nos salaires et engendre aussi un climat d’insécurité». Ils parlent aussi d’entrave à l’approvisionnement en médicament, le manque d’hygiène et les dépassements dont ils font l’objet de la part de certains patients. Plus loin, les rédacteurs demandent aux responsables concernés «de remédier à cette situation sous huitaine, faute de quoi un arrêt de travail sera prononcé». Les représentants des non-syndiqués que nous avons rencontrés ont dit d’une même et unique voix : «Nous ne pouvons plus poursuivre le travail dans les conditions actuelles. La surcharge, l’insécurité les congés, les mauvaises conditions d’hygiène, le non-versement de nos salaires, le manque de produits médicaux et de médicaments ont transformé notre établissement en porcherie. Nous avons résisté et espéré un dénouement rapide et heureux, hélas des mois après, la situation ne fait qu’empirer et ce n’est pas à nous de payer les frais de ce bras de fer engagé entre les syndicats et la direction». Rappelons que l’EPSP Ouacif vit, depuis le mois de septembre dernier, une situation critique et inédite.
Le chaos perdure
Il est tout à fait clair que la situation qui prévaut depuis des années à l’EPSP Ouacif est peu enviable. Les conflits d’intérêt ont toujours marqué cet établissement. Mais la situation a empiré depuis la découverte, en septembre dernier, d’un lot important de produits médicaux non-inventorié et non-déclaré à la polyclinique des Ouadhias. Depuis, le personnel de l’EPSP s’est scindé en deux groupes : le premier affilié à l’UGTA, soutien le directeur, et l’autre groupe affilié au SAP et au SNPSP demandent son départ. Depuis, la DSP a décidé de limoger le directeur, mais le personnel affilié à l’UGTA est monté au créneau en déclenchant une grève illimitée jusqu’au retour de leur directeur. La DSP a fini par réintégrer le dit responsable dans ses fonctions, mais le groupe du SAP et du SNPSP ne l’entendait pas de cet oreille et passe à une grève illimitée pour réclamer de nouveau le départ du directeur et ainsi la DSP et le personnel jouaient au chat et à la souris. On limoge le directeur puis on le réintègre au gré du son de la protestation, un bras de fer qui n’en finit pas. Au 31 mars dernier, l’ancien directeur a été de nouveau mis à l’écart et un nouveau directeur a été affecté mais la situation n’est pas réglée pour autant. Les deux groupes (UGTA et SAP/SNPSP) sont toujours en grève. D’ailleurs, mercredi dernier, le personnel affilié à l’UGTA a organisé un sit-in devant le siège de la DSP et une marche vers le siège de la wilaya. Ils demandent «le départ du nouveau directeur et même celui du DSP qui n’a pas réglé ce conflit depuis plusieurs mois». D’ailleurs, les marcheurs ont scandé les slogans : «DSP Dégage», «Nouveau Directeur dégage», «Nous voulons un directeur compétent et la stabilité de notre EPSP». À présent, même le personnel neutre, composé essentiellement de nouvelles recrues, menace de passer à une grève illimitée si le chaos perdure. C’est dire que les responsables du secteur de la santé et le wali de Tizi-Ouzou sont invités à réagir vite et efficacement sinon la paralysie de l’EPSP Ouacif est à craindre. Rappelons que le DSP, interpellé par les élus de l’APW de Tizi-Ouzou lors de la session ordinaire du 30 et 31 mars sur la situation de l’EPSP Ouacif, s’est engagé à faire le nécessaire pour mettre fin au chao mais il n’en fut rien. La population locale et les patients ont suffisamment patienté mais leur patience a des limites. Rien ne dit qu’un mouvement de protestation généralisé ne soufflera pas sur le secteur de la santé à travers toute la wilaya et mettra pas mal de monde dans une position inconfortable. À en croire certaines sources, l’affaire de l’EPSP Ouacif risque de mettre à nu beaucoup de monde. À bon entendeur !
Hocine T.