“La cour de Béjaïa, sans s’exposer aux feux de la rampe, occupe une place en pôle position concernant les innovation destinées à rendre plus efficient le service public. Elle fait œuvre de pionnier dans l’application de la réforme de la justice”. C’est par ces mots introductif que M. Mohamed Tayeb Laâzizi, procureur général a entamé son tour d’horizon sur l’année judiciaire 2005, les projets ficelés et livrés, ainsi que les perspectives d’avenir.C’est un discours d’une netteté et d’une concision remarquables a bien des égards qui le procureur général a tenu hier devant les représentants de la presse locale. Les chiffres suivants qui ont été avancés par l’orateur témoignent d’un effort soutenu pour assainir la situation et réduire considérablement des délais que l’on a connu autrement plus longs.En matière civile, toutes chambres et tous paliers confondues : 4 663 dossiers reliquat de l’année 2004, 10 188 dossiers 2005, 11 312 dossiers ficelés, restent 3 539 dossiers. Pour le pénal : 3 158 affaires délictuelles 2004, 19 711 affaires inscrites en 2005, 19 129 affaires jugées, restent 3 700.Dans un autre registre, 18 102 casiers judiciaires de type B2 et 81 151 de type B3 ont été délivrés en 2005. Avec l’introduction de l’informatique, il n’y a guère plus d’instances à ce niveau. Qu’ils soient natifs de Béjaïa, de n’importe quelle partie du territoire national ou même de l’étranger, le casier judiciaire est délivré presqu’instantanément. “Cette remarquable avancée, fruit de la réforme reste toutefois une opération délicate qui ne tolère aucune erreur notamment dans la saisie”, remarquera le procureur général. Abordant, le chapitre formation du personnel de justice qu’il qualifie “d’essentiel”, M. laâzizi dira “que le magistrat d’aujourd’hui doit non seulement maîtriser l’outil informatique, mais aussi l’usage des langues étrangères”.La formation qui se décline en termes de continuité est double : interne d’abord sous forme de conférences, une par mois, pour la mise à niveau des connaissances et textes et sous forme de cours d’anglais et d’informatique dans le cadre des conventions avec l’UFC, externe ensuite avec des formations en Belgique et en France.Sur le plan de la modernisation du secteur, outre l’informatisation du casier judiciaire, la cour de Béjaïa est en passe de réussir un pari : l’informatisation du dossier juridique. Le projet qui consiste en l’interconnection de toutes les juridictions nationales à un réseau intranet, avance sur la voie royale. autre révolution à Béjaïa depuis juillet de l’année écoulée : la mise en fonction d’un guichet unique qui centralise toutes les informations. Il est loisible depuis cette date, à tout citoyen, sur simple demande d’accéder à l’information dont il a besoin sans avoir à faire le pied de grue dans les couloirs et attendre qu’on veuille bien le recevoir…Suprême nouveauté, l’introduction de la liberté conditionnelle qui se traite et se décide, sous certaines conditions, au niveau local. Ce qui dépendait auparavant du pouvoir discrétionnaire du ministre, représente un réel espoir pour les détenus. Béjaïa a été parmi les premières à faire bénéficier deux détenus de cette mesure d’élargissement depuis la mi-août 2005. A ce jour, sur 30 dossiers étudiés, il y a 14 libérations et 16 rejets avec toutefois possibilité de recours. 41 autres dossiers sont en voie de formalisation.Avec la réouverture des tribunaux d’Amizour et d’El Kseur, c’est deux projets d’envergure qui ont été finalisés début 2006.D’autres grands travaux sont en voie de lancement. Les tribunaux de Béjaïa et Sidi Aïch bénéficient de fonds importants pour un toilettage en profondeur. De même, le projet nouveau tribunal d’Akbou est lancé depuis décembre 2005. C’est un bel ensemble architectural offrant toutes les commodités nécessaires ainsi que des logements de fonctions.Quant aux projets d’envergure, ils consistent en la construction d’un centre de prévention de 300 places à Akbou et surtout d’un centre de rééducation répondant aux normes internationales d’une capacité de 1000 places à Oued Ghir, sur la route de Toudja. Cette délocalisation réclamée depuis toujours par tous et dont le lancement est imminent, vient à point nommé corriger une situation bancale qui fait que le centre actuel datant du 19e siècle ne répond plus aux normes, du fait même de sa localisation en plein centre de Béjaïa.Le futur centre qui a bénéficié d’une surface de 10 ha sera lancée en 2006.
Mustapha Ramdani