La ministre de l’Éducation nationale, Mme Nouria Benghebrit, a, encore une fois, appelé les enseignants contractuels et vacataires qui poursuivent leur grève de la faim à Boudouaou à rejoindre leurs postes de travail, et à renoncer à leur mouvement de protestation qui entre dans sa troisième semaine.
En marge de l’ouverture du séminaire sur les mathématiques organisé en coordination avec le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, la ministre a réitéré son appel à la sagesse aux enseignants contractuels, les exhortant à réintégrer leurs postes de travail et à participer au concours de recrutement qui aura lieu le 30 avril prochain et dont le délai expire aujourd’hui. «Aux enseignants contractuels contestataires, je lance un appel à la sagesse. Vous avez toutes les compétences et les chances de réussir à l’examen de recrutement», a-t-elle souligné. La ministre qui se voulait rassurante a souligné que «grâce aux contrats que vous avez obtenus, et à l’expérience que vous avez cumulée, vous êtes mieux préparés que les autres candidats». La ministre de tutelle a tenu à expliquer dans ce sens, que la Fonction publique en Algérie, comme partout dans les pays du monde, «exige de passer par un concours de recrutement, y compris pour les petites fonctions». «Il ne faut pas piétiner les lois», a-t-elle lancé en s’adressant aux enseignants contractuels, tout en indiquant que l’épreuve n’a pas été conçue spécialement pour eux ou pour une autre catégorie, mais elle obéit à la nécessité d’assurer l’égalité des chances à tous les futurs fonctionnaires. Mme Benghebrit a, en outre, attribué son rejet à ce qui se passe dans la rue «par respect à cette profession mais également par rapport à l’aspect humain». Par ailleurs, la première responsable du secteur n’a pas omis de rappeler que «l’Etat algérien a consenti un grand effort en accédant aux revendications de cette catégorie».
Les enseignants contractuels poursuivent leur action
L’appel trouvera t-il échos auprés des protestataires ? pas si sûr, puisque ces derniers semblent à continuer leur mouvement . Nonobstant la dégradation de leur état de santé les enseignants contractuels ne baissent pas les bras. Bien au contraire, ces protestataires se disent plus que jamais déterminés à poursuivre leur action jusqu’à satisfaction de leurs revendications. «Les enseignants contractuels grévistes de la faim commencent à s’affaiblir», nous a signifié le porte-parole du CLA. «Trois enseignants ont été évacués hier en urgence vers l’hôpital», a-t-il déploré. Pour sa part, le représentant des enseignants contractuels a salué l’élan de solidarité émanant des quatre syndicats de l’éducation qui ont observé hier un arrêt de travail en signe de soutien à leurs collègues. Alors que la ministre affirme que les portes de dialogue sont ouvertes pour trouver un terrain d’entente aux préoccupations de cette catégorie de travailleurs, M. Bachir Saidi a indiqué que les enseignants contractuels ne veulent plus négocier avec la ministre de tutelle. «Nous attendons une décision politique du président de la république ou du Premier ministre», a-t-il rappelé.
Plusieurs rassemblements en guise de soutien
Par ailleurs, et en guise de solidarité avec les enseignants contractuels qui bouclent leur dixième jour de grève, le Conseil des lycées d’Algérie (CLA), le Conseil national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (CNAPESTE), le syndicat national des travailleurs de l’éducation (SNTE) et le syndicat national autonome des personnels de l’administration publique, ont observé hier un arrêt de travail. D’ailleurs, plusieurs établissements scolaires ont été paralysés. C’est du moins ce que nous avons constaté hier, lors d’une virée effectuée dans plusieurs quartiers de l’algérois. Les enseignants ont été nombreux, en effet, à répondre à l’appel des quatre syndicats du secteur. En plus de cette journée de protestation, plusieurs rassemblements de protestation ont été observés, hier matin, devant les directions de l’éducation à travers tout le territoire national. Selon les premières estimations des initiateurs de cette action, le taux de suivi du débrayage varie entre 60 et 70% à l’échelle nationale. Le porte-parole du CLA s’est félicité de la forte mobilisation des enseignants qui ont répondu favorablement à l’appel de leur base. Selon lui, le CLA convoquera son conseil national, après-demain samedi, pour évaluer la situation des lieux et réfléchir à la suite à donner à ce mouvement de protestation. Pour sa part, la présidente de la fédération nationale du secteur de l’éducation, affilié au SNAPAP, a affirmé que le mot d’ordre de la grève lancée par les quatre syndicats du secteur a été massivement suivi. Mme. Meriem Maarouf a évalué le taux de suivi à cette action à 95%. De son côté le chargé de communication du SNTE déclare que les enseignants ont été nombreux à prendre part à cette action de contestation. Ces derniers ont été également nombreux à participer aux rassemblements de protestation qui ont eu lieu hier devant les directions de l’éducation à l’échelle nationale.
L.O.Challal