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Ali Douidi, un instituteur aux allures de «Fouroulou»

Hier dans l’après-midi, notre confrère Douidi Ali a été l’invité du café littéraire qu’anime cycliquement la Maison de la culture Ali Zamoum de Bouira. C’est devant un public modeste mais attentif que l’hôte du café littéraire présente son œuvre, «Les jumelles», une pièce de théâtre mettant en scène «deux sœurs, deux jumelles qui passent leur temps à chanter et à danser dans un décor de rêve : une oasis au cœur du Sahara algérien. Elles ont reçu toutes les grâces, comme dit l’une d’elles dans un poème. Et puis un jour, c’est le cauchemar… Cheikh Hassan, le chef d’une bande de pillards qui fait la loi dans la région, tente d’enlever l’une d’elles… C’est la guerre entre le demi-frère Noureddine et ce grand bandit… Les jumelles vont unir leurs efforts aux siens pour l’abattre…» Deux bonnes heures durant, Douid Ali a réussi à captiver l’assistance et surtout à la faire sortir de l’ornière de l’inculture. Le conférencier nous servira du Balzac, du Racine, du Flaubert… et tant d’autres écrivains écimés par une école rabougrie dans sa faillite. Ces faiseurs de l’Universel étaient, depuis sa scolarité ses confidents, les seuls amis avec qui il se permet d’extrapoler, de donner libre court à sa sensibilité littéraire, une sensibilité en déphasage avec la société paysanne qui l’a vu naître, grandir et devenir instituteur, au moment où il faisant encore bon vivre à l’école algérienne. L’instituteur aux allures d’un Fouroulou mettra tout son cœur et puisera dans toute sa générosité pour transmettre l’amour du livre à ses élèves. Il sera rattrapé par l’horreur de la décennie noire. Mais il ne lâche pas le livre, son compagnon de toujours. L’horreur n’aura pas raison de lui. À sa manière, il lui résiste, il la nargue : on retrouvera ammi Ali, comme un mesmar j’ha, en face du siège de l’APC étalant des bouquins vieillis à qui veut bien s’en alimenter. Au début des années 2000, Ali Douidi intégrera le petit groupe de correspondants de presse de Bouira. Il découvre une autre écriture, une autre passion qu’il assure sans se départir de sa sensibilité littéraire. Et l’écriture ? «Jumelles» est sa première publication. C’est par un concours d’un hasard, explique-il, que l’œuvre théâtrale a vu le jour. Au départ, il s’agissait d’une nouvelle qu’il avait montrée à un homme de théâtre. Ce dernier lui dit qu’il la voyait bien sur les planches. Seulement, Douidi n’avait aucune idée de l’écriture théâtrale. Il fouine, demander conseil et finit par «cerner cette nouvelle écriture». «Cela a été un amusement pour moi», expliquai-il, avant que sa modestie n’affirme qu’il n’avait aucune prétention d’écrivain. Ceci étant, l’auteur de «Jumelles» garde bien au chaud des manuscrits de romans, de nouvelles et de poésie. Nous pensons aussi qu’il a bouclé dans la douleur peut être, ce roman qui traite du monde de la presse, de l’ingratitude des éditeurs et de la misère que subit le correspondant. Sa modestie le retient à présenter ces manuscrits à un éditeur. Espérant que «Jumelles» en sera le déclic.

S.O.A

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