Ath Maâmar se souvient

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Le comité de village d'Ath Maâmar, dans le douar de Boumahni, en collaboration avec l'ONM locale et l'Onec, a commémoré, avant-hier, le 59e anniversaire de la démolition de leur village par l'aviation française, les 11 et 12 Avril 1957.

En effet, la journée a été bien riche en activités. Dès le matin, il y eut un rassemblement devant la stèle dédiée aux 38 martyrs du village suivi d’une minute de silence à leur mémoire et à celle de tous les martyrs de la révolution en présence d’anciens moudjahidine encore en vie. La parole fut, ensuite, donnée non seulement aux moudjahidines mais aussi aux civils présents lors de l’évacuation, puis du bombardement. «C’était pour se venger. Les militaires du camp de Taourirth étaient acharnés contre les populations parce que les moudjahidines, à leur tête Slimani Moh Ouslimane, avaient tendu une embuscade au capitaine Moreau. C’était alors ce groupe qui exécuta ce dernier. Alors, les responsables donnèrent l’ordre à leurs sbires de détruire notre village. Je me souviens comme cela datait d’aujourd’hui, nous prîmes quelques effets vestimentaires, quelques figues sèches et nous fuîmes en direction de Maâtkas où des parents nous hébergèrent. Alors que d’autres refusèrent toute hospitalité aux habitants d’Ath Maâmar qui se présentèrent chez eux de peur des représailles des militaires français. Des dizaines d’avions survolèrent notre village et le rasèrent. C’était un grand sinistre», dira un témoin de cette géhenne. Et à un autre de lui emboîter le pas: «notre village était engagé dans le lutte armée. Sur les deux cents âmes qu’il comptait, plus de soixante-dix hommes étaient dans les rangs de l’ALN. Les militaires essayèrent de nous enrôler, mais sans résultat. Et dès qu’ils reconnurent que nous étions indomptables, les représailles pesèrent sur nous au quotidien. Notre village se souviendra de ces bombardements pour longtemps, c’est pourquoi nous marquons chaque année cette halte pour que nos jeunes ne perdent pas ces deux dates». Pour M. Mammeri Mohamed dit Mouh Oukaci, le village d’Ath Maâmar était un exemple dans la lutte pour le recouvrement de l’indépendance, aujourd’hui, c’est un exemple en matière de discipline, d’union et de fraternité dans l’intérêt du village. En plus de l’exposition de photos et d’articles de presse, il y eut aussi d’autres activités. On citera la chorale ayant entonné des chants patriotiques devant un public nombreux sur la place du village suivie de la troupe de danse Tiwizi. Dans l’après-midi, juste après la prière du vendredi, le public a eu droit à une pièce théâtrale en relation avec cet événement. Mais, c’est un peu avant dans la soirée que cette place a été enflammée par une pléiade de chanteurs, en l’occurrence Said Ouali, Malik Kezoui, Sahel Abdelhak et des chanteurs du village. En tout cas, les jeunes du village ont dansé et chanté au rythme de la musique sans pour autant tomber dans l’amnésie, car les images qu’ils reçurent de leurs aînés hantent leur mémoire. Certes, cette journée a été célébrée dans la joie, mais les villageois, notamment les plus âgés, ne comptent pas oublier les affres de la guerre et les humiliations auxquelles ils étaient soumis durant cette époque. Aujourd’hui, Ath Maâmar est sur la voie du développement. En plus d’une école primaire, le village a bénéficié de gaz naturel qui ne tardera pas à être mis en service, de l’eau potable, d’une route et d’autres opérations. Cependant, personne ne peut nier les efforts du comité de village qui réalise des opérations et surtout la construction d’une maison de jeunes grâce aux aides des habitants et notamment de la diaspora de ce village installée à l’étranger. Ath Maâmar restera un exemple pour les autres, quand on voit cette volonté qui anime ses habitants afin de l’élever à un haut niveau, à la grandeur de ses martyrs et de ses moudjahidines. «Nous travaillons ensemble main dans la main pour donner l’exemple et pour honorer nos vaillants martyrs. Gloire à nos martyrs et vive l’Algérie», dira un autre membre du comité de village.

Amar Ouramdane

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